La migration : problème ou chance?
« Comment se fait-il que les gens du Nord qui émigrent soient des expatriés ou des volontaires et que les gens du Sud qui émigrent soient des migrants ou des clandestins ? »
Publié par dix-huit organisations chrétiennes dont Justice et Paix-France, le document « A la rencontre du frère venu d’ailleurs », réalisé par la commission internationale de Diaconia, montre comment des chrétiens veulent porter un autre regard sur les réalités.
Il clarifie des concepts face à une législation débridée qui nourrit des réactions passionnelles. Ainsi, 80% des quinze millions de réfugiés dans le monde vivent dans des pays en développement ; 1% en France. 8 500 y ont obtenu le statut en 2010.
La France a un des taux d’immigration les plus faibles des pays de l’OCDE : les entrées d’immigrants permanents sont en 2009 de 0.25 en pourcentage de l’ensemble de la population (Le Monde, 15 mai 2012, « Immigration la nouvelle donne »). La moyenne de l’OCDE s’élève à 0.61%; les taux américain et allemand sont à 0.25%, ceux de l’Italie à 0.61%, du Royaume uni à 0.66%, de l’Espagne à 0.75%, de la Suisse à 1.51%.
L’exposé des chances fait bouger les lignes. Les migrants sont des actifs et des consommateurs. Ils paient plus de cotisations sociales et d’impôts qu’ils ne reçoivent de prestations. Leurs transferts financiers vers les pays d’origine financent le développement pour, au niveau mondial, des montants supérieurs à l’aide publique au développement. L’apport de leurs cultures vient nourrir une identité collective dynamique : la recherche scientifique, la peinture, la littérature, le sport, la vie politique -un ancien président de la République dont le père est né étranger, un nouveau ministre de l’Intérieur naturalisé Français il y a 30 ans.
Mais la migration est d’abord un choc pour le migrant qui découvre l’Occident, des fonctionnements incompréhensibles, une nouvelle langue à apprendre. Très souvent, un décalage existe entre ses attentes et ce qui lui est offert.
L’accueil de l’étranger est partie intégrante de la démarche chrétienne et de la démarche citoyenne au niveau mondial comme le précise la déclaration des Nations Unies de 1985 « sur les droits de l’homme des personnes qui ne possèdent pas la nationalité du pays dans lequel elles vivent ».
La rencontre et l’accueil sans naïveté sont donc des impératifs civiques et un processus auquel les chrétiens sont invités. Ils sont, d’ailleurs, nombreux à s’y engager par des relations fraternelles et la défense des droits, par l’engagement collectif au sein de réseaux actifs ou par l’engagement individuel.
Jean- Paul II plaide lors de la journée mondiale du migrant et du réfugié de 2005 pour une vision positive : «On doit exclure aussi bien les modèles fondés sur l’assimilation, qui tendent à faire de celui qui est différent une copie de soi-même, que les modèles de marginalisation des immigrés, comportant des attitudes qui peuvent aller jusqu’aux choix de l’apartheid. La voie à parcourir est celle de l’intégration authentique dans une perspective ouverte, qui refuse de considérer uniquement les différences entre les immigrés et les populations locales ».