Le courage de changer l’histoire

La 21ème conférence internationale sur le climat appelée COP21 se réunit à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015.

Il s’agit de la 21ème conférence des parties à la Convention – cadre des Nations unies sur les changements climatiques qui a vu le jour lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, en 1992; ratifiée par 196 « parties », elle reconnaît l’existence d’un réchauffement climatique dû à l’activité humaine et donne aux pays industrialisés la responsabilité de lutter contre ce phénomène.

La COP21, une crise certaine ?

A moins d’un mois de son début, 155 pays ont rendu leurs engagements de baisse de gaz à effet de serre (GES) pour l’horizon 2030. Ces pays représentent plus de 86% des émissions de GES mondiales en 2012. On peut donc déjà calculer l’impact global des efforts promis par les différents pays. Et malheureusement le compte n’y est vraiment pas : on sait déjà que ces engagements sont insuffisants pour éviter la catastrophe. La communauté internationale avait fixé à 2°C la limite de réchauffement supportable pour la planète. Or, les engagements des pays conduisent à un réchauffement supérieur à 3°C. Selon les scientifiques, les efforts promis ne représentent qu’un tiers de ce qui serait nécessaire pour rester en dessous de 2°C. Leur pronostic est alarmant : des troubles météorologiques majeures (sécheresses, inondations, …) qui vont menacer les équilibres géopolitiques sur toute la planète (menace sur la production alimentaire, augmentation des réfugiés climatiques,….).

Changer de civilisation

Si les engagements promis par chaque Etat ne risquent pas de trop changer pendant la négociation de Paris, le résultat de la COP21 n’est pas pour autant condamné à l’échec. D’autres points de discussion encore ouverts peuvent enclencher une dynamique positive. D’une part, la décision d’une révision régulière et progressive des engagements peut donner à la COP21 le caractère d’origine d’un processus universel de règlement climatique. Ce serait une première car le fameux protocole de Kyoto signé en 1997, et péniblement entré en vigueur en 2005, n’a véritablement pas marché : certains pays signataires en sont sortis du jeu au milieu de la course – le Canada, l’Australie et le Japon – et surtout, les principaux pollueurs de la planète n’ont jamais voulu y entrer, notamment la Chine et les Etats Unis. Aujourd’hui par contre, la presque totalité des pays sont engagés dans le processus. D’autre part, les conditions de l’accord de Paris sont encore en discussion.

Deux éléments peuvent aider ce processus à s’inscrire dans un véritable changement de civilisation : le caractère contraignant de l’accord signé et la concrétisation de l’engagement financier pris en 2009. En effet, à Copenhague les pays développés ont promis de consacrer, à l’échéance 2020, 100 milliards de dollars par an pour aider les pays plus pauvres à mettre en place la transition énergétique.

Le courage, créateur de l’impossible

Il y a eu dans l’histoire de l’humanité des hommes et des femmes qui ont eu le courage de changer son cours. Des hommes et des femmes qui, contre l’avis général, sans garantie de résultat et sans calcul des bénéfices et des pertes, ont ouvert l’histoire vers de nouveaux possibles. Des hommes et des femmes qui à contrecourant ont créé des accords, des échanges et des utopies qui ont rendu possible ce que l’on croyait impossible. C’est le cas de ce grand rendez-vous du Moyen Age entre le VIIIème et le XVème siècle en Espagne, marqué par la cohabitation des chrétiens, des juifs et des musulmans, qui a donné lieu à la plus belle rencontre entre l’Orient et l’Occident, entre la science des Grecs et la pensée judéo-chrétienne.

C’est le cas aussi de la réconciliation franco-allemande qui marqua l’origine de l’Union Européenne : rencontre de deux hommes qui ont fait le pari de la paix quand tout invitait à se faire la guerre. Peut-être que la COP21 sera encore un moment historique où quelques hommes et femmes, représentants des Etats et des entreprises, des citoyens, marqueront le cours de l’histoire en prenant des engagements audacieux et inattendus, qui permettront de transformer la menace de mort qui pèse sur notre planète en promesse de vie. Aidons-les à oser ce courage !