Quel avenir pour le peuple palestinien ?

Au fil des ans et des décennies, le territoire de la Palestine historique a rétréci au point de n’être plus aujourd’hui qu’un espace considérablement réduit sur les cartes, quasi totalement occupé ou contrôlé par l’armée israélienne qui y fait régner la terreur. Un espace confetti, morcelé par des colonies qui se multiplient avec des colons armés et agressifs, dont on ne voit guère aujourd’hui comment il peut devenir un État de plein droit.

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Le peuple palestinien a une histoire brillante. Considéré comme parmi les plus éduqués et entreprenants du monde arabe il y a un siècle, ses élites se sont largement dispersées au fur et à mesure de la progression de la colonisation juive de son territoire. L’image qu’en renvoient aujourd’hui les autorités israéliennes est celle de terroriste, de primaire, de corrompu, d’insignifiant. L’autorité palestinienne n’a guère de pouvoir, soumise en tout au bon vouloir des autorités israéliennes.

La multiplication des colonies en Cisjordanie, la violence des colons soutenus par les militaires rendent la vie quotidienne extrêmement difficile. Récemment, la décision de supprimer progressivement les camps de réfugiés de 1948 (date de la déportation de centaines de milliers de Palestiniens hors du nouvel État d’Israël) dans les territoires occupés crée des souffrances supplémentaires immenses. Privées de tout, les familles des camps se retrouvent sur la route, mais pour aller où ? Le peuple palestinien est devenu un peuple errant… mais bien décidé à rester chez lui, quelles qu’en soient les conséquences.

Les Nations Unies ont pris depuis la création de l’État d’Israël de nombreuses résolutions affirmant le droit du peuple palestinien à être souverain. Aucune de ces résolutions n’a pu être appliquée, Israël refusant de les reconnaître. La situation présente montre plus clairement le projet d’annexion de tous les territoires occupés, quel qu’en soit le coût.

D’aucuns pensent qu’il n’est plus possible de créer un État palestinien dans la situation présente. Comment déplacer ou expulser les plus de 500 000 colons installés sur le territoire, dont on ne voit pas qu’ils accepteraient d’être citoyens palestiniens ? Et qu’il faut plutôt travailler à l’avènement d’un État unitaire sur l’ensemble où tous les habitants auraient des droits égaux.

L’obstacle principal sur ce chemin est qu’Israël, depuis une loi de juillet 2018, est un État juif pour les juifs, considérant ses habitants non juifs comme des citoyens de seconde zone. Les arabes, musulmans et chrétiens, tout comme les druzes n’ont pas les mêmes droits. Un nouvel État ne pourrait pas se construire sur cette base ségrégationniste. Le projet ne pourrait qu’être basé sur l’égalité de tous les citoyens, et cela n’est guère envisageable dans le contexte actuel.

L’idée de la création et de la reconnaissance d’un véritable État palestinien, sur les frontières de 1967 qui définissent son territoire sur la Cisjordanie et dans la bande de Gaza, avec Jérusalem Est comme capitale, reste donc pertinente. Les Palestiniens ont besoin d’un espace où ils puissent se reconstruire entre eux dans la paix. Ils ont aussi besoin d’une relation d’égal à égal avec Israël pour vivre en harmonie. Il faudra sans doute plusieurs générations pour que se dissipe la haine née de l’oppression et des massacres.

Un tel État permettrait aux palestiniens de prendre le temps de repenser l’avenir avec leurs voisins israéliens. Et peut-être qu’une fédération des deux États, voire un État unitaire pourrait en sortir ultérieurement.

La réalité présente, le carnage dans la bande de Gaza qui a succédé à celui des communautés israéliennes voisines le 7 octobre 2023, ne permet guère d’envisager une solution pacifique à cette tragédie. Pour autant, nous ne pouvons rester encore une fois les bras croisés. La communauté internationale, à commencer par les États-Unis d’Amérique du nord qui est complice des massacres commis quotidiennement dans la bande de Gaza, a un rôle fondamental à jouer pour que ces horreurs cessent au plus vite. La famine organisée, les bombardements ciblés sur des journalistes, des humanitaires, des écoles et des centres de soin et d’autres infrastructures doivent cesser immédiatement. Il faudra probablement une présence internationale sur le terrain dans la durée pour permettre de retrouver la paix. En attendant, une pression maximale sur Israël est nécessaire pour que le droit soit respecté, comme la suspension de l’Accord d’association entre l’UE et Israël et la reconnaissance de l’État palestinien par le plus grand nombre.