D’un Grenelle à l’autre

L’effervescence du Grenelle de l’environnement est retombée. Cette rencontre aura constitué un tournant sur le fond d’abord, si les mesures annoncées s’inscrivent dans la réalité, mais aussi sur la forme : par le processus retenu, par la diversité des interlocuteurs, par la mise en dialogue, la France aura offert le visage d’une démocratie apaisée, adulte, loin des psychodrames dont nous sommes souvent si friands.

A cette occasion, la presse chrétienne s’est interrogée sur la place des chrétiens dans la lutte en faveur de l’environnement, souvent pour déplorer un engagement tardif et un manque de parole publique sur la question. Cette perspective peut être questionnée : pourquoi chercher à isoler la composante chrétienne ? Avons-nous une contribution spécifique à apporter dans ce domaine ? Y-a-t-il une parole d’Eglise sur l’environnement et le développement durable ?

Certes, l’Eglise n’a pas été pionnière par rapport à ce problème qui constitue pourtant une menace pour la vie humaine. Faut-il alors culpabiliser ? Ou chercher à se justifier ? Ou mettre en avant les quelques déclarations pontificales faites sur la question ? Pourquoi ne pas profiter de ce « retard » pour repenser notre manière d’être présents dans le monde en tant que chrétiens ?

Nous nous sentons souvent responsables d’éclairer le monde, mais peut-être le moment est-il arrivé de nous laisser aussi éclairer par le monde. Le développement durable pourrait constituer une chance de découvrir une nouvelle forme de présence chrétienne dans le monde : une présence qui passe plus par une véritable incitation au dialogue que par la défense de grands principes et de vérités toutes faites.

Le livre de Justice et Paix « Notre mode de vie est-il durable ? » ainsi que la brochure sur une mobilité durable s’inscrivent dans cette perspective. Il s’agit d’une invitation au dialogue plutôt que d’une déclaration de principes. Nous disons comment la réalité du monde d’aujourd’hui interroge et sollicite notre représentation chrétienne de l’avenir, de l’humain et de la transcendance.

A la suite du Grenelle de l’environnement, nous avons peut-être à imaginer un Grenelle de la présence chrétienne dans le monde d’aujourd’hui.