COP30 à Belém Do Pará : Un événement troublant et révélateur pour un pays

Du 10 au 21 novembre, la COP30 se tiendra dans la ville de Belém do Pará, en pleine forêt amazonienne. Le choix du Brésil comme pays hôte de la COP30 et celui de la ville de Belém comme lieu de l’événement n’ont pas été faits sans raison. Pour avoir une idée de la position stratégique du Brésil en termes de ressources naturelles, il suffit de dire qu’il détient 12 % de toute l’eau douce du monde et qu’il est donc le pays qui possède les plus grandes réserves d’eau de la planète. Depuis 2020, l’eau est devenue une matière première, c’est-à-dire un produit financier. À cette époque, le marché de l’eau atteignait déjà 665 milliards de dollars américains. Avec le changement climatique, la hausse du prix de l’eau devrait atteindre des niveaux records dans les prochaines décennies. Le problème réside dans la manière dont cette ressource naturelle fondamentale pour la vie humaine est exploitée et distribuée.

Les terres rares constituent un autre atout important. Elles sont essentielles au développement technologique, en particulier pour l’expansion et la maintenance de l’intelligence artificielle, le stockage de données et toute la gamme d’appareils qui nous connectent à Internet. Le Brésil détient la deuxième plus grande réserve mondiale de terres rares, avec d’importants gisements présents sur une grande partie de son territoire, en particulier dans la région amazonienne brésilienne.

Cependant, cette région est également celle qui abrite la plus grande forêt tropicale du monde, essentielle à l’équilibre écologique mondial. Ce bref aperçu démontre l’importance de l’Amazonie en matière socio-environnementale et nous permet de mieux comprendre les raisons qui ont conduit à choisir le Brésil, et plus précisément Belém do Pará, pour accueillir la COP30.

L’attention internationale s’est tournée vers cette ville, et de manière analogue vers le nord du pays, à l’époque du cycle du caoutchouc (fin du XIXe siècle et début du XXe siècle), et elle reste, jusqu’à aujourd’hui, sous la forme d’intérêts liés à l’exploitation forestière. En résumé, ce sont toujours les ressources naturelles, les matières premières à exploiter dans la grande forêt amazonienne et à exporter vers de grands acheteurs internationaux, qui attirent l’attention sur cette région du Brésil. La différence notable dans le contexte actuel est qu’auparavant, Belém n’était pas invitée à accueillir le débat sur le devenir des ressources de sa région, et encore moins de la planète.

Cependant, les défis persistent et sont très importants. Les problèmes majeurs liés à l’organisation de la COP30 à Belém semblent également indiquer, à première vue, qu’un événement international ne suffit pas à changer une situation d’exploitation d’un peuple et de ses ressources depuis des siècles. Belém, où 55 % de la population vit dans des communautés précaires et sans accès adéquat à l’assainissement, résume bien la situation du Nord-Est du Brésil, une région systématiquement exploitée et mise à l’écart.

À partir du début de l’année 2025, des controverses ont entouré le projet urbanistique visant à préparer la ville à la COP. Des arbres « écologiques », fabriqués à partir de matériaux recyclés, qui seraient en fait des simulacres de troncs d’arbres sur lesquels seraient placées des plantes naturelles et indigènes de la région. Les écologistes ont critiqué cette initiative qui adopte le modèle du jetable au lieu de privilégier un projet où l’on planterait de vrais arbres qui pourraient durer. Par ailleurs, un autre défi logistique majeur est l’assainissement précaire (80 % des déchets ne sont pas traités et une grande partie est jetée directement dans les rivières qui baignent la ville), ce qui contribue à la prolifération des maladies tropicales et nuit à la qualité de vie dans la ville. Pendant ce temps, des plaintes concernant les conditions insalubres dans les refuges pour réfugiés de la ville ont été déposées, ainsi que des soupçons d’irrégularités dans les contrats de planification, d’organisation et de fourniture de biens et de services pour la COP30. Le problème le plus grave et le plus médiatisé à l’échelle internationale concerne la crise de l’hébergement, avec une augmentation de plus de 1000 % des prix. Selon la présidence de la COP30, 162 pays étaient accrédités pour y participer. Cependant, à quelques jours du début de l’événement, seuls 87 pays ont confirmé avoir trouvé un hébergement.

Le tableau que nous venons de présenter reflète le sentiment national selon lequel il y a peu de chances que la COP30 puisse apporter une réelle avancée locale en termes humanitaires et écologiques. Au moins, la COP30 sert à montrer au monde un peu plus du Brésil qui, outre sa grande richesse humaine, culturelle et naturelle, a besoin de soins intégrés, d’une distribution efficace des ressources et d’investissements.

@ Maciel Creômenes

Et puis, surtout, il ne s’agit pas seulement de promouvoir le développement d’une région, mais aussi de contribuer à la sauvegarde de l’équilibre écologique fondamental pour la vie humaine ici et partout ailleurs.

 

« De nombreux collectifs chrétiens, dont Justice et Paix France, appellent à se mobiliser pour la justice climatique par le biais des cercles de silence qui sont une manière visible, pacifique et inclusive de faire exister les enjeux climatiques, et un symbole autant qu’une manière de nous convertir, personnellement et collectivement »

https://lutte-et-contemplation.org/cop30-cercles-silence-appel/