Union Européenne – Afrique, Caraïbes, Pacifique : Un partenariat en faveur des personnes ?

Les relations entre l’Union européenne (UE) et le groupe des 79 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) sont marquées par d’étroits liens historiques, économiques et sociaux.

Depuis 1975, avec la première Convention de Lomé, ces relations ont été structurées autour de trois principaux piliers stratégiques : commerce, développement et coopération politique. L’accord de partenariat UE-ACP signé en 2000 à Cotonou (Bénin) arrive à échéance en février 2020. Suite à l’adoption des mandats de négociations respectifs, les deux parties se sont engagées depuis septembre 2018 dans un processus d’élaboration d’un Cadre post-Cotonou pour renouveler ce partenariat.

Des priorités stratégiques communes ?

 Les deux parties semblent partager les préoccupations concernant de nombreux problèmes tels que la paix, le climat, la bonne gouvernance ou le commerce et le développement économique. Néanmoins, les premières séries de négociations sur le futur cadre de coopération ont révélé des nuances dans l’accentuation de certaines priorités : l’UE préconise de mettre davantage l’accent sur les migrations et la sécurité aux frontières dans l’accord à venir, les pays de l’ACP considèrent comme objectif clé l’éradication de la pauvreté via un partenariat politique et économique renforcé, conformément au Programme de développement durable à l’horizon 2030.

Vers un partenariat juste, responsable et centré sur la personne

L’UE, avec ses États membres, a longtemps été le plus grand pourvoyeur d’aide au développement dans le monde. Cependant, les relations donneur-receveur n’ont pas toujours été concluantes. De plus, si on comprend le développement durable de manière intégrale, centrée sur la personne, non limité à la croissance économique, mais impliquant aussi une dimension sociale, environnementale et de gouvernance, il est clair que les ressources publiques seules ne suffiront pas à couvrir tous les besoins les plus critiques en matière de développement.

Depuis peu, l’approche stratégique de l’UE semble avoir évolué vers des formes plus réciproques de coopération. Une implication accrue du secteur privé et le soutien d’investissements tournés vers le développement donnent un nouvel horizon aux relations UE-ACP. Les parties ont déclaré que la création de nouvelles opportunités en matière de commerce et d’investissement offrant des perspectives d’emploi décent deviendra un pilier important de leur nouveau partenariat.

Donner la priorité à une coopération économique juste et mutuellement profitable est encourageant, si son objectif final est de servir les citoyens. Ancrée dans la Doctrine sociale de l’Église, la dignité de la personne humaine et l’orientation vers le bien commun exigent que le commerce et les investissements privés du futur accord donnent une perspective durable, en particulier aux jeunes et aux familles, en leur permettant de réaliser pleinement leurs aspirations et leurs talents dans leurs communautés locales. Il faut donc donner la priorité à de tels investissements qui, outre le rendement financier, génèrent un impact social et environnemental positif. Il convient donc d’encourager une transition depuis des pratiques prédatrices vers des processus économiques inclusifs et productifs, permettant un accès équitable aux ressources et aux profits.

Un autre paramètre important d’un partenariat centré sur la personne est celui de la participation effective. En ce sens, il convient de veiller à ce que non seulement les grandes entreprises multinationales mais tous les acteurs concernés, y compris les plus vulnérables, souvent des petits agriculteurs, des jeunes ou des femmes, aient un accès effectif aux processus économiques et aux possibilités d’emploi découlant de la nouvelle convention. Ceci est étroitement lié à l’importance de renforcer les capacités locales grâce à l’éducation et à la formation, en utilisant les nouvelles technologies et en favorisant l’autonomisation socio-économique et politique des populations.

Un partenariat doit également garantir la mise en place des conditions structurelles nécessaires à des processus économiques justes. Cela passe par des politiques fiscales équitables, transparentes et efficaces, des efforts en faveur de l’État de droit et de la bonne gouvernance, ainsi que par la lutte contre les flux financiers illicites et contre la corruption. Par ailleurs, le cadre post-Cotonou devrait prévoir des mécanismes garantissant la responsabilité de tous les acteurs – publics et privés – eu égard à leur conformité avec les normes juridiques, sociales et environnementales.

Conformément à l’Objectif de Développement Durable 17, on espère que la coopération UE-ACP renouvelée sera basée sur un partenariat multipartite, impliquant effectivement tous les acteurs clés du développement durable dans les processus de consultation, de prise de décision et de mise en œuvre. Celles-ci devraient comprendre non seulement les autorités publiques et le secteur privé, mais également la société civile, les universités et la recherche, ainsi que les Églises et communautés religieuses. En contribuant au développement humain et à une paix durable, ces derniers peuvent être des acteurs majeurs, et le futur partenariat UE-ACP bénéficierait certainement d’une meilleure intégration de leurs efforts dans l’ensemble des politiques publiques.