Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

Télécharger la Lettre n°304 septembre 2024  (PDF)   

En réponse à une légitime curiosité : pourquoi # DIÈSE ? Il s’agit simplement de l’acronyme du titre : Dossier d’Information Éthique Sociale en Église.
Et on enclenche une petite musique…

1 – Au matin de Pâques, une invitation à ouvrir les yeux et le cœur.
Pape François, encyclique Laudato si’ : « Prêter attention à la beauté, et l’aimer, nous aide à sortir du pragmatisme utilitariste. Quand quelqu’un n’apprend pas à s’arrêter pour observer et pour évaluer ce qui est beau, il n’est pas étonnant que tout devienne pour lui objet d’usage et d’abus sans scrupule. » § 215
« L’amour fraternel ne peut être que gratuit. (…) Cette même gratuité nous amène à aimer et à accepter le vent, le soleil ou les nuages, bien qu’ils ne se soumettent pas à notre contrôle. Voilà pourquoi nous pouvons parler d’une fraternité universelle. » § 228
Il ne s’agit point de mettre en concurrence le rapport à la nature et les relations entre nous humains. Il s’agit plutôt de passer d’une attitude d’emprise et de domination,  à une relation responsable et pacifiée : prendre soin !

 2 – Migrations, un livre : François HÉRAN, Immigration : le grand déni, Seuil, 2023.
* En août dernier, DIÈSE signalait que près d’1/3 des adultes vivant en France étaient eux-mêmes immigrés, ou comptaient au moins un parent ou un grand parent immigré. Ce chiffre avait provoqué des interrogations : était-il exagéré ? F. Héran confirme (p. 74) le chiffre de 31%. Mais 5% seulement ont quatre grands parents immigrés, ce qui veut dire que les unions « mixtes » sont largement majoritaires, dès la deuxième génération. L’image d’îlots « ethniques » refermés sur eux-mêmes, dans une sorte de séparatisme, ne correspond pas à la réalité.
* Le spectre d’un « grand remplacement » joue sur les peurs à l’égard de « l’autre », avec des effets politiques inquiétants ; de tels propos alarmistes entretiennent un climat de défiance et fracturent encore plus une société déjà bien émiettée.
En attendant, on semble prendre son parti de la tragédie des morts aux frontières : plus de 50 000 dans le monde entre 2014 et 2022 (p. 139). F. Héran évoque aussi le projet de loi envisagé, rappelant que depuis 1986 il y eut en moyenne une loi tous les 18 mois ! Au risque de rajouter à chaque fois une pièce dans la machine à peurs…
* À l’échelle du monde, il y a une progression notable des migrations depuis 20 ans, mais le plus grand nombre se déplace à l’intérieur de son propre pays, ou dans un pays proche (ex. au Proche Orient, en Afrique). L’augmentation de l’arrivée de migrants en France est plus faible que dans la plupart des pays occidentaux. Eh oui, on bouge de plus en plus ; y compris des Français qui partent vivre à l’étranger (estimation : 2,5 millions). Dans notre pays, le plus grand nombre de titres de séjours concerne des étudiants ; il serait désolant de considérer l’accueil d’étudiants étrangers comme un malheur !
* Positivement, la société française a intégré en continu des populations venant d’ailleurs. On sait bien que d’actuelles grandes figures politiques, médiatiques, culturelles sont issues de l’immigration. Nous savons aussi que bien des tâches parmi les plus ingrates sont assurées par des personnes migrantes, certaines étant d’autant plus fragiles qu’elles n’ont pas de papiers ! Venir d’ailleurs n’est ni un défaut, ni une qualité a priori. Il reste un défi de part et d’autre : vouloir vivre ensemble.
Le journal La Croix du 31 mars a consacré un dossier aux rapports entre immigration et paysage religieux.

3 – Concernant la guerre en Ukraine, un édito de Dominique QUINIO, Lettre de Justice et Paix, mars 2023 (on peut le consulter sur le site de Justice et Paix France).
Elle note « le gâchis immense d’une année de guerre, malgré l’impressionnante résistance du peuple ukrainien. (…) Nul à ce jour ne peut dire comment cette guerre finira. (…) Pour cette Ukraine ‘martyrisée’, selon les mots du pape François, notre aide, militaire et économique, indispensable, doit aussi préparer l’après-guerre et la construction de la paix. »
Deux remarques. La guerre est toujours abominable, cause d’immenses souffrances. On ne peut la considérer comme une manière normale de régler les tensions entre nations ou les injustices dans un pays. La capacité destructrice des armes actuelles, dont la menace nucléaire, oblige à envisager des programmes ambitieux au service de la paix ; on ne peut se satisfaire de l’actuelle course aux armements.

4 – Des libertés entravées en de nombreux pays, notamment la liberté religieuse.
On estime qu’un chrétien sur sept (des différentes confessions) ne peut exprimer et pratiquer normalement sa foi sans mettre en danger sa sécurité. Il serait naïf de considérer que, dans notre monde, les droits humains fondamentaux se trouvent largement reconnus et promus ! Où en est l’éducation aux droits de l’homme ? On risque toujours de s’y référer pour réclamer un avantage individuel, oubliant que revendiquer des droits pour soi oblige à les promouvoir au profit des autres, quelle que soit leur origine, leur statut, leur croyance. La liberté religieuse est l’un des marqueurs significatifs du respect ou du déni de ces droits. À l’inverse d’une idée selon laquelle toute religion serait forcément intolérante, il est bon de relire l’invitation au dialogue dans les encycliques Laudato si’ et Fratelli tutti de François.

5 – Les risques d’une société fragmentée, avec des images en continu de violences physiques et des sons saturés de violences verbales… La qualité de la vie commune dépend de chacun des citoyens. Notre mémoire officielle comprend la référence à la fraternité : qu’en faisons-nous ? Nous disposons du langage qui permet d’exprimer même nos divergences, c’est la chance d’une démocratie, mais avec des arguments de raison et non avec des slogans qui cherchent à disqualifier et à humilier l’adversaire.
On est aussi en droit d’attendre une certaine exemplarité de la part de ceux qui ont en charge la vie publique : on attend qu’ils évitent de se considérer comme dotés d’une science infuse, au point de ne reconnaître que des erreurs de « pédagogie » (science de l’éducation des enfants !). L’écoute des corps intermédiaires, l’attention aux populations les plus fragiles font partie d’une saine vie démocratique. Quant aux citoyens, ils ont aussi la responsabilité d’une vie commune solidaire, pacifiée, fraternelle. La réduction de nos rapports entre citoyens au seul critère de la recherche par chacun de ses intérêts individuels, voire de ses envies,  apparaît lourde de violence.

6 – Chers lecteurs, une bonne surprise pourrait bien vous être annoncée dans les jours à venir…

André Talbot

Télécharger le n°55 avril 2023  (PDF)

Parce que la violence semble devenir un mode de réponse aux désaccords, à l’appauvrissement de l’expression et des nuances, les discours de haine prennent une place de plus en plus importante dans notre vie sociale et dans la vie politique.
Qu’entend-on exactement par « discours de haine » ? Comment ces discours se manifestent-ils et par quels canaux sont-ils véhiculés ? Quelles en sont les origines et comment agir pour sensibiliser et outiller les jeunes générations pour mieux y répondre ? 
En réunissant des juristes, des universitaires, des journalistes, des représentants de la classe politique et des milieux associatifs, Pax Christi et la Conférence des Religions pour la Paix, prétendront offrir par ce colloque, à toute personne de bonne volonté, des clefs d’analyse du phénomène et la possibilité de rencontrer des acteurs de terrain qui luttent pour déconstruire ces discours toxiques et ramener la paix dans les consciences et les relations interpersonnelles.

Lien d’inscription direct  ici

Sinon, faire un renvoi vers la page Pax Christi ici pour avoir accès aux informations et à l’inscription.

Vivre, parler et agir sans violence, ce n’est pas baisser les bras, ni perdre, ni renoncer à quoi que ce soit. C’est aspirer à tout.
Comme le disait Saint Jean XXIII, il y a 60 ans, dans l’encyclique Pacem in Terris, la guerre est une folie, elle dépasse toute raison.
Toute guerre, tout affrontement armé, se termine toujours par une défaite pour tous.
Développons une culture de la paix.
Rappelons-nous que même en cas de légitime défense, la paix est le but à atteindre. Et qu’une paix durable ne peut être qu’une paix sans armes.
Faisons de la non-violence, tant dans la vie quotidienne que dans les relations internationales, un guide pour nos actions.
Et prions pour une plus ample diffusion d’une culture de la non-violence, qui signifie un recours moindre aux armes de la part des États comme des citoyens.

 

Intention de prière  avril 2023     : Pour une culture de la non-violence