Le racisme anti-Noirs : Acceptation – Discrimination
Le racisme anti-Noirs en France fait l’objet d’une étude particulière dans le rapport 2019 de la Commission nationale consultative des droits de l’homme : La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et le xénophobie*.
Une personne noire a 32 % de chances en moins de trouver un logement (Testing national de 2018) ; 50 % des personnes noires déclarent avoir subi des discriminations au travail (Défenseur des droits, 11e baromètre de la perception des discriminations dans l’emploi, 2018). Le sondage annuel montre que la conception biologique du racisme est de plus en plus marginale dans l’opinion publique française : seuls 6 % des Français estiment qu’il y a des « races supérieures à d’autres ». L’indice longitudinal de tolérance mesure l’évolution des préjugés.
Plus il se rapproche de 100, plus il reflète un niveau de tolérance élevé. Il est globalement de 66, son deuxième meilleur score depuis 20 ans, après le 67 de l’année dernière – le plus bas ayant été de 48 en 1991. Il est, cette année, de 79 pour les Noirs et les juifs, de 60 pour les musulmans, de 36 pour les Roms. Le constat est paradoxal pour les personnes noires : en termes d’opinion, elles constituent avec les juifs, la minorité la mieux acceptée en France ; en termes de comportements, elles sont parmi les plus discriminées.
Un racisme hérité des traites négrières et de l’esclavage
L’étude montre la prégnance de biais racistes issus de l’esclavage, puis de la période coloniale. De nombreux fantasmes persistent autour du « corps noir ». Dans l’histoire coloniale, l’usage de la force envers les populations colonisées était considéré comme nécessaire pour les contrôler, un outil aux vertus « civilisatrices ». Dans cette pensée raciste, les corps noirs étaient considérés comme plus forts, comme une potentielle menace. À cette culture, qui forge les préjugés et influence les comportements du quotidien, s’ajoute la persistance de nombreuses discriminations.
Mieux connaître et reconnaître cette forme spécifique de racisme
La spécificité du racisme envers les Noirs est à prendre en compte pour leur garantir un accès effectif aux mêmes droits que tous. Une réponse de l’État est attendue pour aider à surmonter le sentiment de défiance ressenti par les Noirs. Le financement d’enquêtes permettrait de mieux connaître cette forme de racisme, pour y apporter des réponses adaptées.
Ces mesures contribueraient à une prise de conscience du racisme anti-Noirs et encourageraient les victimes à dénoncer les abus. Une sensibilisation aux préjugés et discriminations spécifiques serait bienvenue dans certains secteurs, tels ceux du maintien de l’ordre et de l’éducation.
Développer une autre image des Noirs
La culture et les médias sont des moyens puissants pour faire évoluer les préjugés. La représentation des Noirs reste insuffisante et souvent biaisée, notamment au détriment des femmes noires ; dans les programmes d’actualité, les personnes noires sont rarement invitées en tant qu’expertes. Au-delà de la sphère médiatique, des campagnes de communication contre les stéréotypes envers les personnes noires sont nécessaires afin de montrer leur diversité sociale, économique et professionnelle.
Renforcer l’éducation
Les stéréotypes sont profondément ancrés. Le rôle de l’éducation est donc primordial. Les programmes d’histoire présentent peu de personnages historiques noirs. Des personnalités françaises noires doivent davantage y apparaître, afin de contrer les préjugés infériorisant les Noirs et les rattacher à l’histoire de France. Plus globalement, l’histoire des migrations doit être davantage étudiée, pour briser les préjugés associant aspect physique et origine. Afin de lutter contre les a priori dégradants associés à l’Afrique, et par extension aux personnes considérées comme africaines, une meilleure connaissance de ce continent mérite aussi d’être développée.