Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

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Face aux résultats troublants de la COP28, que doivent faire les communautés de croyants qui sont fortement inquiètes du changement climatique et de la Terre de Dieu ?

D’aucuns peuvent considérer les résultats de la COP28 à Dubaï comme un succès. Le fait que l’on mentionne dans la déclaration finale les combustibles fossiles dans ce pays riche en pétrole qui fait partie d’un bloc qui a toujours l’intention d’intensifier l’exploration pétrolière et gazière peut sembler presque miraculeux. Il faut regarder au-delà des titres des médias pour comprendre que le seul succès ici est celui de ceux qui souhaitent retarder la lutte contre les causes profondes de la crise climatique. Les plus grands perdants sont les petites îles qui risquent de ne plus exister très longtemps en raison de la montée des eaux dans le Pacifique.

La nécessité d’éliminer les combustibles fossiles n’était cependant pas absente de la COP. Elle a occupé une place prépondérante dans les discussions au Pavillon de la Foi – un grand espace où les groupes confessionnels se sont réunis pour discuter d’actions réelles et significatives visant à s’attaquer aux causes et aux impacts du changement climatique. Elle était présente dans les déclarations courageuses du pape François, qui a appelé à « l’élimination des combustibles fossiles ». Elle s’est reflétée dans la déclaration de plus de 2 000 dirigeants du monde politique, des affaires, de la société civile et des religions qui ont appelé à une « élimination progressive, juste et équitable, des combustibles fossiles ». Elle se reflète également dans le projet d’un nouveau traité sur les combustibles fossiles sur le modèle du protocole de Montréal qui a éliminé avec succès les chlorofluorocarbones ou du traité sur les mines terrestres. Le génie des combustibles fossiles est maintenant sorti de la bouteille et il est essentiel que toutes les religions soutiennent les efforts visant à accroître la pression après la COP.

Le résultat officiel de la COP28 n’a pas suffisamment abordé cette question, même si, pour la première fois, « l’élimination progressive des combustibles fossiles » est nommée directement. Les partisans d’une action vigoureuse en faveur du climat doivent à présent saisir cette victoire – aussi minime soit-elle – et la mettre à profit pour créer une dynamique. Nous avons peut-être l’impression de nous raccrocher à une paille, mais franchement, il n’y a rien d’autre à quoi s’accrocher en ce moment en termes de cadre politique mondial sur le climat. Je pense que les religions peuvent jouer un rôle de premier plan en essayant de galvaniser l’action à plusieurs niveaux, là où les gouvernements ont échoué.

En tant que religions, nous devons nous rassembler maintenant dans le même esprit qu’au Pavillon de la Foi de la COP28 partout sur la planète et soutenir des actions clés pour accélérer la lutte contre les causes profondes du changement climatique. Cela commence par un processus d’écoute et d’engagement à la base, par des actions de sensibilisation et d’éducation au changement climatique partout. Cela signifie qu’il faut s’unir pour s’attaquer à nos propres émissions et collaborer aux efforts visant à passer à l’énergie renouvelable.

Après cette COP, je proposerais deux autres actions clés qui sont nécessaires. La première consiste à examiner sérieusement nos investissements et à signaler que nous voulons changer notre façon d’effectuer nos opérations bancaires et nos investissements. Les banques et les sociétés d’investissement sont le moteur de l’industrie fossile et, après cette COP, l’avenir des combustibles fossiles suscitera de la nervosité. Les croyants sont des investisseurs et des clients qui s’appuient sur des valeurs importantes. En investissant en accord avec nos valeurs, nous pouvons être catalyseurs d’un changement plus large dans la manière dont nous investissons dans un avenir durable. L’autre chose que tous les groupes confessionnels peuvent faire est de soutenir la campagne mondiale en faveur d’un traité sur les combustibles fossiles. Puisqu’il est difficile d’obtenir que ces questions soient abordées de manière significative dans les négociations des Nations Unies sur le climat, le moment est venu d’adopter une nouvelle approche visant à concentrer l’attention sur la cause principale des émissions. Et le poids des religions pourrait contribuer à galvaniser l’élan pour y parvenir.

(1) Lorna Gold – www.faithinvest.org/training

Dans son message pour la Journée Mondiale de la Paix du 1er janvier, le pape François attire notre attention sur les risques du développement de l’intelligence artificielle pour la paix dans le monde, mais aussi sur les opportunités que celle-ci présente pour un monde plus juste et fraternel.

Le Pape réaffirme que « la dignité intrinsèque de chaque personne et la fraternité qui nous lient en tant que membres de l’unique famille humaine doivent rester à la base du développement des nouvelles technologies et servir de critères indiscutables pour les évaluer avant leur utilisation, afin que le progrès numérique se fasse dans le respect de la justice et contribue à la cause de la paix ».

Il présente deux séries de défis. Dans le champ de l’éducation, qui est profondément transformée par ces évolutions, le pape François invite à promouvoir la pensée critique et à renforcer la capacité de discernement. Dans le champ du droit international, il appelle à adopter un traité international contraignant qui règlemente le développement et l’utilisation de l’intelligence artificielle, pour prévenir des mauvaises pratiques et encourager les bonnes, sur la base des valeurs humaines qui fondent l’engagement des sociétés comme le sens de l’existence humaine, la protection des droits humains fondamentaux, la poursuite de la justice et de la paix.

Le Pape insiste aussi sur le fait que nous sommes tous concernés. « La paix, en effet, est le fruit de relations qui reconnaissent et qui accueillent l’autre dans sa dignité inaliénable, ainsi que de la coopération et de l’engagement dans la recherche du développement intégral de toutes les personnes et de tous les peuples ».

Ma prière au début de cette année rejoint celle du pape François, pour que le développement rapide de formes d’intelligence artificielle n’augmente pas les trop nombreuses inégalités et injustices déjà présentes dans le monde, mais contribue à mettre fin aux guerres et aux conflits, et à soulager les nombreuses formes de souffrance qui affligent la famille humaine.

Sur ces sujets, on peut lire deux ouvrages coordonnés par le Service national Famille et Société de la CEF :
Pour un numérique au service du bien commun, Odile Jacob 2022
Chrétiens dans la révolution numérique, Documents Épiscopat #3-2023

[… ] C’est l’Europe entière qui pleure la mort de l’un de ses plus grands architectes. L’Union européenne perd son « citoyen d’honneur », selon le titre qu’il partage avec Jean Monnet et Helmut Kohl, qu’il aida dans la réunification de l’Allemagne. Marché unique, euro, Schengen, élargissements et Erasmus, mais aussi fonds de cohésion, dialogue social, aide aux plus démunis : les plus belles réalisations de l’intégration européenne sont indissociables de la clairvoyance, de l’audace, des convictions, de la persévérance et du travail acharné, qui ont caractérisé l’action de Jacques Delors durant ses dix ans à la tête de la Commission européenne. Une action déployée selon son triptyque : « La concurrence qui stimule, la coopération qui renforce et la solidarité qui unit » …

voir le texte de l’Institut Jacques Delors