Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.
Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.
Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.
Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.
On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.
Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.
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Dans son livre « Le nom de Dieu est miséricorde » dont la sortie mondiale, dans 84 pays, s’est faite ce 12 janvier, le pape François fait un pamphlet contre les ravages de la corruption. En voici des extraits :
La corruption est le péché qui, au lieu d’être reconnu en tant que tel et de nous rendre humbles, est érigé en système, devient une habitude mentale, une manière de vivre (…). Le corrompu est celui qui pèche et ne s’en repent pas, celui qui pèche et feint d’être chrétien, et dont la vie est scandaleuse.
Le corrompu ignore l’humilité, ne considère pas qu’il a besoin d’aide et mène une double vie. Il ne faut pas accepter l’état de corruption comme si ce n’était qu’un péché de plus : même si l’on identifie souvent la corruption au péché, il s’agit, en fait, de deux réalités distinctes, bien qu’elles soient liées. Le corrompu se lasse de demander pardon et finit par croire qu’il ne doit plus le demander. On ne se transforme pas en corrompu du jour au lendemain : il y a une longue dégradation.
Quelqu’un peut être un grand pécheur et, néanmoins, ne pas tomber dans la corruption. (…) Je pense, par exemple, aux personnages de Zachée, de Matthieu, de la Samaritaine, de Nicodème, du bon larron : dans leur cœur de pécheur, tous avaient quelque chose qui les sauvait de la corruption. Ils étaient ouverts au pardon, leur cœur connaissait sa propre faiblesse et c’est ce rai de lumière qui a laissé entrer la force de Dieu.
En se reconnaissant tel, le pécheur, d’une certaine façon, reconnaît que ce à quoi il a adhéré, ou adhère, est erroné. Alors que le corrompu, lui, cache ce qu’il considère comme son véritable trésor, ce qui le rend esclave. (…)
Le réseau mondial Coatnet (Organisations chrétiennes contre la traite des êtres humains) s’est réuni du 9 au 11 novembre 2015 à Paris.
La traite des êtres humains est, selon le pape François, un crime contre l’humanité. Ce crime peut prendre plusieurs formes : exploitation sexuelle, exploitation à des fins économiques, servitude domestique, exploitation de la mendicité, incitation à commettre des actes répréhensibles. Autant de crimes dont les premières victimes sont les personnes en situation de pauvreté.
Les trois jours de Paris ont fait le point sur les actions menées aux quatre coins du globe. Une feuille de route a été fixée pour les cinq ans à venir. La stratégie vise à davantage resserrer les liens des membres de Coatnet. Il est apparu prioritaire de porter une attention particulière sur les migrations actuelles : sécuriser les migrants, informer sur leur situation, prendre des mesures pour prévenir les groupes à risque, améliorer leurs conditions de vie, surveiller et évaluer chaque crise pour adapter la stratégie au contexte. Enfin, les membres de Coatnet sont déterminés à poursuivre leurs actions pour informer les mécanismes pertinents des droits de l’Homme, obliger les Etats à répondre à leurs obligations de protéger les droits de toutes les personnes sans discrimination.
Les membres de Coatnet continueront de mobiliser leurs réseaux respectifs et les communautés religieuses pour empêcher l’expansion de la traite des êtres humains, identifier et libérer ceux qui sont asservis, et soutenir la pleine restauration des victimes.
Du 18 au 20 avril 2012, les représentants des 47 pays membres du Conseil de l’Europe se retrouveront à Brighton, au Royaume-Uni, pour une Conférence de haut niveau sur le futur de la Cour européenne des droits de l’homme, organisée sous la houlette de l’actuelle présidence britannique du Conseil de l’Europe.
Nos organisations sont gravement préoccupées par l’absence totale de transparence sur les projets de déclaration de Brighton, ainsi que par la mise à l’écart de la société civile dans le processus de réforme.
Nos organisations rappellent que le système européen de protection des droits de l’homme – l’un des plus avancés au monde – est un bien commun, et qu’il doit être préservé par tous et pour tous. Il ne peut par conséquent pas être admis que son avenir se discute sans projet intermédiaire public et sans une large consultation de la société civile.
Nos organisations restent conscientes des difficultés que rencontre la Cour pour faire face à la croissance considérable des requêtes qui lui sont soumises concernant des allégations de violations des droits de l’homme.
Elles rappellent que :
• les réformes déjà engagées pour réduire le volume des affaires en instance, notamment depuis l’entrée en vigueur du protocole 14, en juin 2010, ont déjà commencé à porter leurs fruits. L’accent doit être mis sur l’amélioration de leur mise en œuvre afin qu’elles produisent pleinement les effets escomptés, et non sur l’adoption de nouvelles mesures précipitées ;
• les États ont la responsabilité première d’appliquer la Convention européenne des droits de l’homme et les arrêts de la Cour. Or, une part significative des requêtes concerne des violations qui ont déjà été condamnées par la Cour, sans que par la suite les États aient effectué les changements exigés ;
Nos organisations demandent instamment à toutes les délégations de s’abstenir d’endosser des mesures qui modifieraient la Convention en cherchant à codifier ou à établir des priorités dans les principes de subsidiarité et de la « marge d’appréciation des États ». Elles s’inquiètent également des propositions visant à inciter la Cour à déclarer irrecevables les requêtes qui ont été dûment examinées au niveau national.
Les États membres du Conseil de l’Europe doivent veiller à ce qu’aucune réforme de la Cour ne puisse se faire au détriment d’une part de la protection des droits fondamentaux des citoyens européens, et d’autre part de l’accès des individus au système européen, qui est au cœur de la garantie effective de ces droits.