Washington 2021- Brasilia 2023

Le spectacle offert au monde le dimanche 8 janvier 2023 a été surprenant : dans le paysage de carte postale du complexe architectural monumental de Brasilia, la capitale du Brésil, des milliers de personnes vêtues des couleurs de la nation et du drapeau du pays – de loin, on aurait dit un énorme essaim de fourmis – ont commencé à envahir, sans que rien ne les retienne, les bâtiments abritant les trois Pouvoirs de la République.

Quelques heures plus tard, des policiers et des soldats vêtus de noir ont commencé à apparaître sur cette même scène. On a appris par la suite que de nombreux envahisseurs avaient été arrêtés à l’intérieur des bâtiments. Mais ce n’est que le lendemain que l’on a vu les dégâts causés dans les bâtiments et appris que les manifestants étaient arrivés à Brasília les jours précédents. Il s’agissait de partisans de l’ancien président Bolsonaro, venus des coins les plus divers du pays, acheminés par plus d’une centaine de bus affrétés ou par d’autres moyens de transport.

Nous, les Brésiliens, étions spectateurs d’une tentative de coup d’État au moment même où elle se déroulait, une semaine à peine après l’investiture du président élu. Une tentative qui visait non seulement le président, mais la tête de tout le pouvoir politique du pays, par une attaque directe et simultanée dirigée contre les trois Pouvoirs.

Il est important de raconter ce qui s’est passé le lendemain, lundi 9, qui a été moins diffusé par les télévisions mais qui est extrêmement significatif : il y a eu presque automatiquement une énorme réaction de rejet de ce qui s’est passé à Brasília, de la part de la société brésilienne et des institutions politiques. Des milliers de citoyens ont organisé de grandes manifestations de rue dans les capitales du pays, à l’appel de mouvements de la société civile ; et, à l’invitation du président Lula, une grande réunion s’est tenue dans une salle du Palais présidentiel non atteinte par les casseurs, au cours de laquelle toutes les personnes présentes ont pris un engagement collectif solennel pour défendre la démocratie. Tous les ministres du gouvernement, les gouverneurs des 27 États du pays, les présidents de la Chambre des députés et du Sénat, le président de la Cour suprême présents à Brasília ont participé à cette réunion.

Puis toutes les personnes présentes ont fait un geste hautement symbolique : elles ont marché depuis le Palais présidentiel jusqu’au bâtiment de la Cour suprême, le plus touché par le vandalisme, qui se trouve de l’autre côté de la Place des Trois Pouvoirs.

L’avenir n’est pas écrit mais cette tentative de coup d’État a rendu possible la construction d’un grand front en défense de la démocratie, unissant les Trois Pouvoirs de la République et la société civile autour du slogan Reconstruction et Union. Puissions-nous réussir !