Le tsunami de la faim
Depuis quelques semaines, les « une » de nos quotidiens se font l’écho de ce que l’on espérait ne plus voir : des émeutes de la faim dans plusieurs pays.
La situation est suffisamment grave pour que les institutions internationales spécialisées (FAO – PAM) mais aussi le secrétaire général de l’ONU, le directeur du FMI et le commissaire européen au développement tirent la sonnette d’alarme. Il faut dire que la situation est particulièrement délicate et les mécanismes d’aide, conçus pour répondre à des crises sporadiques, se retrouvent confrontés à un phénomène qui se généralise et devant lequel ils se trouvent démunis.
Cette situation de hausse des prix alimentaires est d’autant plus critique que ses causes sont multiples et, pour une part, structurelles.
Du côté de l’offre, si certes les récoltes de certains « greniers » traditionnels – australien notamment – n’ont pas été à la hauteur des espérances, il n’en reste pas moins que la production mondiale de céréales a augmenté malgré tout en 2007 ; c’est donc surtout la diminution de la superficie des terres cultivables qui est en cause.
Mais c’est essentiellement du côté de la demande que la tension est vive. A la croissance de la population mondiale s’ajoute l’élévation du niveau de vie des pays émergents, dont on ne peut d’ailleurs que se réjouir. Le développement de classes moyennes, notamment en Inde et en Chine, qui modifient leurs comportements alimentaires en consommant davantage de lait et de viande, crée une demande en alimentation pour le bétail. Par ailleurs, la raréfaction des ressources en énergie non renouvelable a vu se multiplier les surfaces consacrées aux cultures d’agro-carburants aux dépens des cultures alimentaires ou fourragères.
Autre facteur aggravant : la hausse des prix du carburant et de l’énergie qui affecte toute la chaîne de la production alimentaire (engrais, récolte, stockage, livraison). Sans oublier la spéculation qui a fui l’instabilité des marchés financiers pour se reporter sur ce secteur, avivant encore les tensions.
Face à cette situation, les résultats d’un sondage réalisé par TNS-Sofres (1) sur les Français et le développement durable laissent perplexes. Si pour 84% des sondés le développement durable évoque avant tout la préservation de l’avenir et des générations futures et pour 79%, la préservation de l’environnement et des ressources naturelles, ils ne sont en revanche que 18% à l’associer à l’idée de préservation de l’équilibre social. Au travers des événements récents, qui ne voit qu’environnement et social sont indissociables ? Qui pourrait prétendre à un développement durable qui ne soit un développement humainement durable ? Le pacte écologique ou le Grenelle de l’environnement ont certes été des étapes nécessaires mais insuffisantes. L’avenir de la planète se joue tout autant dans la place qui sera faite à chacun. Le développement durable n’a de sens que s’il remet l’Homme au centre.