Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

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Les dettes de la France et d’autres pays se sont invitées dans la récente campagne électorale. Les tensions qui touchent des pays européens s’exacerbent et leurs financements extérieurs sont menacés.

Notre dette souveraine remonte au premier choc pétrolier, l’Etat ayant été dans l’incapacité depuis lors d’avoir un seul budget en excédent. D’un surplus de l’ordre de 1% du PIB dans les années 60, nous avons basculé dans l’accoutumance au déficit.En 2012, la dette française s’élève à 86% du PIB, alors qu’elle n’est qu’un impôt différé.

La crise économique des années 70 résulte des deux chocs pétroliers de 1973 et de 1979-81 qui frappent les économies occidentales, ébranlent les finances publiques et pérennisent un chômage de masse. Et « installent» la dette souveraine. Le recul permet de reconsidérer l’impact de ces chocs macroéconomiques : une croissance mondiale du PIB par habitant de plus de 3,5% dans les années 60, de 2% dans les années 70, puis de 1,5% entre 1980 et 2010. La décélération est encore plus forte pour les pays riches. Nous avons préféré l’ignorer, et même opérer le transfert de la dette sur nos enfants et petits-enfants

Dès 1973 en France, la réaction est pourtant à la mesure de la menace pétrolière, avec un plan d’équipement électronucléaire massif et une mobilisation du pays pour concentrer l’utilisation du pétrole là où il n’est pas substituable, le transport, où il couvre 95% des besoins. Pour autant, notre dette chronique n’a pas financé que des infrastructures d’avenir. Elle fut aussi voulue comme amortisseur social face à la violence du choc. Pensée comme transitoire,elle devait être soldée par l’impôt avec le retour de la croissance.

Cette dette pérennisée va nécessiter une finance modernisée. Après le second choc pétrolier, politiques et économistes valident ce recours quasi permanent à l’épargne extérieure pour financer les déséquilibres budgétaires. Il faut séduire ceux qui acceptent de faire crédit à l’Etat et optimiser la gestion de cette dette, grâce à des marchés financiers attractifs, modernisés, dynamiques : le fameux leitmotiv des années 80,« déréglementer, décloisonner ; désintermédier » !

Voilà,dans les années 80,la finance moderne installée, ses outils justifiés, ses prises de risques encouragées, à qui l’on va demander année après année de financer ces accumulations de dettes, grâce à un levier financier de plus en plus irresponsable. Et cet aveuglement, cette « préférence pour le présent »ne s’appliquera pas qu’aux dettes des Etats, mais aussi aux particuliers avec les « subprimes »(prêts risqués) américains, ou aux entreprises avec les LBO (rachat d’entreprise par effet de levier, c’est-à-dire par recours à un fort endettement bancaire),à l’immobilier avec les bulles spéculatives, en Espagne et en Irlande.

Cette économie de dette généralisée reposait donc sur un pari : la croissance espérée qui aurait justifié ce gigantesque transfert sur les générations futures, supposées devenir plus riches. Le contre-choc pétrolier et les prix bas du pétrole entre 1985 et 2002 ont pu nous bercer d’illusions : nous avons « oublié » les limites géologiques de cette ressource.

Et voici soudain que le pétrole supposé abondant ne l’est plus. Que la Chine et les autres pays émergents,pour aider leurs pauvres,demandent légitimement année après année leur part des ressources en énergies fossiles. Qu’il faut investir 235 milliards de dollars sur 5 ans pour aller chercher de l’or noir au large du Brésil –c’est-à-dire plus que les 185 Milliards dépensés par les Etats Unis pour envoyer un homme sur la lune !-,qu’il faut destiner plus de 40% des surfaces de maïs américain à la production de biocarburants pour faire rouler les voitures.

Avec un accès au pétrole et à l’énergie qui se complique, avec une panne de croissance et une crise de confiance qui s’étend à toute la finance, il n’est plus possible de reporter une partie des problèmes sur les générations futures. Le temps semble venu d’un effort d’adaptation accompagné d’une vraie solidarité.Chez nous et à l’égard du monde.

Mgr Macram Max Massis, évêque d’El Obeid (République du Soudan), vient de faire un bref passage à Paris, étape d’un voyage qui l’a mené à New York (Nations Unies), Dublin, Londres et Bruxelles.

Justice et Paix-France, qui l’a rencontré, souhaite rendre compte d’un appel lancé, en avril dernier, par son diocèse.

Depuis près d’un an, les hostilités ont éclaté, dans les Monts Nouba, (Etat du Sud-Kordofan), entre l’armée de la République du Soudan et la branche nord du Mouvement de libération des peuples du Soudan.

La population civile de la région a été sévèrement bombardée, et l’on estime que plusieurs centaines de personnes ont été tuées ; plus nombreux encore sont les blessés et les déplacés à cause des combats.

La plupart des cultures n’ayant pas été menées à bien dans ces conditions, on craint une crise des subsistances dans la région.

Tant l’insécurité que les barrages imposés par le Gouvernement du Soudan continuent à empêcher tout accès des organisations humanitaires internationales aux Etats du Sud Kordofan et du Nil Bleu.

Devant cette situation de crise humanitaire dans les Monts Nouba, le diocèse d’El Obeid en appelle au Conseil de Sécurité de l’ONU, à l’Union Africaine, à la Ligue arabe, à l’IGAD (Inter Governmental Authority for Devlopment), à l’Union européenne et à ses Etats membres, ainsi qu’à l’ensemble de la communauté internationale, pour demander à toutes les parties au conflit un arrêt immédiat des opérations militaires, notamment des bombardements aériens. Toutes les attaques contre les civils doivent cesser, et toutes les mesures nécessaires devront être prises pour les protéger de toute violence directe et indirecte, y compris les violences faites aux femmes.

Devant les besoins humanitaires immédiats et criants de la population concernée, dans le Sud Kordofan en général et les Monts Nouba en particulier, le diocèse d’El Obeid appelle le gouvernement du Soudan et toutes les parties impliquées à remplir leurs obligations envers la loi et à permettre aux organisations humanitaires internationales un libre accès aux civils afin d’apporter assistance rapidement à tous ceux qui en ont besoin.

Enfin, le message du diocèse s’adresse à toutes les parties en conflit pour leur demander de chercher une solution pacifique, conforme à ce qui a été décidé dans le Protocole de résolution du conflit dans les Etats du Sud Kordofan et du Nil Bleu, inclus dans l’Accord total de Paix de 2004.

Il insiste pour que les consultations populaires confirment une solution politique définitive qui respecte la volonté du peuple Nouba.