Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

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Le gouvernement a lancé en novembre 2012 des Assises du développement et de la solidarité internationale, qui se clôtureront le 1er mars 2013 par une conférence en présence du Président de la République.

Les Assises : un processus participatif bienvenu.

Les Assises du développement et de la solidarité internationale, proposées par le Gouvernement et animées par plusieurs ministères, se veulent aussi un temps de réflexion participative et rassemblent d des acteurs divers : ministères, ONG, fondations, entreprises, syndicats, collectivités territoriales, parlementaires … Les discussions se structurent autour de 5 thématiques, correspondant à des enjeux essentiels pour la politique de développement : la vision du développement après 2015, l’efficacité de l’aide, la cohérence des politiques en faveur du développement, les partenariats entre l’Etat et les acteurs non-gouvernementaux, les innovations technologiques et sociales.

Un site internet (http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/enjeux-internationaux/aide-au-developpement-et/assises-du-developpement-et-de-la/) est mis en place pour informer sur les évolutions de la réflexion et pour recueillir les contributions des acteurs qui n’ont  pu être associés aux tables rondes ainsi que celles des  acteurs du Sud. Des réunions sectorielles se déroulent en parallèle des Assises sur des questions comme l’agriculture, la prévention et la lutte contre le SIDA, ou le genre.

Faire travailler ensemble des acteurs divers n’est jamais facile et les premières tables rondes n’ont pas toujours évité l’écueil des discours parallèles qui ne se rencontrent guère. Mais l’initiative reste à saluer car, en associant des acteurs divers, aux intérêts parfois divergents, elle contribue à enrichir le dialogue politique. Les ONG espèrent que ces Assises aboutiront à l’instauration d’un cadre pérenne pour un dialogue multi-acteurs sur la politique de développement et de solidarité internationale et à une loi d’orientation et de programmation de  la politique de développement.

2015 : échéance pour les Objectifs du Millénaire pour le Développement

2015 correspond à l’échéance fixée pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) votés lors de l’Assemblée Générale des Nations-Unies en l’an 2000. Ces 8 objectifs, centrés sur la lutte contre la pauvreté et l’amélioration des conditions de santé dans les pays les plus pauvres, ont permis des avancées incontestables, quoique très différenciées. Le nombre de personnes vivant avec moins de 1,25 $ par jour devrait avoir diminué  de moitié entre 1990 et 2015, alors que les progrès en matière de lutte contre la faim ou de mortalité maternelle restent dramatiquement lents.

Les OMD ont provoqué une certaine relance de l’Aide Publique au Développement (APD), au plus bas au début des années 2000. Ils ont aussi permis aux sociétés civiles de mieux peser sur les politiques de développement menées par les gouvernements et les bailleurs de fonds, à travers le suivi des résultats en matière d’OMD.

Tous les OMD ne seront pas atteints en 2015, et surtout, ils ne le seront pas partout. Il reste donc aux gouvernants et à la société civile à peu près deux ans pour définir un agenda post2015 à la fois ambitieux et réaliste. Pour que cette nouvelle vision du développement soit considérée comme pertinente, il est essentiel que le processus d’élaboration des objectifs post2015 soit fortement participatif et inclusif. Les Assises du développement et de la solidarité internationale y contribuent en ce qui concerne la France.

Emergence du développement durable.

L’élément le plus nouveau dans le paysage international est sans doute l’émergence du développement durable au cœur du processus de réflexion. Le Sommet de la Terre, qui s’est réuni fin juin 2012 à Rio de Janeiro, 20 ans après celui de 1992, est cependant perçu par beaucoup comme un échec, avec sa déclaration finale sans ambition.

Cette conférence de Rio+20 a cependant permis de rappeler l’importance d’une approche pluridimensionnelle du développement. Les trois piliers du développement durable que sont le social, l’économique et l’environnemental sont indissociables. Il ne s’agit pas d’abandonner la lutte contre la pauvreté comme un objectif essentiel (ce fut l’apport majeur des OMD que de remettre cette lutte au cœur des politiques de développement). Mais il s’agit de prendre en compte les phénomènes émergents comme la montée des inégalités (en particulier à l’intérieur des pays), le besoin de régulations renforcées qu’ont montré les crises financières et alimentaires, la dégradation de l’environnement et les changements climatiques.

L’élément le plus novateur de Rio est probablement l’engagement d’élaborer des Objectifs de Développement Durable (ODD). Ceux-ci doivent être établis d’ici 2015. Vont-ils remplacer les OMD ?

Faire converger OMD et Objectifs de Développement Durable pour aboutir à un agenda qui concerne tous les pays.

Il est essentiel que les processus de préparation des Objectifs du Développement Durable (lancé à Rio) et  des post –Objectifs du Millénaire pour le Développement (ce dernier, piloté par le Programme des Nations Unies pour le développement convergent, ce qui n’est pas encore clairement le cas, au risque d’aboutir à deux processus concurrents et illisibles. Il en  va de la crédibilité de la communauté internationale.

Des consultations nationales sont menées actuellement dans près d’une centaine de pays sur des thèmes   comme les inégalités, la croissance, l’emploi, la sécurité alimentaire, etc.… Ces consultations, organisées par le PNUD, permettront de préparer le sommet sur les OMD prévu en septembre 2013 dans le cadre de l’assemblée générale des Nations-Unies. Ce sera un moment décisif pour travailler à la convergence des différents processus préparant l’agenda post -2015.

Pour beaucoup d’acteurs sociaux et d’ONG, la promotion d’une approche multidimensionnelle du développement, plus durable et plus universelle (concernant le « vivre ensemble » et le « faire société » dans tous les pays, riches ou pauvres) implique d’accentuer les efforts sur la lutte contre les inégalités, au premier rang desquelles on trouve les inégalités homme-femme, dont la persistance est révélée à travers les progrès beaucoup trop lents réalisés en matière de baisse de la mortalité maternelle (l’OMD n°5). Pour cela, il nous faut aussi repenser, dans tous les pays, notre modèle de développement et de croissance, créer des emplois durables, diminuer notre empreinte écologique, favoriser les liens, plus que les biens, et renforcer la gouvernance démocratique à tous les niveaux. C’est pourquoi il ne faut pas opposer développement durable et lutte contre la pauvreté. Les deux sont interdépendants et indissociables.

Pour un travail commun des sociétés civiles et des Etats

L’un des risques majeurs des processus évoqués ici, et c’est vrai aussi pour les Assises du développement et de la solidarité internationale, est d’apparaître comme imposés , avec une approche très technicienne. Même les nombreuses consultations et dialogues participatifs peuvent  être vus comme des « usines à gaz ». Pourtant  une société démocratique ne peut se construire sans ces temps de dialogue civique  et de confrontation constructive, pour faire émerger de nouvelles visions partagées.

Les organisations de la société civile (OSC), de mieux en mieux reconnues, sont des acteurs essentiels du changement. Cette société  a beaucoup progressé ces dernières décennies, notamment dans les pays du Sud, et des millions de citoyens, partout dans le monde, se regroupent dans des associations, groupements, organisations non-gouvernementales, pour améliorer leurs vies, résoudre des problèmes concrets et lutter pour un monde plus juste et solidaire. Les OSC, que ce soit en Asie du Sud, en Amérique Latine ou dorénavant en Afrique, ont acquis une influence qui est une nouveauté dans l’histoire. Le monde arabe vit actuellement un surgissement spectaculaire de la société civile. Les relations partenariales entre OSC en sont progressivement bouleversées.

Toutes ces initiatives locales, sont un élément essentiel à prendre en compte pour construire une vision du développement pour l’après-2015. Mais il est nécessaire aussi de mettre en place un environnement réglementaire et politique favorable à  ces initiatives. C’est l’un des rôles majeurs de l’Etat. Les évolutions de ces dernières décennies montrent que l’existence d’un tel environnement est une condition nécessaire pour promouvoir des changements durables qui améliorent la vie des groupes vulnérables et assurent un développement humain. Mais cet environnement porteur pour la vie associative est aujourd’hui menacé dans de nombreux pays du monde : lois restrictives, poursuites à l’encontre des défenseurs des droits, pressions sur les OSC, réglementations administratives de plus en plus contraignantes.

Quelle action internationale ?

En complément, nous avons besoin aujourd’hui d’Etats et d’une communauté internationale qui jouent pleinement leur rôle de régulation et de promotion des biens publics mondiaux. Cela suppose la mise en œuvre de politiques efficaces de lutte contre l’exploitation des personnes, les trafics d’armes, l’évasion fiscale et les paradis fiscaux, les dérives de la finance internationale (grâce notamment à des taxations sur les transactions financières), la spéculation sur les produits agricoles… L’agenda post2015 doit mettre en place de nouvelles règles dédiées à la défense du bien commun. De son côté, la société civile a un rôle éminent à jouer pour faire entendre l’intérêt des groupes vulnérables et promouvoir une société plus juste et durable. Les processus de dialogue et de concertation au niveau national, comme les grandes conférences internationales, représentent à la fois une opportunité et un défi pour elle. En effet, la société civile internationale est actuellement tiraillée entre deux tendances parfois plus contradictoires que complémentaires : soit participer aux conférences internationales, en cherchant à influencer les décideurs à partir de   positions précises et relativement techniques, au risque de constater souvent l’impact aléatoire de cette stratégie et la faible prise en compte des positions de la société civile ; soit développer, dans les sommets alternatifs, un discours rejetant plus radicalement le modèle dominant et promouvant des alternatives locales pensées par des groupes engagés pour un « autre monde », mais avec le risque que ces réflexions, ne se connectant pas avec l’agenda international de négociations, aient finalement peu d’impact sur l’évolution du monde.

Il s’agit aujourd’hui de mettre en place une synergie entre les deux stratégies, avec une forte interconnexion entre les acteurs de la société civile engagés dans ces deux mouvances différentes. Pour construire le monde de l’après-2015, faisons preuve d’imagination.

A propos du colloque-séminaire international sur la pauvreté des enfants, organisé par Caritas Europa et le Secours catholique (Paris, 19, 20 et 21 novembre 2012).

Sur ce sujet, traité par de nombreuses et intéressantes interventions, notons quelques impressions.

Une représentante de l’Agence de protection de l’enfance en Bulgarie expliquait les difficultés particulières des enfants Roms, victimes du travail illégal des parents à l’étranger où ils sont aussi exploités. Quand ils restent au pays, gardés par exemple par leurs grands-parents, ils souffrent aussi de l’effondrement de la vie familiale. En Roumanie, les familles Roms sont coincées par des usuriers dont elles dépendent.

Lorsque les enfants sont victimes de traite et d’exploitation, souvent ils ne se voient pas comme victimes, et vivent des conflits de loyauté.

La représentante de Caritas Albanie a fait une forte impression en décrivant le travail de son organisation visant à changer l’attitude de parents se livrant consciemment au trafic de leurs enfants et à réintégrer les enfants des rues en les scolarisant. Ce dernier objectif suppose, pour que les enfants soient acceptés dans une classe, qu’ils soient d’abord en mesure de se laver et d’avoir des vêtements propres (d’où la nécessité de favoriser l’accès des familles pauvres à l’eau). Enfin, pour sensibiliser davantage la population (ce pays est l’un des pays d’origine de la traite), le thème de la traite des mineurs est abordé à l’école.

Un autre aspect du problème a été abordé notamment par les représentantes de l’association Esclavage Tolérance Zéro, qui s’intéresse au sort d’enfants exploités en France dans un milieu familial.  Ce sont souvent des enfants originaires de pays d’Afrique qui sont « confiés » à des familles habitant en France. Il s’agit d’un système, la « kefala », distinct de l’adoption, interdite par l’islam : l’enfant est sous l’autorité absolue de la famille qui l’exploite. Il arrive  que l’enfant, ne sortant jamais et vivant dans un milieu où on parle sa langue maternelle,  ignore même qu’il vit dans un autre pays que le sien.

La visite du Foyer Jorbalan, créé et géré par une congrégation religieuse, faisait partie des propositions aux participants. Elle a permis, grâce à l’accueil et aux explications des responsables, de découvrir le travail remarquable de l’équipe de cette structure de 12 places : elle accueille des jeunes femmes victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle, étrangères sans autorisation de séjour, exploitées parfois déjà dans d’autres pays. Le Foyer fait face à l’urgence, recevant des personnes envoyées par les services de police ou par des associations. Grâce à son équipe pluridisciplinaire, il assure un accompagnement de la personne pour l’aider à se stabiliser et à devenir autonome.

L’intervention de M. Charpenel, avocat général près la Cour de Cassation, a rappelé que les acteurs de la traite sont peu condamnés en France, alors que, selon la législation internationale, la traite est un crime, même si la victime est consentante. Il n’y a chaque année que 500 condamnations pour proxénétisme aggravé, dont 20% concernent des proxénètes de mineurs.

En 2011, la peine moyenne pour proxénétisme aggravé n’était que de 3 ans de prison, l’amende de 7000 euros, alors que l’exploitation d’un enfant rapporte 150 000 euros par an à son proxénète.

Enfin, Caritas Europa a fait des propositions concernant la sensibilisation du grand public à la traite des mineurs mais aussi la prévention, la signalisation des enfants et leur réinsertion, en insistant sur les nécessaires formations spécifiques pour les travailleurs sociaux et médicaux, la police, la gendarmerie et les magistrats.

Observatoire Pharos

Il s’agit d’un observatoire du pluralisme des cultures et des religions. Son site internet trilingue propose, pays par pays, des informations sur l’état du pluralisme culturel et religieux.

www.observatoirepharos.com

« Le Venezuela est marqué par un important métissage ethnique, culturel et religieux se développant sur fond de coexistence pacifique des différents groupes, d’une part et de flexibilité des pratiques, d’autre part. (…Les systèmes religieux qui cohabitent au Venezuela n’échappent pas au phénomène de bipolarisation de la vie politique qui traverse l’ensemble de la société. Les affaires religieuses se situent aujourd’hui au cœur du politique. Elles sont l’objet de débats et de confrontations, dont les relations tendues entre le président et la haute hiérarchie de l’Eglise catholique sont emblématiques. »