La fraternité, fondement et route pour la paix

Depuis 47 ans, les papes donnent un message pour le 1er janvier, journée mondiale de la paix pour l’Eglise catholique.

Mis bout à bout, ces messages constituent une petite encyclopédie sur la paix. Cette année, le message est consacré à la fraternité, composante et route pour la paix.

Un résumé de l’enseignement consacré à la paix

Ce message court peut se lire comme un résumé de l’enseignement de l’Eglise sur la paix depuis le Concile Vatican II. Cette paix est comprise dans un sens large, pas simplement le silence des armes. La paix est aussi civile, intérieure et internationale. Le pape François rappelle que la vraie paix implique le respect des droits de l’homme, la justice sociale, le souci des personnes vulnérables, des efforts de désarmement, le soin de la nature. La paix exige une culture de paix.

 

Des accents particuliers

Dans le message de cette année, on remarquera quelques inflexions et insistances par rapport aux messages antérieurs : le lien fort entre l’enseignement social de l’Eglise et celui sur la paix ; la lutte contre la pauvreté et contre les inégalités ; l’avidité de biens matériels, désignée comme cause de la crise économique et financière (cf. la cupidité de Stiglitz) ; l’insistance sur la corruption et les mafias ; le « style de vie sobre » comme levier de paix et de fraternité, et pas seulement pour les religieux.

 

Une phrase sujette à malentendu

« La fraternité véritable entre les hommes suppose et exige une paternité transcendante ». Cette phrase sera comprise comme une prétention des catholiques à être de meilleurs frères que les agnostiques. Malentendu ! cela signifie que la fraternité universelle ne trouve pas en elle-même les raisons de son universalité. Paradoxe des démocraties universalistes qui impliquent une transcendance que pourtant des sociétés séculières ne peuvent/veulent pas nommer. Les agnostiques J. Habermas et R. Debray le disent aussi : « Pas de lien visible sans un Invisible par-dessus… Pour qu’un je et un tu fassent un nous, il faut un Autre… » (Régis Debray, Le moment fraternité, Gallimard, p 79). On ne s’étonnera pas qu’un pape nomme cette sacralité. La fraternité ouverte à tous est régénérée en et par Jésus Christ.

Repères

Désarmement

« Tant qu’il y aura une si grande quantité d’armement en circulation, on pourra toujours trouver de nouveaux prétextes pour engager les hostilités. Pour cette raison, je fais mien l’appel de mes prédécesseurs en faveur de la non -prolifération des armes et du désarmement de la part de tous, en commençant par le désarmement nucléaire et chimique (&7) ».

 

Style de vie

« … le style de vie sobre et basé sur l’essentiel, de celui qui, partageant ses propres richesses, réussit ainsi à faire l’expérience de la communion fraternelle avec les autres. … c’est le cas non seulement des personnes consacrées qui font vœu de pauvreté, mais aussi de nombreuses familles et de nombreux citoyens responsables, qui croient fermement que c’est la relation fraternelle avec le prochain qui constitue le bien le plus précieux (& 5) ».

 

La nature

Vis-à-vis de la nature, « nous sommes souvent guidés par l’avidité, par l’orgueil de dominer, de posséder, de manipuler, de tirer profit : nous ne gardons pas la nature, nous ne la respectons pas, nous ne la considérons pas comme un don gratuit dont nous devons prendre soin pour la mettre au service des frères, y compris les générations futures (&9) ».

 

La mondialisation« un monde caractérisé par cette mondialisation de l’indifférence qui nous fait lentement nous habituer à la souffrance de l’autre, en nous fermant sur nous-mêmes… la mondialisation nous rend proches, mais ne nous rend pas frères… (&1) ».