Plus de 100 jours après le début du conflit, les Français inquiets et empathiques plutôt que polarisés
Plus de cent jours après les attaques terroristes du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 suivies par l’offensive militaire israélienne sur Gaza, notre enquête révèle que trois sentiments dominent dans l’esprit des Français :
1. La complexité : près de la moitié des Français (46%) considèrent qu’il est difficile de se forger une opinion sur ce conflit, et plus d’un tiers d’entre eux (38%) déplorent une injonction à choisir un camp. A contrario de la critique souvent virulente des médias, les Français se montrent ici mesurés. 4 sur 10 (41%) suspendent leur jugement quant au traitement médiatique de ce conflit et 28% le jugent plutôt neutre et équilibré. Seuls 31% des Français le considèrent biaisé, plutôt en faveur des Israéliens (19%) que des Palestiniens (12%).
2. L’inquiétude : en pensant à ce conflit, les Français craignent d’abord ses conséquences au niveau national. 7 Français sur 10 sont inquiets de la hausse des tensions entre communautés en France. La préoccupation de l’antisémitisme en France est très majoritaire (72%), tout comme celle de l’islamophobie (61%). Enfin, marqués par les conséquences de la guerre en Ukraine, 6 Français sur 10 craignent un impact du conflit au Proche-Orient sur le coût de la vie en France.
3. L’empathie : plus de 6 Français sur 10 s’inquiètent des conséquences du conflit sur la population palestinienne (66%) et sur la population israélienne (61%).
Des préoccupations cumulatives plutôt que concurrentes : les Français n’expriment pas de concurrence entre victimes, mais plutôt une empathie universelle à l’égard des populations civiles. Les personnes qui se déclarent inquiètes pour la population palestinienne sont ainsi 79% à exprimer également une inquiétude pour la population israélienne. De même, parmi les 6 Français sur 10 qui se déclarent préoccupés par l’islamophobie, 88% se déclarent dans le même temps préoccupés par l’antisémitisme en France.
Un écart générationnel : les Français plus âgés se déclarent généralement plus inquiets que les plus jeunes quant aux conséquences du conflit ou à ses répercussions en France. L’écart le plus important concerne la préoccupation de l’antisémitisme, qui évolue de 58% chez les 18-24 ans à 81% chez les plus de 65 ans. Chez les plus de 65 ans, si l’inquiétude liée à l’islamophobie est plus élevée que chez les jeunes (65% vs. 55%), l’écart par rapport à la préoccupation de l’antisémitisme (81%) est notable.
Bien plus qu’un pays fracturé, campé sur des positions irréconciliablement opposées, cette étude révèle une France perplexe, qui craint la binarité sur un sujet qu’elle perçoit très nettement comme complexe. A rebours de l’animosité qui prévaut sur les réseaux sociaux, les Français expriment inquiétude et empathie, sans hémiplégie.
Lire l’étude complète sur le site de Destin Commun, ici