L’Océan, notre maison
Fin juin 2022, les Nations unies ont accueilli la deuxième Conférence sur les océans à Lisbonne, au Portugal. La première Conférence s’était tenue en 2017 à New York. L’objectif de la Conférence était de faire avancer les travaux sur l’Objectif de développement durable N°14 – « Conserver et utiliser durablement les océans, les mers et les ressources marines pour le développement durable. »
Une délégation ecclésiale de quinze personnes, dont des leaders des Premières Nations, des jeunes, des évêques et des missionnaires d’Océanie, d’Asie, d’Amérique du Nord, d’Afrique et d’Europe ont participé à la Conférence en apportant au dialogue le point de vue de la foi. Les délégués savent de première main comment les États du Pacifique subissent de plus en plus les conséquences écologiques, sociales et culturelles des industries extractives telles que l’exploitation minière des grands fonds marins, l’extraction de sable noir, l’extraction de gravier et la surpêche, entre autres. L’océan Pacifique est un déterminant connu du climat mondial et l’augmentation des températures mondiales exacerbe actuellement les phénomènes météorologiques extrêmes et provoque une élévation du niveau de la mer en Océanie.
En première ligne se trouvent les communautés indigènes locales qui sont résilientes à bien des égards, au-delà de ce qu’apportent les cultures occidentales. Pourtant, beaucoup d’entre elles luttent pour s’adapter aux multiples crises auxquelles elles sont confrontées, causées par les perturbations écologiques, économiques et les crises sanitaires continues qui affectent les vies, les moyens de subsistance et l’intégrité de leurs cultures.
En raison principalement de sa faible population et de sa dispersion, la région de l’Océanie reste l’un des domaines biogéographiques les plus négligés au monde. Cette négligence est inversement proportionnelle à son importance pour le maintien de toute vie sur Terre : un statut défini par son nom même et sa nature. L’Océanie est un océan et les océans sont des systèmes de soutien de la vie pour tous. Nous, dirigeants d’universités, chercheurs scientifiques, praticiens du savoir indigène et organismes ecclésiaux sentons que nous sommes à un point d’inflexion, avec des conséquences qui changent la vie et une responsabilité d’agir. Grâce au processus de narration et de « Talanoa« (terme local utilisé aux îles Fidji pour décrire un dialogue participatif), il est désormais essentiel d’écouter les histoires et les préoccupations de l’Océanie et d’amplifier les voix locales des plus vulnérables, tant à la conférence des Nations unies sur les océans à Lisbonne que chez nous, en Océanie.
Un événement s’est fait l’écho du mantra de la Conférence des Nations unies « Sauvez notre océan, protégez notre avenir« à travers les histoires religieuses et culturelles que chaque délégué océanien était invité à partager. S’exprimant à partir de leurs propres expériences au sein des communautés locales, chacun a lancé des appels particuliers à l’action en faveur des océans. Les récits ont également mis en évidence la manière dont les communautés locales et indigènes ont toujours pris soin des océans et de l’immense biodiversité avec laquelle elles sont interconnectées par le biais de croyances, de traditions culturelles, de langues, de connaissances et de pratiques écologiques.
L’invitation à échanger des histoires sur la vie au bord de l’océan à Lisbonne et dans les communautés de l’océan Pacifique a fait écho aux enseignements du pape François dans Laudato si’ sur le soin de notre maison commune. « Qui a transformé le monde merveilleux des mers en cimetières sous-marins dépourvus de couleur et de vie ? Ce phénomène est dû en grande partie à la pollution qui atteint la mer suite à la déforestation, aux monocultures agricoles, aux déchets industriels et aux méthodes de pêche destructrices… Il est aggravé par l’augmentation de la température des océans. Tout cela nous aide à voir que toute intervention sur la nature peut avoir des conséquences qui ne sont pas immédiatement évidentes, et que certains modes d’exploitation des ressources s’avèrent coûteux en termes de dégradation… » (§ 41)
*Jacki Rémond, Responsable écologie intégrale à l’Université Catholique d’Australie,
*Amy Echeverria, Coordinatrice Justice Paix et Intégrité de la Création de la société des Missionnaires de Saint Colomban, USA.