Anticatholicisme primaire…

Le 16 juillet 2021, paraissait la lettre apostolique sous forme de motu proprio du pape François, Traditionis Custodes, sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la réforme de 1970. Cette lettre limite l’usage des rites liturgiques de la messe dite tridentine (ou messe autorisée par le pape Jean XXIII en 1962) en conférant à l’évêque du lieu l’autorisation de célébrer selon cet usage, et non plus en laissant à des fidèles la possibilité de demander une telle célébration. Comme toujours en matière «inflammable» des rites liturgiques, les réactions des milieux dits «traditionalistes» ne se sont pas fait attendre. Plus curieusement, Michel Onfray, éloigné de toute pratique religieuse et de toute croyance, selon ses propres dires, a formulé une critique radicale de la décision papale, reproduite dans Le Figaro du 19 juillet. Texte si excessif qu’il réclame une répartie parce qu’il est révélateur d’une ambiance anticatholique délétère en France.

On savait déjà qu’on peut tout se permettre en matière de grossièretés contre le catholicisme. Mais l’article d’Onfray dépasse les bornes de la décence, de la sottise et de l’ignorance.

De la décence d’abord qui concerne aussi, et peut-être même essentiellement, une rédaction qui n’hésite pas à publier un tel texte, sans commentaire, sans explication, sans mise au point, ce qui revient à assumer pleinement les propos injurieux d’un polémiste. Indécence d’Onfray lui-même qui s’en prend au récent motu proprio en ne voyant dans les rites les plus sacrés (le sacrifice eucharistique, donc la messe) qu’un héritage à sauvegarder, un «patrimoine», alors qu’il s’agit d’un espace de louange et non d’un trésor à enfermer dans un musée. Or si le pape restreint fortement la pratique de la messe tridentine, il ne la supprime pas pour autant, mais il juge sa pratique habituelle contraire à l’unité de l’Église et autorisant toutes les oppositions au concile Vatican II. Onfray y voit une atteinte au patrimoine de notre civilisation : indécence d’un athée qui se permet des jugements déplacés et faux. Le «travail du pape », comme il dit vulgairement, est bien de veiller à l’unité et à mettre en garde contre les interprétations fallacieuses du Concile. Or, prétendre que ce Concile a «congédié tout sacré et toute transcendance» est une contre-vérité et une bêtise sans nom, à vrai dire un lieu commun répété sans intelligence. Il faut ne pas avoir lu les textes conciliaires pour avancer, sans preuves, une telle affirmation massive.

À l’indécence s’ajoute la sottise : celle qui reproduit les clichés les plus éculés, comme d’opposer …
(lire la suite dans la Revue Etudes de septembre 2021 )