En marge du G20 s’est tenu en Indonésie un « sommet des leaders religieux » du monde.

À l’évidence, l’Indonésie cherche sa place dans le concert des nations. Majoritairement musulmane et le plus grand pays musulman au monde, elle a proposé aux organisateurs du G20 de lancer un R20 religieux.

L’intuition est simple : les religions doivent s’associer au travail des politiques pour le bien commun de l’humanité.

Les leaders religieux présents à ce R20 étaient principalement des professeurs d’université et des présidents d’associations religieuses. Du côté catholique, nous étions quatre évêques, quelques professeurs de la Grégorienne, une responsable de l’Aide à l’Église en Détresse (AED).

Les organisateurs, la Nahdlatul Ulama (NU), association de plus de 100 millions d’adhérents, et la Ligue Islamique mondiale, dont le président a en charge le pèlerinage de la Mecque, veulent faire entrer les musulmans dans la modernité.

Le contenu des discussions est impossible à résumer. Les mots récurrents ont été compassion, respect, interreligieux. Le Pape François a envoyé un beau message réfléchissant sur les mots de fraternité et de transcendance et appelant à écouter les pauvres. Je citerai le cri des évêques nigérians (un anglican et un catholique) et leurs interrogations face au manque de clarté des réactions de certains musulmans aux crimes de Boko Haram, la très belle et très concrète intervention de la déléguée de l’AED sur l’urgence de la fraternité avec les pauvres et une superbe leçon d’anthropologie musulmane du cheik Yahya Pallavicini.

Une intervention a été historique : celle d’un grand responsable de la deuxième association de musulmans indonésiens, la  Mohammadiyah , forte de 80 millions d’adhérents et cherchant à lier foi et raison, qui a plaidé pour une étude contextualisée du Coran et des Hadiths en montrant qu’une saine herméneutique était exigée par l’intelligence mais aussi par le Coran lui-même !

Sur les grands thèmes de l’heure (écologie, paix, respect, pauvres), il est sans doute plus facile de s’entendre quand on n’a pas de responsabilité politique. Il est beaucoup plus difficile d’expliquer le lien entre ces convictions et le fondement de nos « fois ». J’ai senti chez certains délégués une envie d’aller plus loin.

La recherche en cours doit beaucoup à Vatican II, à Assise et à François. Cela est quelquefois reconnu. Parfois, on sent que « les autres » aimeraient en faire autant ! Ce serait triste de ne pas vouloir les y aider !