Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Timor-Leste et Singapour

Du 3 au 13 septembre, pour son 45e voyage dans le monde, le pape François se rend dans la région qui unit l’Asie à l’Océanie : Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Timor-Leste et Singapour. Cette zone est un lien entre deux mondes, le malais et le mélanésien. Sur un plan religieux, le monde malais présente une dominante musulmane, même si l’hindouisme, le bouddhisme et le christianisme y sont présents, et le monde mélanésien présente une dominante chrétienne. L’Indonésie est le premier pays musulman au monde, mais à son indépendance en 1949, les fondateurs ont voulu reconnaître dans la Constitution les 5 préceptes qui doivent guider toute vie humaine (le Pancasila) et qui mettent toutes les religions qui s’y reconnaissent sur un pied d’égalité. Malheureusement, sous l’influence wahabite, l’islam indonésien s’est en partie radicalisé, conduisant les minorités à se replier sur elles-mêmes et à se faire discrètes.

Au rejet ou à la mise à l’écart des « non-croyants » (musulmans) s’ajoute une discrimination ethnique. Les mélanésiens, qui sont la population originelle de la Papouasie Occidentale, sont considérés comme des sous-hommes et des non-croyants, ce qui les place tout en bas de l’échelle sociale. En 1963, l’Indonésie a conquis cette ultime colonie hollandaise dans la région, 14 ans après son indépendance. L’île de Nouvelle Guinée avait été divisée par les puissances coloniales en deux, néerlandaise à l’ouest et anglaise à l’est. Alors que la Papouasie Nouvelle Guinée a proclamé son indépendance, sa « moitié » a été recolonisée par l’Indonésie.

Depuis, et loin des radars de la communauté internationale, les Papous de cette région mènent une bataille contre le pouvoir indonésien qui ne compte pas lâcher ces provinces de sitôt. Elles regorgent de richesses et représentent près d’un quart du territoire indonésien. Les victimes papoues se comptent ainsi en centaines de milliers. Par ailleurs, les politiques indonésiennes de colonisation et d’acculturation poussent les indépendantistes à parler aujourd’hui de « génocide lent » et d’« écocide », avec, au bout du compte, la disparition de leur peuple et de leur culture.

Le pape François, lors de son séjour en Papouasie-Nouvelle-Guinée, se rendra à Vanimo, localité siège d’un diocèse au nord de l’île, à la frontière avec la Papouasie occidentale. Les Papous espèrent du Saint Père des paroles de dénonciation des violations de leurs droits et d’encouragement à rester eux-mêmes, puisant l’espérance d’un avenir meilleur dans leur foi chrétienne et dans leur résistance à la déculturation forcée.