En Ukraine, le chemin vers la fin des combats n’est pas encore tracé
Kiev estime ne pas pouvoir poser les armes sans être assurée d’avoir des garanties de sécurité, tandis que les Occidentaux hésitent et que la Russie poursuit son attaque
La fin des combats en Ukraine en 2025 ? C’est la perspective dessinée par le président Volodymyr Zelensky, mi-octobre, devant son parlement, lorsqu’il a détaillé son « initiative de paix » en préparation depuis des mois. Pour lui, la fin de la guerre ne peut être obtenue que si l’Ukraine reçoit les armements occidentaux les plus modernes et une invitation à rejoindre l’Alliance atlantique.
Le président Zelensky espère ensuite réunir une conférence internationale où la Russie serait convoquée. Dans ce scénario idéal, Moscou serait alors forcé d’accepter un retrait des territoires occupés, un tribunal pour les auteurs de crimes de guerre, des réparations pour les victimes ukrainiennes…
Toutefois, il faut le reconnaître, ce scénario a bien peu de chances de se réaliser. Ce projet découle de la vision que les Ukrainiens ont du conflit : ils ont le sentiment de mener un combat existentiel. Ils jugent que la Russie ne peut s’arrêter que si elle se heurte à une force supérieure et que la justice passe pour les criminels de guerre. Ils ne peuvent accepter de discuter avec la Russie qu’en disposant de solides garanties sur leur sécurité future, ce qui implique de devenir membre de l’Otan ou d’avoir des bases militaires occidentales sur leur territoire.
Ils se souviennent, en effet, qu’en 1991, lorsque l’Ukraine est devenue indépendante, elle a hérité de missiles nucléaires soviétiques. Les États-Unis ont alors fait pression pour que l’Ukraine s’en débarrasse. Kiev a transféré ces armes en Russie, en échange de quoi elle a reçu la promesse que son intégrité territoriale serait garantie. Les États-Unis, la Russie, la Grande-Bretagne et la France ont pris cet engagement dans le Mémorandum de Budapest, signé en 1994. Puis cet engagement a été violé par la Russie, à peine 20 ans plus tard, lorsque l’armée russe a envahi la Crimée.
Aujourd’hui, les Ukrainiens regrettent d’avoir cédé aussi facilement. Mais ayant enterré ce mémorandum, les alliés occidentaux de l’Ukraine craignent plutôt une escalade et s’efforcent toujours de laisser une porte de sortie à Vladimir Poutine. Ils ne veulent pas donner à l’Ukraine des armes trop sophistiquées. Ils souhaitent lui permettre de se défendre, mais pas de contre-attaquer sur le territoire russe. Ils ne veulent pas inviter formellement l’Ukraine dans l’Otan.
Et la Russie, de son côté, a fixé des conditions qui semblent inacceptables : elle veut le contrôle total de cinq régions qu’elle a entrepris d’envahir, soit amputer l’Ukraine d’un quart de son territoire. Elle voudrait également une Ukraine neutre et désarmée, dirigée par un régime favorable à la Russie. Or comment imaginer que les Ukrainiens l’acceptent, quand ils rentrent dans leur troisième hiver de guerre ?
Tandis que les alliés occidentaux de l’Ukraine hésitent sur leur stratégie, la Russie bénéficie du soutien de la Chine, de l’Iran ou de la Corée du Nord, en passe d’envoyer des soldats nord-coréens combattre aux côtés des Russes. La poursuite de cette guerre démontre une nouvelle fois l’échec du système Onusien. Dans un monde de plus en plus fragmenté, plus personne n’est en mesure de contraindre les belligérants à négocier.
Depuis des mois, tous ont l’œil rivé sur la présidentielle américaine. Une victoire de la candidate démocrate n’ouvrirait aucune perspective nouvelle. Mais le candidat Républicain, Donald Trump, s’est vanté de pouvoir « faire la paix en 24 heures ». Pour cela, il pourrait mettre fin à toute aide militaire, obligeant l’Ukraine à se soumettre. Un tel choix pourrait amener ce pays à la défaite. Mais le sacrifice de l’Ukraine ne ferait que nourrir d’autres conflits futurs.
Car la Russie pourrait bien ne pas s’arrêter là, tandis que de nombreux autres pays ayant des prétentions contre leur voisin, pourraient aussi se croire autorisés à l’envahir. Toute solution durable au conflit passe plutôt par des changements en Russie. Et même s’ils ne semblent pas pour demain, il faut miser sur les sanctions économiques pour, un jour, les imposer.