Contre la traite des mineurs

A propos du colloque-séminaire international sur la pauvreté des enfants, organisé par Caritas Europa et le Secours catholique (Paris, 19, 20 et 21 novembre 2012).

Sur ce sujet, traité par de nombreuses et intéressantes interventions, notons quelques impressions.

Une représentante de l’Agence de protection de l’enfance en Bulgarie expliquait les difficultés particulières des enfants Roms, victimes du travail illégal des parents à l’étranger où ils sont aussi exploités. Quand ils restent au pays, gardés par exemple par leurs grands-parents, ils souffrent aussi de l’effondrement de la vie familiale. En Roumanie, les familles Roms sont coincées par des usuriers dont elles dépendent.

Lorsque les enfants sont victimes de traite et d’exploitation, souvent ils ne se voient pas comme victimes, et vivent des conflits de loyauté.

La représentante de Caritas Albanie a fait une forte impression en décrivant le travail de son organisation visant à changer l’attitude de parents se livrant consciemment au trafic de leurs enfants et à réintégrer les enfants des rues en les scolarisant. Ce dernier objectif suppose, pour que les enfants soient acceptés dans une classe, qu’ils soient d’abord en mesure de se laver et d’avoir des vêtements propres (d’où la nécessité de favoriser l’accès des familles pauvres à l’eau). Enfin, pour sensibiliser davantage la population (ce pays est l’un des pays d’origine de la traite), le thème de la traite des mineurs est abordé à l’école.

Un autre aspect du problème a été abordé notamment par les représentantes de l’association Esclavage Tolérance Zéro, qui s’intéresse au sort d’enfants exploités en France dans un milieu familial.  Ce sont souvent des enfants originaires de pays d’Afrique qui sont « confiés » à des familles habitant en France. Il s’agit d’un système, la « kefala », distinct de l’adoption, interdite par l’islam : l’enfant est sous l’autorité absolue de la famille qui l’exploite. Il arrive  que l’enfant, ne sortant jamais et vivant dans un milieu où on parle sa langue maternelle,  ignore même qu’il vit dans un autre pays que le sien.

La visite du Foyer Jorbalan, créé et géré par une congrégation religieuse, faisait partie des propositions aux participants. Elle a permis, grâce à l’accueil et aux explications des responsables, de découvrir le travail remarquable de l’équipe de cette structure de 12 places : elle accueille des jeunes femmes victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle, étrangères sans autorisation de séjour, exploitées parfois déjà dans d’autres pays. Le Foyer fait face à l’urgence, recevant des personnes envoyées par les services de police ou par des associations. Grâce à son équipe pluridisciplinaire, il assure un accompagnement de la personne pour l’aider à se stabiliser et à devenir autonome.

L’intervention de M. Charpenel, avocat général près la Cour de Cassation, a rappelé que les acteurs de la traite sont peu condamnés en France, alors que, selon la législation internationale, la traite est un crime, même si la victime est consentante. Il n’y a chaque année que 500 condamnations pour proxénétisme aggravé, dont 20% concernent des proxénètes de mineurs.

En 2011, la peine moyenne pour proxénétisme aggravé n’était que de 3 ans de prison, l’amende de 7000 euros, alors que l’exploitation d’un enfant rapporte 150 000 euros par an à son proxénète.

Enfin, Caritas Europa a fait des propositions concernant la sensibilisation du grand public à la traite des mineurs mais aussi la prévention, la signalisation des enfants et leur réinsertion, en insistant sur les nécessaires formations spécifiques pour les travailleurs sociaux et médicaux, la police, la gendarmerie et les magistrats.

Observatoire Pharos

Il s’agit d’un observatoire du pluralisme des cultures et des religions. Son site internet trilingue propose, pays par pays, des informations sur l’état du pluralisme culturel et religieux.

www.observatoirepharos.com

« Le Venezuela est marqué par un important métissage ethnique, culturel et religieux se développant sur fond de coexistence pacifique des différents groupes, d’une part et de flexibilité des pratiques, d’autre part. (…Les systèmes religieux qui cohabitent au Venezuela n’échappent pas au phénomène de bipolarisation de la vie politique qui traverse l’ensemble de la société. Les affaires religieuses se situent aujourd’hui au cœur du politique. Elles sont l’objet de débats et de confrontations, dont les relations tendues entre le président et la haute hiérarchie de l’Eglise catholique sont emblématiques. »