Après la COP28 : Là où les gouvernements ont échoué, les religions doivent prendre le leadership
Face aux résultats troublants de la COP28, que doivent faire les communautés de croyants qui sont fortement inquiètes du changement climatique et de la Terre de Dieu ?
D’aucuns peuvent considérer les résultats de la COP28 à Dubaï comme un succès. Le fait que l’on mentionne dans la déclaration finale les combustibles fossiles dans ce pays riche en pétrole qui fait partie d’un bloc qui a toujours l’intention d’intensifier l’exploration pétrolière et gazière peut sembler presque miraculeux. Il faut regarder au-delà des titres des médias pour comprendre que le seul succès ici est celui de ceux qui souhaitent retarder la lutte contre les causes profondes de la crise climatique. Les plus grands perdants sont les petites îles qui risquent de ne plus exister très longtemps en raison de la montée des eaux dans le Pacifique.
La nécessité d’éliminer les combustibles fossiles n’était cependant pas absente de la COP. Elle a occupé une place prépondérante dans les discussions au Pavillon de la Foi – un grand espace où les groupes confessionnels se sont réunis pour discuter d’actions réelles et significatives visant à s’attaquer aux causes et aux impacts du changement climatique. Elle était présente dans les déclarations courageuses du pape François, qui a appelé à « l’élimination des combustibles fossiles ». Elle s’est reflétée dans la déclaration de plus de 2 000 dirigeants du monde politique, des affaires, de la société civile et des religions qui ont appelé à une « élimination progressive, juste et équitable, des combustibles fossiles ». Elle se reflète également dans le projet d’un nouveau traité sur les combustibles fossiles sur le modèle du protocole de Montréal qui a éliminé avec succès les chlorofluorocarbones ou du traité sur les mines terrestres. Le génie des combustibles fossiles est maintenant sorti de la bouteille et il est essentiel que toutes les religions soutiennent les efforts visant à accroître la pression après la COP.
Le résultat officiel de la COP28 n’a pas suffisamment abordé cette question, même si, pour la première fois, « l’élimination progressive des combustibles fossiles » est nommée directement. Les partisans d’une action vigoureuse en faveur du climat doivent à présent saisir cette victoire – aussi minime soit-elle – et la mettre à profit pour créer une dynamique. Nous avons peut-être l’impression de nous raccrocher à une paille, mais franchement, il n’y a rien d’autre à quoi s’accrocher en ce moment en termes de cadre politique mondial sur le climat. Je pense que les religions peuvent jouer un rôle de premier plan en essayant de galvaniser l’action à plusieurs niveaux, là où les gouvernements ont échoué.
En tant que religions, nous devons nous rassembler maintenant dans le même esprit qu’au Pavillon de la Foi de la COP28 partout sur la planète et soutenir des actions clés pour accélérer la lutte contre les causes profondes du changement climatique. Cela commence par un processus d’écoute et d’engagement à la base, par des actions de sensibilisation et d’éducation au changement climatique partout. Cela signifie qu’il faut s’unir pour s’attaquer à nos propres émissions et collaborer aux efforts visant à passer à l’énergie renouvelable.
Après cette COP, je proposerais deux autres actions clés qui sont nécessaires. La première consiste à examiner sérieusement nos investissements et à signaler que nous voulons changer notre façon d’effectuer nos opérations bancaires et nos investissements. Les banques et les sociétés d’investissement sont le moteur de l’industrie fossile et, après cette COP, l’avenir des combustibles fossiles suscitera de la nervosité. Les croyants sont des investisseurs et des clients qui s’appuient sur des valeurs importantes. En investissant en accord avec nos valeurs, nous pouvons être catalyseurs d’un changement plus large dans la manière dont nous investissons dans un avenir durable. L’autre chose que tous les groupes confessionnels peuvent faire est de soutenir la campagne mondiale en faveur d’un traité sur les combustibles fossiles. Puisqu’il est difficile d’obtenir que ces questions soient abordées de manière significative dans les négociations des Nations Unies sur le climat, le moment est venu d’adopter une nouvelle approche visant à concentrer l’attention sur la cause principale des émissions. Et le poids des religions pourrait contribuer à galvaniser l’élan pour y parvenir.
(1) Lorna Gold – www.faithinvest.org/training