Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

Télécharger la Lettre n°304 septembre 2024  (PDF)   

Les pandémies ont eu un fort retentissement au cours de l’histoire. La pandémie actuelle de Covid-19 met en relief la vulnérabilité du monde actuel, sur les plans physique, social et spirituel. Elle met à nu ses inégalités foncières dans les secteurs suivants : égalité des chances, biens matériels, soins de santé, technologie, éducation.

Notre monde est hyper-connecté mais dépourvu de solidarité ; c’est un monde fragmenté non fraternel. L’encyclique Fratelli Tutti, récemment publiée par le pape François (3 octobre 2020) pendant la pandémie, et qui s’adresse à tous les hommes et toutes les femmes de la planète, quelles que soient leurs convictions religieuses, est une prescription contre toutes sortes de maux qui affligent le monde actuel : pauvreté, terrorisme, inégalités sociales, insécurité, respect insuffisant des droits de l’homme, atteintes à l’information.

Le remède est double, à la lumière de la foi :

– la fraternité humaine universelle et l’amitié sociale, toutes deux émanant de l’amour, doivent être largement partagées, devenir « contagieuses »,

– l’espérance doit être « mondialisée ».

L’importance de Fratelli Tutti tient au fait qu’elle est étroitement liée au Document sur la Fraternité Humaine, signé à Abou Dhabi, avant la pandémie, par le pape François et par le grand Imam d’Al-Azhar, le Cheikh Ahmad Al-Tayyeb, document qui marque un tournant dans la coexistence entre chrétiens et musulmans.

En effet, Fratelli Tutti a trouvé un écho favorable auprès des autorités musulmanes, fait unique dans l’histoire des encycliques papales. Le secrétaire général du Comité Supérieur de la Fraternité Humaine – fondé après la signature du document d’Abou Dhabi afin de promouvoir activement sa mise en œuvre – a été le premier musulman à se voir accorder le privilège de présenter Fratelli Tutti à la Cité du Vatican, en même temps que quatre participants catholiques, conformément au souhait du Pape François lui-même.

A cette occasion, le secrétaire général a déclaré : « Je partage les vues du Pape et je suis d’accord avec chaque mot qu’il a écrit dans l’encyclique. » Il a encouragé les fidèles des deux religions à « se soutenir mutuellement sur le chemin de la fraternité, de la connaissance réciproque et de la collaboration » et a conclu que les efforts du pape et du grand imam en faveur de la fraternité mondiale « constituent un tournant dans le monde arabe et musulman et apportent un rayon de lumière au monde entier. »

Cet accueil étonnamment positif de Fratelli Tutti chez les musulmans est une percée décisive dans la coexistence entre chrétiens et les musulmans.

Ces éléments de réflexion se terminent par cinq passages extraits de l’encyclique, ainsi que d’une récente catéchèse du pape François, qui constituent des pistes en vue d’un dialogue islamo-chrétien harmonieux et solidaire :

  • L’amour doit devenir contagieux et générer des « structures de vertu» sociales (par contraste avec les « structures de péché ») dans le domaine islamo-chrétien.
  • Une politique de qualité dans ce domaine est en effet possible, enracinée dans des principes éthiques et nourrie d’ « amour politique et social».
  • L’amour, au sens de la dignité humaine, est la pierre angulaire de la fraternité et de l’amitié sociale, thèmes centraux de Fratelli Tutti.
  • Un itinéraire de paix durable et fructueux entre le christianisme et l’islam est parfaitement possible, si le point de départ est la manière dont Dieu voit les choses.
  • Le fondement ultime de la fraternité est la vérité transcendante. Sans cette vérité, il n’existe aucun principe sûr pour garantir des relations justes entre les peuples et entre les religions. C’est la raison pour laquelle les religions doivent contribuer à bâtir la fraternité, à condition que le droit à la liberté de conscience et à la liberté de culte soit inviolable.

 

Ex-Consultor, Commission for Religious Relations with Muslims (CRRM) of the Pontifical Council for Interreligious Dialogue (PCID). The Holy See, Vatican City

 

Télécharger le texte intégral

427 milliards de dollars.

L’évasion fiscale dans le monde, de la part d’entreprises ou de particuliers, coûte chaque année 427 milliards de dollars aux Etats, au profit de paradis fiscaux ou de pays peu regardants, révèle vendredi 20 novembre l’organisation non gouvernementale (ONG) Tax Justice Network. L’ONG a passé au crible l’évasion fiscale pays par pays dans un rapport qu’elle présente comme le premier du genre et qui tente d’éclairer des flux financiers réputés pour leur opacité.

Le journal Le Monde avec l’AFP se font l’écho de ce rapport. ici