Adieu, Père Daloz

Mgr Lucien Daloz est mort le 31 juillet dernier. Ancien archevêque de Besançon, il avait présidé Justice et Paix de décembre 1999 à novembre 2003.

Cette mort attriste tous ceux qui, à Justice et Paix, ont collaboré avec lui. Ils gardent le souvenir d’un homme souriant, chaleureux, profondément bienveillant, qui savait faire confiance.

Un homme courageux aussi. Dès qu’il s’agissait d’enjeux importants pour la paix et la justice, il n’hésitait pas à s’engager publiquement. Je ne pense pas ici à son opposition à la guerre américaine en Irak, puisqu’il était sur ce point en accord total avec l’opinion française et avec le pape. Mais il était moins consensuel quand, en 2002, dans le livre Asile en France, état d’urgence, il cosignait avec ses confrères Brunin et de Berranger une lucide protestation contre la dégradation du droit d’asile dans notre pays. Plus courageuse encore fut la lettre ouverte qu’il adressa au président Chirac, en janvier 2001, exprimant en termes mesurés, mais fermes, le souhait que la France cesse de soutenir en Afrique des gouvernements corrompus bafouant les droits de l’homme et s’engage plus efficacement en faveur d’une stricte régulation des transferts d’armement et d’une forte  réduction de la dette des pays les plus pauvres. Publiée dans La Croix, cette lettre eut un certain retentissement, et on sait que cela déplut à l’Elysée, à la veille du sommet France-Afrique.

Celui que nous appelions familièrement « le père Daloz » avait choisi comme titre de son dernier éditorial  de la Lettre de Justice et Paix une formule qui exprimait une de ses convictions profondes : « La justice et la paix, essentielles pour les chrétiens ». Pour lui, l’engagement pour la justice et paix n’était pas réservé aux membres de la commission qu’il aimait présider, mais constituait un impératif pour quiconque veut vivre selon l’Evangile.