Actualités Cop21 : On freine ou on accélère ?

L’espoir de fin d’année réside dans la signature d’un premier accord universel sur le climat incluant les pays émergents. À en croire un premier bilan dévoilé le vendredi 30 octobre par l’ONU à Berlin, avant la Conférence – climat à Paris, les engagements des Etats ne permettent pas de limiter le réchauffement climatique à 2°C, l’objectif officiel de la COP21.

« Un effort mondial sans précédent est en cours » » « Des réductions d’émissions de gaz à effet de serre beaucoup plus importantes » seront toutefois nécessaires dans les prochaines années pour rester sous cette limite, avertit l’ONU.

Etat des négociations climat: à la hauteur des enjeux?

 

Les Nations Unies estiment que les engagements nationaux « ont la capacité de limiter à 2,7°C l’élévation de la température ». « Ce n’est en aucun cas suffisant », car encore synonyme de dérèglements climatiques majeurs, « mais cela est beaucoup plus bas que les 4 ou 5 degrés de réchauffement projetés par beaucoup avant les engagements », a commenté avec optimisme Christina Figueres, la secrétaire générale de la Convention climat de l’ONU.

La question du soutien financier aux Etats dont la survie dépend de l’adaptation aux dérèglements climatiques est cruciale. L’alerte fut tirée aux négociations de Bonn. Le Fonds vert pour le climat, destiné à financer des programmes de réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’adaptation au changement climatique dans les pays en développement reste loin de son objectif. Les pays développés se sont engagés à mobiliser 100 milliards de dollars par an, sur fonds publics et privés, d’ici à 2020. Les engagements sont loin du compte. L’humanité relèvera-t-elle le défi de la solidarité  ?

Freins à l’action de la société civile

 

La singularité de cette Cop semblait tenir à une plus grande reconnaissance de la mobilisation des citoyens. La Coalition climat, chargée de la faire vivre ne s’économise pas.

Or le manque de soutien du gouvernement  français et de la Mairie de Paris peut  perturber les actions citoyennes. Trois principales sources de tension : l’organisation de la marche mondiale pour le climat du 29 novembre. A un mois de sa tenue, l’itinéraire n’est toujours pas arrêté du fait des contraintes posées par la Préfecture. Second point critique : les visas. De nombreux membres d’organisations engagées dans  la lutte contre le réchauffement climatique ont du mal  à obtenir leurs visas. Troisième critique : les lieux d’hébergement. Espérons que la plateforme Ephatta.com/Cop21 apporte sa pierre à l’édifice de l’hospitalité!

Les religions prennent la parole

 

Le lundi 26 octobre, depuis la Cité du Vatican, des cardinaux, des patriarches et des évêques du monde entier représentés par les présidents des conférences épiscopales continentales ont lancé un appel aux négociateurs de la COP21 à Paris pour demander la garantie que les populations les plus vulnérables ne soient pas les laissées pour compte d’un éventuel accord.

Dans le sillage de l’encyclique Laudato Si’ du pape François, dans laquelle il réclamait des mesures d’urgence pour sauver les hommes et la planète d’une catastrophe écologique, ces religieux ont rédigé un texte en dix points disponible sur le site de Justice et Paix.

Élaboré en collaboration avec les ONG fédératives catholiques Caritas et Cidse (réseau des agences catholiques de développement), l’appel demande « l’implication des populations les plus pauvres, les plus vulnérables et les plus touchées à tous les niveaux du processus décisionnel». Dans son discours adressé à l’Assemblée générale des Nations unies, le Pape a souligné que l’abus et la destruction de l’environnement sont aussi accompagnés d’un processus d’exclusion constant1. L’archevêque de Papouasie-Nouvelle-Guinée, Mgr Ribat insiste sur la conscience des risques pour la survie des communautés de bord de mer.

Reste à saluer conjointement la prise de parole du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui a repris et soutenu la déclaration sur le changement climatique, lancée à l’occasion d’un colloque international islamique sur le changement climatique à Istanbul en août 2015. Leur leitmotiv:« Que diront de nous les générations futures héritant d’une planète dégradée?».