La responsabilité de protéger : l’affaire de tous
Justice et Paix publie sur son site les Actes d’un colloque sur la responsabilité de protéger qu’elle a organisé le 26 janvier 2013 avec la FASSE / Institut catholique de Paris et Pax Christi – France.
Les communications présentées lors de ce colloque n’ont rien perdu de leur actualité. La responsabilité de protéger (ou R2P) reste au cœur des débats sur le discernement éthique et politique face aux violations massives des droits humains.
La R2P part du principe que la souveraineté ne confère pas seulement des droits à l’Etat, comme l’indépendance à l’égard des ingérences extérieures mais aussi des devoirs, comme la garantie des droits humains. Inciter ou même contraindre un Etat à protéger sa population contre les violences de masse, c’est le rétablir dans l’exercice authentique de sa souveraineté.
La R2P a été reconnue en septembre 2005 par l’ensemble des Etats. Puisqu’il était reproché à l’ONU de ne rien faire pour prévenir ou stopper les crimes de masse, il a alors été décidé d’autoriser l’Organisation à intervenir en pareil cas, au besoin par la force. Un risque de paralysie subsiste cependant en cas de refus d’un membre permanent du Conseil de sécurité d’autoriser l’intervention armée.
Néanmoins la R2P ne se réduit pas à l’emploi de la force. Elle repose sur « trois piliers » : une « responsabilité primaire de protection » de tout Etat à l’égard de sa population ; une « responsabilité d’assistance » de la communauté internationale à l’égard d’un Etat confronté à des crimes de masse sur son territoire et enfin, une responsabilité internationale de réponse « rapide et décisive » lorsque ces crimes perdurent (mais cette réponse peut revêtir de nombreuses formes non militaires).
L’accent mis sur le recours à la force a provoqué une crise de la R2P : lors de la crise libyenne de 2011, de nombreux pays ont estimé que les Occidentaux et leurs alliés arabes avaient outrepassé le mandat donné par le Conseil de sécurité en provoquant un « changement de régime », alors qu’ils étaient seulement autorisés à mettre fin aux attaques contre les populations civiles.
Mgr Michael Banach, Représentant permanent du Saint-Siège auprès de l’OSCE, a rappelé, lors du colloque, que la R2P repose sur la reconnaissance de l’unité de la famille humaine et sur l’attention portée à la dignité innée de chaque homme et de chaque femme. C’est donc « notre affaire à tous », comme l’a souligné Mgr Marc Stenger, président de Pax Christi – France.