Quel est l’avenir de Mayotte et des Mahorais ?

 

Mayotte, département français créé en 2001 à la suite de demandes répétées des Mahorais de devenir et de rester français, connaît depuis longtemps des arrivées de Comoriens de l’Union des Comores, principalement de l’île voisine d’Anjouan, attirés par l’eldorado que représente ce bout de France perdu dans l’océan indien. Même si depuis 1975, année de l’indépendance, les îles indépendantes réclament ce territoire, les Mahorais n’ont eu de cesse de revendiquer leurs particularités et d’affirmer leur ferme volonté de rester dans la République française. Pour sa part, la France a aussi confirmé ses intérêts de grande puissance maritime en faisant de Mayotte sa porte d’entrée dans le canal du Mozambique.

L’évolution de Mayotte a créé une telle distorsion de développement au sein de l’archipel que beaucoup de Comoriens n’hésitent pas à franchir la mer pour venir s’installer à Mayotte. Le nombre d’immigrés comoriens n’a cessé de croître, créant des problèmes de surpopulation, soulignant l’insuffisance des écoles et des centres de santé, sans parler des questions d’emploi.

Les quartiers précaires se sont multipliés, bidonvilles partagés entre immigrés et Mahorais pauvres, lieux de violence et de tensions. Les autorités françaises prennent de temps en temps l’initiative d’un « décasage » et d’un renvoi chez eux des immigrés non reconnus. La dernière opération baptisée Wuambushu a suscité beaucoup de réactions. D’une part, les Mahorais excédés par le nombre croissant et l’attitude des Comoriens sont devenus de plus en plus radicaux, ouvrant la voie à des opérations de ratissage parfois violent ; d’autre part, les défenseurs des droits de l’Homme alertant et mobilisant pour que les droits de tous soient respectés, et dénonçant une opération anti-pauvres, en ont appelé à la justice pour bloquer les ordres de renvoi. Mais après un arrêt de la chambre d’appel de Mayotte et la reprise des liaisons maritimes entre Mayotte et les Comores, le décasage a recommencé.

Comment sortir de cette situation inextricable ? La solution ne résiderait-elle pas dans un renforcement sans précédent de l’aide au développement des Comores, dans un cadre repensé, pour qu’elle serve vraiment au développement humain de tous.