La Cop21 : un défi politique pour le bien commun
La 21e « conférence des parties » à la Convention Climat des Nations Unies revêt une importance capitale pour notre avenir commun.
Cette Conférence comporte quatre principaux enjeux : pratique, responsable, solidaire et spirituel.
Du sens pratique au sens des responsabilités
Le premier enjeu est d’ordre pratique : créer un cadre international pour favoriser l’action des Etats contre le réchauffement climatique Les gouvernements vont prendre des décisions et les relais des citoyens sont essentiels pour atteindre les objectifs. D’où la place particulière accordée à la mobilisation de la société civile. C’est là que réside un défi pour les gouvernements : écouter la voix de la société civile organisée en associations, en organisations comme une source d’inspiration autant qu’un relais d’action.
Les pays s’engagent sur la durée. Les efforts en vue de l’accord de Paris en 2020 nécessitent l’engagement de chacune des composantes de la société. Le temps est compté. L’inaction coûte la vie à des personnes victimes de la montée des eaux, de l’intensification des catastrophes naturelles, des conflits dus à la raréfaction des ressources, à l’appauvrissement des sols, aux migrations climatiques. Chaque Etat va prendre des engagements nationaux de réduction d’émission de gaz à effet de serre, cause de réchauffement climatique. Mais l’espoir tient au fait qu’il les prenne avec la conscience que leur portée va au -delà des frontières nationales.
Le deuxième enjeu est que chaque Etat prenne des engagements nationaux au vu de son contexte, de son seuil de développement pour maîtriser son réchauffement à 2°C. Cette Cop21 requiert la participation la plus large possible de tous les pays : l’implication de toutes les parties concernées, y compris celles qui restent souvent aux marges des processus de décision. Le poids politique de chaque Etat diffère. Les délégations du Bangladesh, des îles du Pacifique ou de la Chine n’auront certes pas la même composition à Paris. Mais le rôle des Nations Unies est de veiller à un certain équilibre des négociations en s’assurant de la portée des messages de justice sociale.
Solidaires et spirituels
Le troisième enjeu, et non des moindres, consiste à dégager des financements pour aider les pays les plus pauvres à s’adapter aux impacts du réchauffement climatique. Dimension essentielle pour parvenir au succès des négociations sur le climat. Nul besoin d’insister sur le fait que les impacts négatifs ne sont pas répartis également à la surface de la terre. C’est la criante injustice climatique. Les plus atteints ne sont pas ceux qui ont le plus contribué à l’état actuel de la planète. Reste à prendre la mesure des conséquences morales de ce constat. Le pape François a mentionné la « dette écologique » du Nord envers le Sud dans son encyclique Laudato Si’.
Un fonds vert pour le climat fournira en ce sens une partie des financements de soutien à leur développement durable. On voit là un véritable enjeu de justice sociale et de solidarité. « Nous savons que les personnes les plus vulnérables face aux problèmes de l’environnement sont les pauvres. Solidarité veut alors dire mettre ensemble des instruments efficaces capables de lutter en même temps contre la pauvreté et la dégradation de l’environnement», a déclaré le pape aux ministres de l’Environnement des pays membres de l’Union Européenne, le 16 septembre dernier.
Les riches pays du Nord sont donc invités « à honorer cette dette en donnant le bon exemple, limitant de manière importante la consommation d’énergie non renouvelable, apportant des ressources aux pays plus pauvres pour soutenir des politiques et programmes de développement durable » a affirmé le pape lors de cette rencontre. La dette entraine alors un devoir de redistribution, sous forme financière, mais aussi de transfert de compétences, de formation, de partenariat.
Le quatrième enjeu est d’ordre spirituel et moral car la crise climatique relève d’un tel défi. « Nous n’héritons pas de la terre de nos ancêtres, nous l’empruntons à nos enfants » dit un proverbe africain cité en 1939 par Antoine de Saint-Exupéry dans Terre des Hommes. La voix des autorités religieuses est considérée en ce sens comme une alliée importante dans la perspective d’une réussite du sommet climatique. Iln’est pas anodin en France, pays à laïcité revendiquée, de préparer un évènement international avec la contribution des voix des religions et des spiritualités. En tant que ces voix portent le sens d’un bien commun pour l’humanité.