Pakistan : les droits de l’Homme bafoués

La Commission nationale Justice et Paix, un organisme de l’Église catholique, demande au gouvernement du Pakistan de prendre des mesures fortes pour protéger les églises et les minorités religieuses et condamner fermement les attaques du 15 mars 2015 contre deux églises à Youhanabad près de Lahore.

Pendant les offices du dimanche, deux explosions ont eu lieu dans cette importante localité chrétienne, comptant un million d’habitants. Il y a eu 15 morts et 70 blessés. La communauté chrétienne du Pakistan a été la cible d’extrémistes au cours des dernières années. Ces deux églises ont été menacées à maintes reprises et leur protection policière était faible ; de plus, les quelques policiers présents étaient occupés à regarder un match de cricket à la télévision (une occupation importante au Pakistan). Le groupe taliban TTP- Jamatul Ahrar revendique la responsabilité des attaques.
Le Directeur national de Justice et Paix, le père Emmanuel Yousaf Mani, déclare que le TTP a assassiné de nombreux chrétiens. « En tant que nation, nous devons rester proches des familles des victimes et mettre fin à l’extrémisme; cet abus de la religion comme prétexte pour tuer la minorité doit être stoppé»

Mgr Joseph Coutts, de Karachi, président de la Conférence des évêques catholiques, exhorte le gouvernement à «prendre des mesures fortes pour la protection des églises et des minorités religieuses au Pakistan. Le gouvernement, les partis politiques, les chefs religieux et tous les citoyens du Pakistan (doivent) tenir ferme contre les forces extrémistes, avec leurs frères et sœurs chrétiens. (…) Toute la nation doit se donner la main et se présenter unie contre le terrorisme. (…) Le gouvernement doit prendre des mesures efficaces pour assurer la liberté de religion et de croyance. »

Les droits de l’Homme sont aussi menacés par les autorités qui appliquent à nouveau la peine de mort.
L’exécution collective de 12 personnes le mardi 17 mars 2015, met en lumière les conséquences de la décision du gouvernement de reprendre les exécutions pour tous les condamnés à mort, a déclaré Amnesty International le jour même.

« Les 12 hommes ont été pendus dans plusieurs prisons du pays. Ils avaient notamment été déclarés coupables de terrorisme ou de meurtre. Depuis qu’un moratoire sur les exécutions a été levé en décembre 2014, suite à l’attentat contre l’école pour enfants de militaires à Peshawar qui fit 135 morts, le Pakistan a mis à mort 39 personnes.
La semaine précédente, le gouvernement pakistanais a confirmé un changement de sa politique relative à la peine de mort, en annonçant que les exécutions allaient reprendre pour tous les crimes punis de la peine de mort, et pas uniquement pour les prisonniers reconnus coupables d’actes de terrorisme. (…) Le droit international interdit clairement le recours à la peine de mort pour les personnes âgées de moins de 18 ans au moment des faits. »

Des milliers de prisonniers se trouvent dans le quartier des condamnés à mort et la plupart ont épuisé leurs voies de recours.
« La peine de mort est toujours une violation des droits humains, mais les doutes qui pèsent sur l’équité des procès au sein du système judiciaire pakistanais rendent son application dans ce pays encore plus choquante. »