Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

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En se mobilisant plus que d’habitude, les français ont élu leurs députés pour une nouvelle législature. Le résultat est celui d’une France divisée, dont les partis centristes jusqu’alors au pouvoir ont résisté, face à des extrêmes qui se sont renforcés. Aucun d’entre eux n’a la majorité. Des alliances devront être trouvées pour gouverner, rassembler, reconstruire ce qui a été détruit, retrouver la confiance. L’exercice qui commence va être difficile à réaliser et demande de la part de tous les partis et de tous les élus une vraie volonté de recherche du bien commun dans la plus grande harmonie possible.

Cela est-il possible dans une société où les divisions et les anathèmes ont pris le dessus ? Quelles forces spirituelles aller chercher ? Quel sens de l’unité les élus, de quelque bord qu’ils soient, peuvent-ils / veulent-ils promouvoir ? Sont-ils en mesure de dépasser leurs intérêts personnels et de parti ? Ce qui n’a pas pu se faire dans une campagne trop courte peut-il se réaliser demain ? Il faut un peu d’utopie pour animer l’espérance.

Comme l’ont écrit avant les élections les évêques des Hauts de France, plus les temps sont troublés, plus nous avons besoin de sagesse, une sagesse politique ancrée courageusement dans la tradition humaniste, la fidélité au service du bien commun, l’attention aux plus petits, l’humilité de l’écoute et la solidarité universelle.

A Justice et Paix, nous resterons vigilants sur les développements qui vont suivre, pour que soient promus la dignité et les droits humains, le respect des étrangers, la construction de l’Europe, la justice sociale et environnementale, le soutien à l’Ukraine et aux initiatives de paix dans le monde, le refus des communautarismes excluants, la sagesse dans les évolutions nécessaires que devra porter le nouveau gouvernement.

 

Trois semaines après la décision incompréhensible du président Macron, et même avec une surprise de taille, le résultat est là : il n’y a pas de majorité véritable à l’Assemblée. Bien sûr d’ici quelques jours nous aurons un gouvernement, mais celui-ci risque d’avoir une durée de vie limitée et

Comment parler du vote des catholiques, tant la définition sociologique du catholique est complexe ? Dans les sondages d’opinion, on distingue le catholique qui se définit comme tel mais ne « pratique » pas, le catholique pratiquant occasionnel et le catholique pratiquant régulier (qui va au moins une fois à la messe par mois et ne représente qu’un petit échantillon du panel étudié). Les catholiques, au sens général, votent depuis longtemps majoritairement pour les droites de gouvernement. Mais depuis 2022, chez les catholiques pratiquants qui faisaient jusque là barrage à l’extrême-droite, la résistance se fait moindre.

La tendance s’est confirmée lors des dernières élections européennes. Selon un sondage IFOP pour la Croix, 31,4 % des catholiques ont voté pour Jordan Bardella et 5,5 % pour Marion Maréchal. Toutefois l’image est bien plus contrastée, si l’on analyse le vote des pratiquants réguliers : 18 % ont voté pour le RN, 10 % pour Reconquête, tandis que 16 % ont voté pour les Républicains, 10 % pour Renaissance, 11 % pour le PS et 9 % pour LFI. On assiste à « une archipélisation du vote catholique », analyse Jérôme Fourquet directeur opinion et stratégie de l’IFOP. Certains électeurs catholiques se déterminent d’abord en faveur de la défense de la famille, du respect de la vie et s’inquiètent de l’immigration, de l’islam ; pour les autres, l’accueil de l’étranger, l’attention aux plus pauvres, le soin de la planète sont les valeurs qui orientent leur choix.

Des personnalités, des mouvements catholiques se sont exprimés tout au long de la campagne pour dire non à l’extrême-droite, ou pour dénoncer les extrêmes, les partis qui divisent et flattent les communautarismes. Les évêques français qui, depuis longtemps, ne donnent plus de consigne de vote, se projetant au lendemain du second tour des législatives, ont invité les chrétiens « à se garder de la violence, à veiller à ne pas diffuser la colère et la haine, (…) à lutter pour la justice par les moyens de la vérité et de la fraternité ». On peut y ajouter l’indispensable vigilance pour que soit respectés la dignité et les droits de chaque citoyen.