Transformer notre monde, c’est possible : L’Agenda 2030 pour le développement durable

Le 25 septembre 2015, le Pape François est venu s’exprimer devant l’Assemblée générale des Nations, dans le cadre du Sommet sur le développement, pour encourager les dirigeants de la planète sur la voie de la justice et de l’écologie intégrale.

 

Le Pape François a indiqué par sa présence l’importance qu’il accordait à l’adoption des Objectifs de Développement Durable par les Nations Unies. Cette « bénédiction » pontificale a eu un écho médiatique très important.

L’Agenda 2030 pour le développement durable et ses 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) serviront de cadre commun pour la communauté internationale au cours des prochaines années. Cet accord est historique de par son caractère universel, les ODD s’adressant à l’ensemble des pays du monde, du Nord comme du Sud, riches comme pauvres. Le Secrétaire Général des Nations Unies, M. Ban Ki-Moon, a déclaré, comme l’indique l’Objectif 1, qu’il s’agit d’un « plan d’action pour mettre fin à la pauvreté dans toutes ses dimensions, de manière irréversible, en tous lieux, et ne laissant personne de côté ». Dans une comparaison suggestive, le Secrétaire Général de l’OCDE indique, lui, qu’il reste près de 800 semaines d’ici fin 2030 (l’échéance des ODD) pour libérer de la pauvreté les 836 millions de personnes qui vivent toujours sous le seuil d’extrême pauvreté (calculé à 1,25$ /jour/personne).

Il ne faudrait cependant pas réduire les Objectifs de Développement Durable à un nouveau programme de lutte contre la pauvreté. Fidèles au concept de développement durable élaboré par le rapport Brundtland en 1987, puis la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développement en 1992 à Rio de Janeiro (Brésil), les ODD se répartissent entre les dimensions sociales, environnementales et économiques. Plus précisément, les 6 premiers objectifs se situent dans la continuité des OMD (les Objectifs du Millénaire pour le Développement, dont l’échéance arrive en 2015). 5 ODD sont consacrés aux questions économiques et d’emploi. 3 ODD sont centrés sur les enjeux environnementaux, avec l’apparition d’un ODD consacré à la lutte contre les changements climatiques. Un ODD, le 10ème, est consacré aux inégalités, prenanten compte l’accroissement dramatique des inégalités à l’intérieur de nombreux pays du monde entre 2000 et 2015. Le 16ème ODD traite de la paix, de l’État de droit et de la justice, tandis que le 17ème ODD cherche à redonner dynamisme au partenariat mondial et à la solidarité entre pays riches et pays pauvres.

Le texte adopté – « Transformer notre monde : l’Agenda 2030 pour le développement durable » – se compose d’une Déclaration, de l’exposé des 17 ODD et de leurs cibles (chaque objectif a entre 5 et 19 cibles, soit 169 cibles au total !), d’une section sur les moyens de mise en œuvre et de relance du partenariat global, et d’une partie sur le suivi et la revue des objectifs. Ce texte est ambitieux, avec même quelques pointes de lyrisme, cohérent, et couvre une large palette de domaines. Il intègre – bonne nouvelle – la nécessaire lutte contre les inégalités, une nouveauté promue par la société civile.

Comment financer tout cela ? La réponse ne vient guère de la conférence internationale sur le financement du développement qui s’est tenue à Addis-Abeba en juillet 2015. Elle n’a pas permis de provoquer de nouveaux engagements des Etats. On s’est contenté de promouvoir le développement de la mobilisation des ressources domestiques des pays en développement, par un renforcement de la fiscalité et de la lutte contre la fuite illicite des capitaux et d’encourager les partenariats publics-privés.

Cependant, les ODD, qui restent un accord volontaire et non contraignant pour les gouvernements, suscitent une dynamique dont il faut profiter. Le Pape François a rappelé aux dirigeants du monde leur responsabilité : faire ce qu’ils disent, honorer leurs engagements. Pour cela, la mobilisation des opinions publiques pour un monde plus juste ne sera pas superflue Chaque pays doit maintenant produire une stratégie nationale pour mettre en œuvre les Objectifs de Développement Durable. Suivre la réalisation de ces stratégies nationales et pousser à un partenariat international redynamisé font partie des responsabilités essentielles de la société civile.