VII – Le Soudan et son peuple sont laissés dans l’ombre : un conflit oublié pour beaucoup

Déclaration commune*

Les signataires sont des dirigeants d’organisations confessionnelles chrétiennes et des chefs religieux. Lors du deuxième anniversaire de la guerre, ils affirment : « Nous devons faire de ce moment un tournant pour une action concertée visant à protéger les civils et les premiers intervenants », et ajoutent : « Nous affirmons l’engagement des Églises du Conseil des Églises du Soudan en faveur du rétablissement de la paix et de la stabilité dans le pays. »

Ils lancent un appel à la communauté internationale d’accroître les efforts diplomatiques, de renforcer le dialogue inclusif et le respect du droit international et d’augmenter e financement de l’aide humanitaire, gravement affecté par les coupures budgétaires drastiques.

« Aujourd’hui, le 15 avril 2025, marque le deuxième anniversaire du conflit prolongé au Soudan. Une conférence ministérielle se tient à Londres afin de réunir les principaux gouvernements donateurs et les États de la région ayant une influence sur les parties belligérantes. En tant que dirigeants d’organisations chrétiennes et chefs religieux, nous déplorons la perte de vies humaines parmi les civils soudanais et les premiers intervenants. Nous devons faire de ce moment un tournant pour une action concertée visant à protéger les civils et les intervenants. Nous affirmons l’engagement des Églises, sous l’égide du Conseil des Églises du Soudan, en faveur du rétablissement de la paix et de la stabilité dans le pays.

Le conflit en cours a encore déstabilisé une situation déjà fragile, dégénérant en une grave crise humanitaire, avec une augmentation de la violence, des déplacements et des besoins humanitaires, exacerbée par des coupes budgétaires drastiques dans l’aide internationale. En tant qu’acteurs religieux, notre travail s’inscrit dans une longue tradition de solidarité avec le Soudan, promouvant la paix, la justice et la dignité humaine. Alors que les impacts régionaux engendrent de nouvelles menaces de violence et de tensions politiques, nous nous faisons l’écho de la déclaration de la Conférence des évêques catholiques du Soudan et du Soudan du Sud, appelant à la primauté de la vie humaine, à la retenue et au dialogue pour la paix.

L’Alliance ACT, Caritas Internationalis et nos membres locaux travaillent ensemble en première ligne de notre réponse humanitaire. Dans la mesure du possible, nous maintenons également nos programmes de développement pour assurer le relèvement futur. Au cœur de notre appel conjoint se trouve le soutien à la société civile soudanaise et aux acteurs de solidarité qui constituent le pilier de l’aide apportée à leurs communautés et à leurs populations.

Globalement, les réseaux communautaires et les organisations locales de la société civile, qui peuvent intervenir grâce à une analyse de terrain, restent gravement sous-financés et sont confrontés quotidiennement à des risques extrêmes. Bien que les acteurs locaux aient reconnu, souvent seuls, la responsabilité de la réponse aux communautés touchées par la famine et les multiples défis humanitaires depuis avril 2023, le financement direct et la protection restent alarmants. Les acteurs locaux continuent de recevoir moins de 1 % de l’aide internationale.

Nous saluons les efforts déployés par les acteurs soudanais pour maintenir l’accès, la communication et la coordination afin de permettre aux communautés touchées par le conflit et la crise d’accéder à l’aide. Leur travail inlassable pour contrer les discours de haine et les divisions est essentiel pour éviter l’effondrement total du tissu social. Nous sommes préoccupés par les attaques généralisées contre les civils et les infrastructures civiles essentielles à la survie, à la gestion et au relèvement des populations après le conflit, notamment les attaques contre les dispensaires, les routes et les infrastructures d’approvisionnement en eau essentielles.

La situation au Soudan est désastreuse et, sans une forte mobilisation concertée en faveur des pourparlers de paix, le conflit ne fera qu’empirer. La communauté internationale ne peut continuer à fermer les yeux sur la situation au Soudan. Nous devons agir avec détermination pour amener les parties à la table des négociations et œuvrer à une résolution durable du conflit. Nous appelons donc la communauté internationale à :

1 – Accroître considérablement les efforts diplomatiques aux niveaux régional et international pour mettre fin à l’ingérence et au financement du conflit par des puissances extérieures ; et exhorter les parties au conflit à mettre fin aux attaques contre les civils et à obtenir un cessez-le-feu,
2 – Augmenter le financement et diversifier les canaux et sources de financement afin de garantir que le soutien parvienne aux acteurs locaux, notamment les groupes communautaires et les organisations confessionnelles, qui sont en première ligne des efforts pour sauver des vies,
3 – Assurer un dialogue inclusif et un processus politique plus large permettant de s’attaquer efficacement aux causes profondes de la violence au Soudan, notamment en soutenant les initiatives locales qui favorisent la paix et la réconciliation,
4 – Garantir le respect du droit international des droits de l’homme et du droit international humanitaire par toutes les parties, notamment en garantissant un accès humanitaire sûr et sans entrave aux personnes les plus démunies, au Soudan et sur tout le territoire. »

*Signataires :
ACT Alliance
Caritas Internationalis
Conseil Œcuménique des Églises
Conférence des Églises de toute l’Afrique
Association des Conférences Épiscopales d’Afrique de l’Est (AMECEA)
Caritas Africa

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