Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

Télécharger la Lettre n°304 septembre 2024  (PDF)   

A coup sûr : NON, s’il s’agit d’évoquer un événement passé, même heureux, dont on peut parler avec nostalgie, mais qui est radicalement terminé.

Il ne faut pas se souvenir, il faut faire mémoire. Ce terme cher aux chrétiens évoque un événement qui ne finit pas, qui continue à donner de la vie, à irriguer le présent. C’est une sève active à travers ce qui se vit dans l’actualité même si celle-ci ne ressemble pas au moment fondateur et si les contextes et les mentalités changent. Il faut faire mémoire du Concile Vatican 2. Mais de quoi ?

D’abord de la réunion de 2381 évêques et cardinaux qui manifestaient l’universalité de l’Eglise. Pour la première fois les Européens ne représentaient plus que 37% des participants et les pays du Sud devenaient une force. La diversité des situations dans l’Eglise et les débats qui se sont esquissés constituent un appel qui résonne encore pour que nous sortions de nos prés carrés, pour que les défis de l’Eglise du monde entier nous interrogent et que nos actions nées de la foi aient une couleur universelle ou pour le moins que l’européocentrisme ne soit plus prédominant et incontesté.

Faire mémoire aussi des 53 observateurs chrétiens non catholiques (dont le nombre doublera à la fin du concile), présence qui indique une volonté de se désenclaver. L’Eglise est un lieu de dialogue avec les autres croyants, avec le monde dans sa diversité économique et culturelle et avec toutes les personnes de bonne volonté. Ce dialogue postule l’écoute et une analyse sérieuse des signes des temps. Cette attitude reste fondamentale, au-delà même de l’œcuménisme, et conduit à de nouveaux chantiers pour l’évangélisation contemporaine, inséparable de l’engagement pour la justice et la paix, pour la diaconie ou encore le développement solidaire et durable.

Faire mémoire encore des 40 auditeurs laïcs, dont 7 femmes… Ce chiffre est trop modeste, mais il suggère une amorce qui ira en s’amplifiant à mesure que la dynamique de Vatican 2 s’enracinera pour que l’Eglise relève vraiment les défis de son temps. Ce sont tous les croyants qui constituent le peuple de Dieu, selon les textes de Vatican 2 et ils ont la responsabilité de faire de l’Eglise un lieu de vitalité pour le monde. Cette tâche nous mobilise encore tant dans la dimension diaconale, que liturgique et kérygmatique (la doctrine) selon la terminologie de Benoit XVI (Deus caritas est, 2005).

Faire mémoire enfin d’un homme, Paul VI (1897-1978), qui a repris le flambeau de son prédécesseur Jean XXIII pour relancer l’Eglise à la rencontre des humains afin de leur offrir la Bonne Nouvelle du salut. C’est ce qui aujourd’hui s’appelle « Nouvelle Evangélisation » pour souligner que le travail reste encore à faire, avec son exigence d’inculturation à la modernité.

Ces données inscrivent Vatican II dans un mouvement historique plus large encore que l’ouverture proposée par les textes qui ont été produits au cours du Concile et dont la lecture et la discussion restent encore stimulantes. La confrontation de ces textes avec les réalités contemporaines, ouvre des perspectives pour  devenir davantage des témoins du Christ.

Aujourd’hui, l’ampleur en Europe, mais aussi en Amérique, de la sécularisation et de la déchristianisation, les transformations culturelles induites par la mondialisation, le désenchantement du monde (autant par rapport à l’idée de progrès que par rapport au catholicisme) organisent une « nouvelle donne » dans la société contemporaine. La mémoire du Concile n’en est pas disqualifiée ni obsolète ; au contraire elle invite à approfondir une manière d’être un chrétien qui aime dans un même mouvement Dieu et le monde.

REPERES

Quelques textes majeurs

Ecclesiam suam : 1962 sur l’Eglise comme lieu de dialogue

Nostra aetate : 1965   sur le dialogue avec les religions non chrétiennes

Lumen gentium : 1964 sur l’Eglise peuple de Dieu

Gaudium et spes : 1965 sur le rôle de l’Eglise dans le monde, sur les signes des temps

Perfectae caritatis : 1965 sur la vie religieuse

Le monde musulman s’est enflammé une fois encore à la seule vue de quelques extraits d’un mauvais film américain, jugé offensant par beaucoup de musulmans.

Au-delà des violences inutiles qui en résultent, l’incident n’aide pas à comprendre ce qui se passe dans les pays du « printemps arabe ». Il tend, au contraire, à confirmer les analyses pessimistes de ceux qui n’y voient qu’une victoire bien inquiétante de l’islamisme. Inquiétante, car, selon certains, nous ne vivrions là qu’une étape vers une emprise qui, à terme, devrait toucher l’Occident. Il est urgent de tenter de présenter un point de vue un peu plus serein, qui ne cache pas des inquiétudes légitimes.

Le goût de la liberté

 

On a du mal à réaliser qu’il y a moins de deux ans l’Égypte était et semblait condamnée à vivre encore longtemps sous un régime politique autoritaire installé depuis Nasser, c’est-à-dire près de 60 ans.  En 18 jours, ce régime s’est écroulé sous une double pression[1] :

  • Le régime de Moubarak, comme celui de Ben Ali, était un régime usé. L’idéologie politique sur laquelle il reposait avait eu son heure de gloire : Nasser savait mobiliser les foules autour des thèmes de l’Indépendance nationale, du panarabisme, de la libération du colonialisme et du sous-développement. Le peuple y croyait, mais ce discours politique a fait long feu, prolongé sans succès par des leaders sans charisme. Ces régimes politiques arabes n’ont tenu des décennies que grâce à de puissants systèmes de répression, appuyés par le parti unique et la corruption. Ils sont tombés en même temps, non par mimétisme, mais comme les fruits mûrs (ou pourris) d’un arbre.

 

  • Privés de débat politique, les Égyptiens comme les Tunisiens n’en étaient pas moins insérés dans une culture mondialisée. Chaque jour, les chaînes satellitaires, Internet, facebook, etc., font entrer dans toutes les familles, fussent-elles islamistes, des images d’une autre vie, dans des pays où la liberté et le droit au débat sont des acquis pour tous. Des régimes aussi usés ne pouvaient pas résister longtemps à une telle pression, surtout quand, dans un pays, 60% de la population a moins de 20 ans.

 

La nuit du départ de Moubarak, le peuple égyptien a chaviré de bonheur, toutes classes sociales confondues ou presque. Peu de gens regrettent le régime déchu. Les incertitudes du moment ne doivent pas nous faire oublier la victoire populaire que représentent la fin de la peur et la découverte de la liberté. À terme, ce passage d’une problématique de la libération –qui était une aspiration collective- à une expérience de la liberté –qui est une expérience du sujet- pourrait bien être une irruption réelle de la modernité dans des sociétés encore très traditionnelles. On n’est donc qu’au début d’un profond changement de société. Telle est en tout cas l’hypothèse ici présentée.

 

Le temps de la politique

 

Les lampions de la fête furent vite éteints. On est alors entré dans la complexité de la politique. Abandonné à la hâte par ses détenteurs, le pouvoir politique a été remis provisoirement à un Conseil supérieur des forces armées (CSFA) qui a tenté de gérer l’interim et de préserver au maximum les intérêts et privilèges d’une armée au pouvoir depuis des décennies.

 

  • La première tâche fut de modifier une Constitution révisée il y a quelques années pour garantir l’accès du pouvoir de Gamal Moubarak, fils du président. Libéraux et islamistes se sont affrontés sur l’opportunité de la refaire complètement ou, au contraire, de n’en modifier provisoirement que quelques articles. C’est cette solution qui l’a emporté par référendum, le 19 mars 2011. Mais, du coup, la refonte de la Constitution a été remise à plus tard, au risque –et c’est le problème du moment- de ne plus bien savoir qui a la légitimité pour la rédiger.

 

  • La seconde étape importante de la transition a été, en effet, celle des élections législatives. Celles-ci ont eu lieu entre novembre 2011 et janvier 2012 et ont porté au pouvoir une large majorité islamiste dont la composition a surpris. Les 47% obtenus par le Parti Liberté et Justice des Frères musulmans étaient attendus, car on savait la confrérie très structurée par des décennies de clandestinité et de résistance à la répression. En revanche, l’irruption des salafistes qui ont obtenu 24% des sièges a été un choc que peu de politologues ou de diplomates avaient prévu. Entrés en politique il y a moins d’un an –l’idéologie salafiste classique préconise de se tenir à l’écart de la politique qui est le monde de la compromission-, les salafistes ont gagné une large audience dans les couches populaires de la population, grâce à l’appui financier des pays du Golfe, que le régime de Moubarak a laissé faire, estimant que ce rigorisme religieux n’était pas un réel risque politique, contrairement aux Frères musulmans, qu’il a systématiquement et méthodiquement réprimés[2]. Les partis libéraux, eux, ont fait un piètre score, comme en Tunisie, n’ayant pas su s’unir autour de plateformes politiques et de nouveaux leaders. Ils peinent aujourd’hui à faire entendre leurs voix dans une Assemblée du Peuple où les islamistes, toutes tendances confondues, représentent 76 % des sièges.

 

  • La troisième étape marquante de la transition a été l’élection présidentielle de juin 2012 qui a amené au pouvoir un membre de la confrérie des Frères musulmans, Mohamed Morsi. La campagne qui a précédé l’élection a été riche en surprises : mise hors jeu par la Commission électorale de candidats de premier plan comme Khairat al-Chater, premier candidat des Frères musulmans, ou Omar Souleymane, candidat de dernière minute des partisans de l’ancien régime. Même Amr Moussa, célèbre ancien ministre des Affaires étrangères et secrétaire général de la Ligue arabe, n’est pas parvenu au second tour, surclassé par un général sans charisme, Ahmed Chafiq, pour qui beaucoup de libéraux et de coptes ont voté, par défaut.

 

  • Moqué parce qu’il n’était que « la roue de secours » de la confrérie, le candidat élu, Mohamed Morsi, s’est très vite employé à récupérer un pouvoir politique que les militaires du CSFA avaient tenté in extremis de lui confisquer. Il a habilement écarté et mis à la retraite le maréchal Tantaoui, inamovible ministre de la Défense, et refusé la Déclaration constitutionnelle que les militaires avaient proclamée à quelques jours de la passation du pouvoir des militaires aux civils, fin juin 2012. Celle-ci ôtait au président de la République des pouvoirs qu’il s’est empressé de récupérer, montrant en cela une réelle habileté politique.

 

  • On ne sait guère, en revanche, quelles seront les attributions du Président et les équilibres futurs du pouvoir politique, la rédaction d’une nouvelle Constitution se révélant laborieuse. Une Assemblée constituante de 100 membres mise en place au printemps a vite été dissoute devant la partialité de sa composition. Forts de leur victoire électorale massive, les islamistes avaient revendiqué  70 % des sièges, ce qui a vite poussé à la démission les libéraux, les Coptes, puis les magistrats de la Haute Cour Constitutionnelle, et même les religieux d’al-Azhar. Une seconde Assemblée, plus équilibrée, travaille actuellement à un projet de Constitution promis pour fin septembre, mais ces débats, pourtant essentiels, sont loin de passionner une opinion publique qui a, aujourd’hui, bien d’autres préoccupations.

Les saveurs douces-amères de la Révolution

 

Il est prématuré de juger une transition politique qui n’a que quelques mois. On peut, néanmoins, esquisser quelques éléments d’un premier bilan :

  • Comme dans beaucoup d’autres révolutions, l’enthousiasme de ceux qui ont été les principaux hérauts du changement s’est largement envolé. En grande partie, parce que la jeunesse de Tahrir n’a pas su ni pu transformer ses aspirations en une expression politique structurée et organisée. La place Tahrir est restée occupée plusieurs mois par quelques groupes irréductibles, mais leurs baraques et leurs slogans avaient un côté naufragé qui contrastait avec l’enthousiasme et la créativité de janvier-février 2011, où l’humour égyptien a déployé toutes ses ressources. Il reste que le nouveau pouvoir devra entendre cette aspiration à la liberté, au débat politique, à l’initiative de la base, dans une société où l’essentiel reste aux mains d’une administration et d’un personnel politique habitués à des fonctionnements aujourd’hui récusés.

 

  • Désormais, c’est tout le peuple égyptien qui a pris goût à la liberté, et cela est un acquis immense. Aux législatives et, à un moindre degré aux présidentielles, les Égyptiens ont voté avec enthousiasme. Pour la plupart d’entre eux, c’était la première fois de leur vie : avant, voter ne servait à rien, puisque les résultats étaient toujours falsifiés. Ce droit à la parole s’exprime également dans les nombreuses grèves qui agitent le pays depuis des mois, touchant toutes les catégories socioprofessionnelles : policiers, enseignants, personnel d’Egyptair, chauffeurs de bus, dockers. Les revendications sont souvent légitimes, mais la première d’entre elles c’est le droit de pouvoir discuter, négocier avec une direction qui jusqu’ici ne réagissait que par la répression. Un énorme chantier social est  ouvert ici.

 

  • Sous l’effet conjugué de tous ces évènements, l’économie égyptienne a beaucoup souffert. Le taux de croissance du PIB est tombé de plus de 5,1% en 2010 à 1,8% en 2012. Le tourisme, bien sûr, a pâti de l’instabilité politique, mais c’est surtout le quasi arrêt de l’investissement direct étranger qui pénalise l’économie. Cela représentait près de 15 milliards de dollars par an. Ce ralentissement a pour conséquences la montée du chômage et un renvoi à plus tard de beaucoup de projets ; les entreprises étrangères ou multinationales ne veulent pas quitter l’Égypte qui est, à terme, un énorme marché potentiel, mais elles attendent une stabilisation de la situation pour investir à nouveau. Les caisses de l’État sont maintenant presque vides et des emprunts massifs doivent être envisagés, auprès du FMI en particulier.

 

  • L’homme de la rue se plaindra aussi volontiers d’une insécurité qu’il ne connaissait pas jusque- là. Le régime déchu s’appuyait sur une police nombreuse et qui avait tous les droits. Ceux-ci lui étaient garantis par la reconduction tous les deux de l’état d’urgence décrété après l’assassinat de Sadate en 1981. Cette législation d’exception permettait d’arrêter et de détenir quiconque sans mandat d’arrêt. Forte de ses privilèges, la police n’hésitait pas à rançonner la population, voire même à torturer, ce qui est apparu au grand jour avec l’assassinat du jeune Khaled Saïd dans un commissariat de police d’Alexandrie, en juin 2010. Depuis la chute de Moubarak, effrayée de devoir payer ses exactions passées, la police se montre très peu dans l’espace public. D’où l’apparition d’une certaine délinquance, aggravée par les trafics d’armes provenant de Libye. Restaurer l’ordre public dans un État de droit est une des tâches prioritaires du nouveau régime.

On pourrait continuer la liste des impressions du peuple égyptien, dix-huit mois après la chute de Moubarak. Il y a de nombreux facteurs d’inquiétudes, du côté de l’économie et du social, en particulier, mais le pire a, pour le moment, été évité.

 

Révolution politique ou révolution culturelle ?

 

Le ton dominant de beaucoup d’analystes étrangers est pessimiste : pour beaucoup, le « printemps arabe » serait déjà devenu un « hiver islamiste ». C’est également la conviction d’une partie significative de la communauté copte d’Égypte -10 % de la population- qui craint de voir son statut encore plus fragilisé. Trancher si nettement c’est oublier que l’on est seulement au début d’un processus de transformation qui prendra des décennies[3]. Processus largement initié par une jeunesse mondialisée qui a révélé au grand jour la modernisation en cours des sociétés du sud de la Méditerranée.

Grisés par leur victoire électorale massive, les Frères musulmans sont tentés d’accaparer tous les postes pour promouvoir au plus vite l’État islamique dont ils rêvent. Leurs concurrents salafistes les entraînent volontiers sur le terrain de la surenchère religieuse. Suivre cette pente est un risque politique car le peuple égyptien attend des réponses sur le terrain de l’emploi, de la qualité des hôpitaux et des écoles, d’un mieux-être au quotidien et c’est à cette aune-là qu’il jugera ses nouveaux dirigeants. Ne pas l’entendre fera le jeu des extrémistes[4].

La Révolution en cours est autant culturelle que politique ; elle est porteuse d’une grande revendication de dignité et de citoyenneté[5]. La société civile, trop longtemps brimée et étouffée par un régime autoritaire et liberticide, ne demande qu’à mettre en œuvre les espérances qui sont nées à Tahrir. La classe politique égyptienne, toutes tendances confondues, a encore beaucoup de  chemin à faire pour entendre une telle attente et savoir y répondre.

[1] Pour un rappel des grandes dates de la chute du régime de Moubarak, on peut consulter Claude Guibal -Tangui Salaün, Tahrir, anatomie d’une Révolution, Seuil, 2011, 243 p.

[2] Pour une introduction, voir Bernard Rougier, Qu’est-ce que le salafisme ?, Paris, PUF, 2008, 271 p. ; Samir Amghar, Le salafisme aujourd’hui, Mouvements sectaires en Occident, Paris, Michalon éditions, 2011, 284 p.

[3] Cf. Bertrand BADIE, « Le printemps arabe : un commencement », Études, juillet-août 2011, p. 7-18.

[4] Cf. Gilles Kepel « Si les élites arabes négligent le social, l’ombre du 11 septembre se propagera », Le Monde, 18 septembre 2012.

[5] Cf. l’ouvrage d’Akram BELKAÏD, Être arabe aujourd’hui, Carnets Nord, 2011, 298 p.