Recevoir le Concile Vatican II
Nous célébrons cette année le 50ème anniversaire de l’ouverture du Concile Vatican II : non par nostalgie, mais pour faire mémoire d’un événement qui a marqué et qui marque profondément le temps que nous vivons.
Nous voici donc conviés à relire ces cinquante années pour enraciner dans notre présent ce message toujours neuf, qui demeure « notre boussole » pour faire route avec toute l’humanité.
C’est en lien étroit avec le Concile que Paul VI publiait, le jour de Pâques 1967, l’encyclique Populorum progressio. Elle est comme la réponse à l’appel exprimé par la Constitution conciliaire Gaudium et Spes contre l’état de misère et de sous-développement dans lequel vivent des millions d’êtres humains. Certaines expressions ont fait leur chemin : « le développement est le nouveau nom de la paix », « la question sociale est aujourd’hui mondiale ».
En créant dans le même élan le Conseil pontifical Justice et Paix, il entendait adresser « un appel solennel à une action concertée pour le développement intégral de l’homme et le développement solidaire de l’humanité » (n.5). C’est encore au même moment que Paul VI instituait le 1er janvier Journée mondiale de la paix, dont la préparation fut justement confiée à Justice et Paix. Une impulsion nouvelle était donnée, qui a éveillé les consciences et mobilisé les énergies, élan encouragé et soutenu par les ² encycliques sociales de Jean-Paul II et Caritas in veritate de Benoît XVI.
Le premier but de ce Conseil, – et donc, par le fait même des antennes créées par les conférences épiscopales -, est d’approfondir, de diffuser et de mettre en pratique la doctrine sociale de l’Église. Les publications sont abondantes, sur des sujets aussi cruciaux que l’endettement international, le commerce des armes, la financiarisation des activités économiques, les droits de l’Homme, l’environnement, sans oublier la dernière note, en octobre 2011, « Pour une réforme du système financier et monétaire international ».La liste serait longue. Ce ne sont pas simplement des textes : ils sont en effet le fruit de collaborations multiples et de liens tissés avec des organismes internationaux. L’Église prend part ainsi aux débats qui concernent la vie et l’avenir de l’humanité ; elle est présente et active sur les fractures de notre monde. Il faut lire le livre du cardinal Roger Etchegaray, au titre suggestif : « J’ai senti battre le cœur du monde ». On est impressionné par le nombre des missions qui lui ont été confiées, sur tous les continents, pour promouvoir la paix et la réconciliation : les Balkans, l’Amérique latine, le Rwanda, l’Irak,…
Eveiller et réveiller les consciences, exercer une mission de vigilance, « éduquer à la justice et à la paix » (Message de Benoît XVI, 1er janvier 2012), agir pour qu’adviennent « les cieux nouveaux et la nouvelle terre où la justice habitera » : c’est l’une des façons de « recevoir » le Concile dans l’aujourd’hui de notre histoire.
« Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » (Ps 84,11)
REPÈRES
Dès 1971 Paul VI écrivait au Cardinal Maurice Roy, président du conseil des laïcs et de usticeet Paix:
« De partout monte une aspiration à plus de justice et s’élève le désir d’une paix mieux assurée dans un respect mutuel entre les hommes et entre les peuples.. …
Dans les mutations actuelles, si profondes et si rapides, chaque jour l’homme se découvre nouveau, et il s’interroge sur le sens de son être propre et de sa survie collective… Il a besoin d’éclairer son avenir, par des vérités permanentes…
Jamais, à aucune autre époque, l’appel à l’imagination sociale n’a été aussi explicite. Il y faut consacrer des efforts d’invention aussi importants que ceux qui sont investis pour l’armement ou pour les performances technologiques. Si l’homme se laisse déborder et ne prévoit pas à temps l’émergence des nouvelles questions sociales, celles-ci deviendront trop graves pour qu’une solution pacifique puisse être espérée. » (Lettre apostolique au cardinal Roy, 7,18).