Plaidoyer pour les femmes en Afrique
En Afrique, les réseaux Justice et Paix des Grands Lacs en première ligne pour la promotion du genre et la lutte contre les violences basées sur le genre. Qu’elle soit, européenne, africaine, américaine, asiatique, océanienne, plus d’une femme sur trois est victime de violences fondées sur le genre au cours de sa vie, et ce dès son plus jeune âge. Pour la plupart d’entre nous, ces actes se résument aux violences sexuelles. Il n’en est rien, les violences basées sur le genre (VBG) sont multiples – physiques, psychologiques ou encore économiques – et bien trop souvent banalisées.
Les femmes sont sous-représentées dans les instances de gouvernance et ne sont pas prises en compte dans les politiques publiques. Elles sont assignées à un rôle défini dans la sphère privée et s’occupent de la maison, de l’éducation et des tâches ménagères. Dans toutes les cultures, les femmes sont également lésées ou mises à la marge au profit des hommes de la famille. Cela est d’autant plus vrai dans le cas d’un décès et de la succession. De même, elles sont limitées en termes de liberté et d’accès aux ressources du ménage. Dans nos sociétés dites développées, les disparités salariales et les difficultés d’accès à des postes importants, ou encore le harcèlement dans le cadre professionnel restent une réalité pour bon nombre de femmes. Enfin, le cadre familial n’est pas un lieu de sécurité, les femmes y sont violentées par leur époux, leurs parents ou encore leur belle-famille. La raison principale de toutes ces violences ? L’héritage culturel, le rapport de force. Le patriarcat constitue la principale base de nos modèles de société, avec l’homme comme figure emblématique du chef.
Les sociétés de la Région des Grands Lacs se sont construites sur ce modèle patriarcal. Les rôles assignés aux hommes et aux femmes traduisent une domination des hommes dans tous les domaines. Depuis des décennies, la Région est la scène de conflits armés. La violence à l’égard des femmes est omniprésente, à la fois comme arme de guerre, mais aussi comme comportement quotidien socialement accepté par l’homme – mais souvent également par la femme. Dans le cadre de ses projets, le Secours Catholique-Caritas France (SCCF) soutient les réseaux Justice et Paix du Burundi, de la République Démocratique du Congo et du Rwanda pour lutter contre les violences basées sur le genre et promouvoir le genre dans les communautés.
À travers des actions menées depuis plus de 10 ans, ces acteurs ont acquis une longue expérience dans la protection des droits des femmes. Coordonnées au sein d’un programme multi pays, les Commissions Justice et Paix nationales du Burundi et du Rwanda comme diocésaines à Goma et Bukavu s’attaquent aux causes profondes des violences basées sur le genre pour un changement de mentalités des communautés sur le long terme et un renforcement du leadership des femmes. De même, elles s’attachent à renforcer les organisations de la société civile à travers la création et la promotion de cadre d’échange et de dialogue pour une meilleure coordination de tous les acteurs travaillant sur la thématique du genre et des VBG. L’ensemble de ces activités se font en collaboration avec les services étatiques, nationaux et décentralisés, dans une optique de renforcement et de meilleure prise en compte de la thématique du genre dans les politiques publiques. Les actions mises en œuvre ont pour objectif de toucher directement près de 45 000 femmes et de bénéficier à l’ensemble des populations vivant dans la zone d’intervention du programme.
L’objectif des actions des Commissions Justice et Paix soutenues par le SCCF est simple, renforcer le pouvoir d’agir et la participation active des femmes et des filles et favoriser un changement des consciences sur le genre à grande échelle pour rappeler avec force le rôle primordial des femmes, gardiennes du foyer, qui protègent, sèment et nourrissent la communauté, et construisent la paix. Le développement passe par une société où règne la cohésion sociale, où chaque entité de la population, quelle que soit son identité de genre, doit pouvoir s’épanouir à égalité de chance. À travers sa résolution 1325 adoptée en 2000, le Conseil de sécurité de l’ONU a affirmé le rôle primordial des femmes dans la construction de la paix, dans la construction d’une société apaisée pour un développement intégral.
La Région des grands lacs est traversée depuis des décennies par des conflits violents, des guerres fratricides dont les premières victimes sont les populations. Depuis 20 ans, le Réseau européen pour l’Afrique centrale (EurAc) œuvre pour donner aux Burundais, aux Congolais et aux Rwandais un avenir meilleur. Fort de plus de 50 ONG européennes membres, EuRac mène un plaidoyer continu pour la mise en place de politiques cohérentes et fortes qui promeuvent la paix, la participation politique inclusive, la gestion durable et équitable des ressources naturelles, ainsi que le respect entier des droits humains dans la région des Grands Lacs, auprès des instances de l’Union Européenne et de ses États membres. À travers les rapports réalisés, son suivi des politiques européennes mises en œuvre, ses positionnements forts sur des questions liées à la démocratie et la mise en place d’état de droit, EurAc est devenu un acteur incontournable pour les ONG européennes qui travaillent sur l’Afrique des Grands Lacs, mais aussi pour les parlementaires européens.