Changement climatique : le moment opportun pour bâtir un monde commun

Un Kairos planétaire

 

L’espérance face à l’avenir

 

Un monde est en train de s’écrouler : celui qui pensait le développement comme croissance infinie. L’humanité fait face à l’expérience angoissante de sa finitude. Comment parler d’infini dans un monde fini ?

L’espérance chrétienne est fondée sur une idée de promesse qui n’est pas celle d’un but prédéfini à atteindre, mais celle d’un appel qui met en marche vers un meilleur possible. L’image de la « terre promise » qui va mettre en marche le peuple de Dieu premièrement derrière Abraham, et ensuite derrière Moïse, illustre bien cette idée d’une promesse qui met debout et en chemin vers un avenir meilleur mais dont on ne connaît pas la forme concrète qu’il pourra avoir. Aujourd’hui c’est le moment opportun pour dessiner à nouveau cet imaginaire de la « terre promise » et d’un développement qui pourrait être porteur de vie « pour tout l’homme et pour tous les hommes ». Un nouveau style de vie qui mobilise une autre manière de consommer et de produire, de se déplacer et d’habiter l’espace est déjà en construction. Une autre expérience du temps qui valorise la lenteur et le long terme plutôt que l’immédiateté et le court-termisme est envisageable. Une nouvelle représentation de « la vie bonne » est aujourd’hui à construire : une vie qui assure à chacun la possibilité d’être reconnu comme co-créateur et pas seulement comme consommateur.

 

L’universalité du bien commun

 

Face à la crise, le premier réflexe est celui du repli sur soi : on s’enferme pour mieux se protéger. Les négociations en cours, autant par rapport au climat que par rapport à la suite des OMD, révèlent à quel point, face à la difficulté, chaque pays essaye de défendre son intérêt particulier. Or, si chaque État reste cantonné dans la défense de son intérêt propre, c’est la planète entière qui va couler et chacun des États avec elle. Le changement climatique est aujourd’hui la preuve la plus évidente d’une interdépendance irréversible entre tous les pays. Aucun pays ne peut aujourd’hui prétendre à s’en sortir tout seul. Les efforts de réduction de gaz à effet de serre faits par un seul pays n’ont aucun effet s’ils ne sont pas suivis de manière généralisée. La politique fondée sur la défense de l’intérêt particulier conduit aujourd’hui à une impasse de mort.

L’Église, par contre, prône l’universalité du bien commun. Cette universalité s’est même traduite en termes d’une nécessaire « autorité mondiale ». Passer d’une politique nationale à une politique universelle suppose un changement radical de logique.

 

La solidarité comme socle du vivre-ensemble

 

Les mutations contemporaines menacent l’ensemble des humains, mais certains le sont plus que d’autres : les plus pauvres sont plus menacés que les plus riches, et les générations à venir plus que les générations présentes. La précarité énergétique dont souffre déjà une bonne partie de nos concitoyens, ainsi que la sécheresse et les inondations qui menacent la vie des populations plus pauvres, en témoignent.

La solidarité s’érige comme principe organisateur de la vie collective. Elle est fondée sur l’idée que chaque homme et chaque femme ont quelque chose à donner et quelque chose à recevoir d’autrui. Le pauvre est appelé, comme toute personne, à être co-créateur et à mettre ses compétences au service d’un projet commun.