Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

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[The Conversation]

S’il est toujours délicat d’affirmer qu’un pays est démocratique ou non, et dans quelle mesure, de nombreuses organisations s’efforcent de classer les États du monde selon leur niveau de démocratie. Ces classements diffèrent légèrement l’un de l’autre, mais l’on constate globalement que, sur les 193 membres de l’ONU, environ la moitié sont généralement considérés comme étant non démocratiques.
Parmi ces régimes non démocratiques, certains jouent, de façon constante ou plus ponctuelle, un rôle majeur au sein des Nations unies : la Russie et la Chine, bien sûr, membres permanents du Conseil de sécurité, mais aussi, par exemple, l’Arabie saoudite, qui a pu il y a quelques années placer un de ses diplomates à la tête du panel du Conseil des droits de l’homme, ou l’Iran, qui a été élu en 2021 à la Commission de la condition de la femme, avant d’en être exclu en décembre 2022, du fait du déchaînement de violence du régime contre un mouvement de contestation interne qui exigeait notamment davantage de liberté pour les Iraniennes.

Aujourd’hui, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU, organe dont on pourrait s’attendre à ce qu’il n’accueille que des pays exemplaires en matière de droits humains, compte parmi ses 47 États membres, élus par l’Assemblée générale pour des périodes de trois ans, la Chine, Cuba, le Gabon, la Russie, l’Érythrée, le Qatar ou encore les Émirats arabes unis…

Est-ce à dire que l’ONU et ses organes ne sont pas démocratiques ?

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En Méditerranée, les chiffres s’alignent, terrifiants. Ce 14 juin, 78 morts et des centaines de disparus. Selon l’Organisation Internationale des Migrations, depuis 2014, plus de 27 000 personnes ont disparu en Méditerranée.

En étudiant certaines prises de parole du Saint-Père sur les dernières années et les contributions du Saint-Siège au Forum Mondial de l’Eau (Dakar, mars 2022) et à la grande Conférence de l’ONU sur l’Eau (New York, mars 2023), l’on peut dégager deux points névralgiques.

Le 1er point est l’accès à l’eau potable. En 2015, Laudato si’ insistait sur le droit humain fondamental et universel d’y accéder, en enchâssant ce droit dans la vision intégrale caractérisant l’encyclique : tendance à traiter l’eau comme une simple marchandise ; dégradation de la qualité ; besoin d’investissements, d’efforts culturels et éducatifs ; liens avec les sujets de la pauvreté, du gaspillage et de l’hygiène. Environ 2 milliards de personnes n’ont pas un accès à l’eau potable adéquat. Elles consomment plus ou moins fréquemment de l’eau qui se trouve loin, ou non potable, ou très chère, ou insuffisante, ou accessible dans des conditions dangereuses. Alors, quand la réalisation universelle de ce droit recevra-t-elle la priorité et les moyens qu’elle mérite ?

Le 2e point concerne la vision de l’eau (pas uniquement l’eau potable) comme ‘un bien commun. Un bien créé par Dieu, à destination universelle (ce qui inclut les futures générations), à partager entre tous et à gérer en commun (par opposition à un bien que l’on pourrait s’accaparer, ou qui serait géré par les plus puissants et selon leurs intérêts uniquement). Cela interpelle qui réfléchit à la gouvernance hydrique, notamment aux mécanismes participatifs et juridiques régissant l’accès à une source, une rivière, un lac transnational. Cheminer vers une telle vision de l’eau et s’efforcer de la gérer en commun est, indéniablement, une belle contribution à la paix.

L’eau irrigue le message du Pape pour la prochaine Journée de prière pour la création (1er septembre) inspiré par Amos « Que le droit jaillisse comme une source ; la justice, comme un torrent qui ne tarit jamais » et dans lequel se mêlent écologie et justice sociale. C’est le chemin ˗ ou canal ˗ à suivre.

Pour aller plus loin : les Orientations du Dicastère,  Aqua fons vitae (2020)