Le pape François et l’Europe

Lorsque l’on relit les messages du pape François sur l’Europe[1], on retrouve des constantes dans sa vision d’une Europe plus intégrée, forte des valeurs qui l’ont fondée, celles de la solidarité, du dialogue, du développement et de la paix, de l’ouverture au monde, de l’espérance qui veut un regard tourné résolument vers l’avenir.

Pour le Pape, l’originalité européenne réside avant tout dans sa conception de l’homme, dans sa capacité d’initiative et dans sa solidarité active. Cette centralité de la personne humaine et de la communauté à laquelle elle appartient, où sont mis en commun les ressources et les talents de chacun, valeur fondamentale des pères fondateurs, doit rester au cœur de la construction de l’avenir. « Ce sont toujours les hommes et les femmes qui font la différence ».

Il voit dans l’Europe un modèle : elle incarne « ce que l’Église demande au niveau mondial », c’est-à-dire « l’existence d’une autorité avec des compétences multiples qui permettent d’éviter les dérives nationalistes ».

S’il reconnaît les faiblesses de l’Europe : la prééminence du paradigme économique et des chiffres sur la logique politique et les personnes, la déconnexion entre les peuples et les institutions, la solitude qui génère une « société sans sentiment d’appartenance et de transmission » et se traduit sur le plan politique par le populisme et le raidissement des nationalismes, il est confiant sur la capacité des Européens à être « des hommes et des femmes animés par le rêve d’une Europe unie au service de la paix ».

Il affirme régulièrement que les migrants sont une ressource plus qu’un poids. Gérer la question migratoire demande de la prudence, mais « on ne peut pas ériger des murs d’indifférence ou de peur ».

Face à la montée de la violence et des conflits, il insiste sur l’importance de l’éducation à la paix pour éloigner une culture du conflit qui vise à la peur de l’autre, à la marginalisation de celui qui pense ou vit de manière différente.

« Les chrétiens ont aujourd’hui une grande responsabilité : comme le levain dans la pâte, ils sont appelés à réveiller la conscience de l’Europe, pour animer des processus qui produisent de nouveaux dynamismes dans la société. Je les exhorte donc à s’engager avec courage et détermination pour offrir leur contribution dans chaque domaine où ils vivent et travaillent ».

Voilà une invitation claire à exprimer l’Europe que nous voulons comme chrétiens à l’occasion des élections du 9 juin.

 

[1] Visite au Parlement européen et au Conseil de l’Europe en 2014 – Rome à l’occasion de la célébration du 60e anniversaire du Traité de Rome en 2017 – Lettre sur l’Europe de novembre 2020 – Livre « Vivre, mon histoire à travers la grande histoire » mars 2024.