La Polynésie Française se trouve à 17 000 km de la France…

Elle est composée de 5 archipels : archipel de la Société (îles du Vent et îles Sous le Vent), archipel des Tuamotu, des Gambier, des îles australes et des îles Marquises ; au total 118 îles dont seulement 76 habitées et une population d’un peu plus de 300 000 habitants.

Protectorat français à partir de 1842, Établissement Français d’Océanie en 1880, elle devient Territoire d’Outre-Mer sous le nom de Polynésie Française en 1957 et, en 2004, Pays d’Outre-Mer. L’État Français est représenté par un Haut-Commissaire de la République, ayant à peu près les fonctions d’un préfet. Le pouvoir est partagé entre l’assemblée territoriale (élue au suffrage universel) et son président et le gouvernement dirigé par le président de la Polynésie Française.

La pirogue à balancier unique le Va’a est le symbole de ce peuple de navigateurs, berceau du surf. La monnaie est le franc pacifique, les principales ressources sont, le tourisme, la vanille, la perliculture, la pêche et le coprah. Il n’y a ni RSA, ni caisse de chômage et ¼ de la population vit sous le seuil de pauvreté bien que la France injecte 1,7 milliard d’euros chaque année.

En 1949, Pouvana’a a Oopa fonde le RDPT (Rassemblement démocratique des populations tahitiennes), parti autonomiste et la même année Rudy Bambridge fonde lui l’Union tahitienne, attachée à la métropole. Pouvana’a a Oopa devient chef du gouvernement local en 1957. Mais en 1958 au référendum sur la constitution de la Ve république, la Polynésie française vote oui, sauf les îles Sous le Vent son fief. Pouvana’a est arrêté malgré son statut de député et condamné à l’exil, les pouvoirs du gouverneur sont alors renforcés.

En 1962, le Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) est installé à Mururoa, et Fangataufa, avec la venue de près de 15 000 militaires, marins, ingénieurs et leurs familles. Jusqu’en 1996, la Polynésie connaîtra 46 essais atmosphériques et 147 souterrains. Peu de débats sur ces essais en métropole sauf lors de l’affaire du Rainbow Warrior en 1985.

L’installation du CEP a eu des conséquences durables. D’abord, les retombées des essais et une impression de légèreté et d’inconséquence de la France : quid de l’atoll ? de la contamination de la chaîne biologique ? des maladies ? de la radioactivité ? ou encore de l’enfouissement des déchets ? Ensuite, l’arrivée massive de métropolitains a entraîné des transferts financiers très importants sans création réelle de richesse. Le mode de vie des populations locales a été profondément transformé, et le jeu politique local également.

Si l’indépendance avait le vent en poupe dans les années 50, ce sont les mouvements autonomistes qui vont prendre le dessus en acceptant la manne que représentait le CEP. L’Union tahitienne (Gaston Flosse succède à Rudy Bambridge) se rallie aux gaullistes et approuve la politique gouvernementale et prend le nom de Tahoera’a huira’atira, alors que le RDPT la conteste ce qui entraîne sa dissolution en 1963. Un peu plus tard, Oscar Temaru crée le Front de libération de la Polynésie, FLP/Tāvini Huira’atira, résolument indépendantiste.

À partir de 1990, et pour près de 15 ans, Gaston Flosse dirige la Polynésie et met l’ensemble du pouvoir au service de son parti (il sera définitivement condamné en 2014 et perdra tous ses mandats). En 2004, plusieurs partis indépendantistes se regroupent autour de Tāvini qui devient l’Union pour la démocratie (UPLD) et, en 2011, Oscar Temaru demande l’inscription de la Polynésie sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser de l’ONU (fait lors de l’Assemblée générale de l’ONU du 17 mai 2013), mais Gaston Flosse qui vient à nouveau de remporter les élections fait voter un vœu confirmant le souhait des polynésiens de rester français.

Au retrait « officiel » de Flosse, Édouard Fritsch devient président de la Polynésie. Lors des dernières élections de 2023 il est battu, au cours d’une triangulaire opposant deux listes autonomistes et la liste indépendantiste menée par Moetai Brotherson, cette dernière remportant l’élection.

Le 11 mai, Moetai Brotherson (gendre d’Oscar Temaru) est élu président de la Polynésie tandis que Antony Géros est élu président de l’Assemblée. Brotherson est très prudent sur la marche vers l’indépendance et ne prévoit pas de référendum avant une quinzaine d’années et ce après avoir démontré que la Polynésie peut assumer son destin, tandis que la vieille garde du parti et le président de l’Assemblée sont impatients de réaliser cette indépendance.

Le problème de la présence de la France dans le Pacifique se trouve ainsi posé en Polynésie et en Nouvelle Calédonie. La France est une très grande puissance maritime grâce à ces territoires, la moitié des eaux maritimes françaises (5 millions de km2), se trouve en Polynésie. Récemment, les États-Unis sont intervenus avec force, devant la montée en puissance des ambitions chinoises et dans cette nouvelle configuration géo stratégique, la présence de la France n’est plus forcément regardée d’un mauvais œil par les pays de Sud Pacifique, mais reste à traiter l’avenir politique de ces territoires.