Pour les Mélanésiens qui l’habitent depuis des millénaires, c’est le Kanaky.

Pour les français de métropole, c’est un territoire d’outre-mer, avec son statut particulier qui lui accorde beaucoup d’autonomie. Mais c’est aussi, et en particulier pour les dirigeants français, un des signes de la grande puissance française dans le monde.

Pour des raisons aujourd’hui essentiellement géopolitiques (garder la Chine à distance et posséder des eaux territoriales immenses), les autorités semblent vouloir en faire un territoire définitivement partie intégrante de la France. Les Mélanésiens s’opposent à cette vision qui les éloigne de leur souveraineté.

Le projet de réforme électorale a rallumé les braises d’un conflit refoulé. Et le transfert et l’incarcération en métropole de leaders indépendantistes plus radicaux ne peuvent manquer de rappeler ceux du général haïtien Toussaint Louverture emprisonné au fort de Vaux ou en sens inverse ceux de militants kabyles réclamant l’indépendance et envoyés en Nouvelle Calédonie.

On peut craindre d’y voir le signe d’une résurgence coloniale. L’avenir du Kanaky peut encore être pensé de manière harmonieuse entre les leaders mélanésiens traditionnels et la puissance coloniale pour un pays souverain associé à la France.

Encore faut-il commencer à écrire cette nouvelle page.

Télécharger la Lettre n°304 septembre 2024  (PDF)   

Lviv, 4 mars 2022

Un des quatre objectifs principaux de l’enseignement supérieur est de « préparer les étudiants à un rôle actif en tant que citoyens dans les sociétés démocratiques » (Conseil de l’Europe). Nous sommes en droit de dire que le système éducatif et scientifique russe  a délibérément failli à sa mission !

One of the four primary aims of higher education is “preparation for life as active citizens in democratic societies (Council of Europe) . We have a right to say that the Russian system of education and science  deliberately failed this mission!

APPEAL OF UKRAINIAN CATHOLIC UNIVERSITY TO THE GLOBAL ACADEMIC AND RESEARCH COMMUNITY

Today is the 9th day of the blatant military invasion of Russian aggressor into Ukraine and the 9th year of the war Russia started in 2014. This aggression is strongly supported by Belarus. The international isolation of the Russian Federation is increasing, with representatives of different industries and professions. The world refuses to cooperate with an aggressor-state that violates all the basic norms of a civilized community in all areas. Education and science must not be an exception.

For many years the scholars from Russia have benefited from various international research and internship grant programs provided by the Western democracies. Sadly, «return on investment» was used to strengthen and solidify Putin’s anti-democratic regime. Consummation of financial means without appropriation of the civic values and virtues is a manifestly unambiguous sign of the Russian academic community’s complicity with the regime. The shocking silence of a vast majority of the scholars in Russia in view of Russian invasion in Ukraine and the war crimes committed by the Russian army cannot be justified by any human and ethical standards. To willingly remaining silent and passive in view of atrocities and suffering inflicted by the Russian Government on the innocent civilian population of Ukraine makes Russian academia equally responsible for the crimes against humanity. Sadly, the Belorussian scholars also remain silent observers of Russia’s crimes against humanity in Ukraine. Their support of the actions of the Lukashenko regime as well as silent contemplation of the Russian invasion is also a crime.

We believe that the academic community should lead by example and show an adequate reaction to Russia’s barbaric actions. We have to unite as a world to stand against aggression. Academia should be based on the values of honesty, justice, and respect for rights and freedoms of others. We are convinced that intellectuals and scholars have a special responsibility for peace, freedom and the prevention of dictatorship!

Dear Partners and Friends,

We deeply appreciate your attention, partnership and continuous support!

Yours sincerely,

Rectorate and Operating Group,
Ukrainian Catholic University,
The Metropolitan Andrey Sheptytsky Center,
Lviv – 79026, Ukraine

 

 

Le 18 mars 2022

Si on essaie de prendre un peu de distance face au drame de la guerre déclenchée par le clan Poutine, il apparaît que les derniers mois multiplient les défaites des forces armées.

Une des plus énormes est celle d’Afghanistan où après dix ans de guerre et X milliards de $ , les Etats-Unis se sont retirés. Il faut dire que sur un plus long terme, pour n’avoir pas connu de paix depuis la seconde guerre mondiale, les prodigieuses capacités des forces militaires étasuniennes n’ont connu que des défaites, du moins des défaites politiques si l’on refuse de considérer l’écrasement des armées irakiennes comme une victoire compte tenu des buts de guerre affichés. La focalisation du discours de propagande sur le sort des femmes afghanes depuis le départ des forces étasuniennes (ou si l’on veut de l’OTAN) tenu pendant quelques semaines a masqué un constat : l’échec politique (voire militaire) face aux talibans.

On peut rapprocher cet échec des opérations extérieures françaises. Après une intervention décidée par le Président Sarkozy et son allié Cameron contre le dictateur Kadhafi et son assassinat, la Libye a sombré dans le chaos et les radicaux islamistes se sont répandus au Sahel munis de stocks d’armes incontrôlés. D’où une intervention française, piteusement soutenue par quelques pays européens, qui vient de se terminer par un retrait difficile sous les huées organisées de populations autrefois favorables. Si les buts de guerre, mal définis consistaient en l’éradication des radicaux islamistes, difficile de parler de victoire. Politiquement en tout cas, il s’agit bien d’une défaite.

Par chance, l’analyse de ces échecs est largement masquée par la stupéfiante ‘intervention poutinienne en Ukraine. On peut certes se référer aux opérations en Tchétchénie et surtout en Géorgie et en Crimée en 2014, voire en soutien au régime de El Hassad à Damas, et les considérer après coup comme des avertissements dans une visée de reconstitution de l’empire russe avec la Biélorussie et l’Ukraine. Seulement depuis quatre semaines, la Blitzkrieg marque le pas, et s’il est aventureux d’en prévoir les déroulements, on peut déjà considérer que cette catastrophe isole la Russie, déchire le continent européen et ses interdépendances et soude pour longtemps une identité politique ukrainienne jusqu’alors indécise. En route vers une nouvelle défaite, sinon de tous, du moins assurée pour le peuple russe.

Or quelle première réaction majeure (à l’ouest) à ce dernier événement ? Il faut réarmer !

En quelques jours, c’est bien moins l’OTAN qui est intervenue, cette OTAN que Poutine dit tant craindre que les Etats les plus proches des frontières russes, Finlande, Suède, Baltes, qui inversant une politique militairement prudente ont décidé de livrer des armes, comme les Etats occidentaux, pendant que les pays de l’Alliance s’engageaient dans des augmentations considérables de dépenses militaires,et en premier lieu l’Allemagne ! La politique poutinienne disait vouloir une neutralité (ou le vieux «non-alignement») qui devient une voie de sortie de l’agression. Mais non seulement celle-ci  met fin pour longtemps à l’interdépendance pacifique avec l’Europe mais elle provoque surtout un durcissement durable des positions et  la hausse maintenant programmée des capacités militaires. Loin de suggérer une remise en cause de la force militaire, ces défaites entraînent déjà une nouvelle course aux armements. Course technique vers de nouvelles armes , course commerciale avec les premières victoires du complexe militaro-industriel étasunien qui vient de vendre à l’Allemagne son coûteux et douteux F35. (Et si l’Allemagne les avait eus il y a trois semaines, les aurait-elle utilisés pour défendre l’Ukraine ? )

Ce « réarmement » soudain considéré comme nécessaire et précipité par Poutine donnera-t-il au moins lieu à une réflexion sur les différentes missions des forces armées : protéger leurs populations, se projeter à l’extérieur de leurs territoires, et pour les Etats nucléaires dissuader un agresseur par l’ampleur des risques ?

Les efforts pour le désarmement sont gelés pour un bon moment. Les critiques de la course aux armements et du constat des défaites multiples sommés de se taire. Attaquons, attaquons, attaquons comme la lune !

Chers Frères et Sœurs

Bien que notre Archevêché soit géographiquement externe au terrain de l’affrontement et en dépit de la diversité de ses composantes, une quasi-unanimité se dessine en faveur de ma  prise de position exprimant la solidarité avec l’ensemble du peuple ukrainien et des églises  orthodoxes ukrainiennes.

Je demande instamment  à sa Sainteté le patriarche Cyrille et au Saint-Synode d’intervenir fermement auprès des autorités politiques de la Russie pour cesser immédiatement cette guerre qui est un péché grave devant Dieu. Nous invitons les fidèles de nos paroisses et  de nos communautés à redoubler  de ferveur et de prière pour que cesse cette infâme guerre fratricide […]

Lire le  communiqué  du Métropolite JEAN de Doubna