Le Seigneur fait pour nous de grandes choses, nous sommes dans la joie !

Au Pérou, nous avons une phrase qui est souvent utilisée en réponse à des situations difficiles, complexes ou stimulantes et qui exprime, d’une certaine manière, une idée qui surprend et donne de l’espoir. Nous disons : « Dieu est péruvien ». Je ne sais pas si la phrase elle-même est l’expression de la religiosité d’un peuple, ou plutôt de l’espérance qui ouvre sur des chemins inattendus à ce que nous vivons.

Le vendredi 8 mai, lorsque le nom du successeur de notre bien-aimé pape François a été annoncé sur le balcon central de la basilique Saint-Pierre, pour les Péruviennes et les Péruviens, ce fut l’annonce d’une porte ouverte sur l’espérance. C’est un évêque péruvien, de notre conférence épiscopale, du diocèse de Chiclayo, au nord de Lima, qui a été choisi. Le pape est péruvien, donc, c’est vrai, « Dieu est péruvien ».

Monseigneur Robert Francis Prévost est né à Chicago, aux Etats-Unis, il y a 69 ans. Il est arrivé au Pérou, dans la prélature de Chulucanas, sur les hauts plateaux de Piura, un territoire sous la responsabilité pastorale des Pères Augustins, et le voilà Pape Léon XIV. Avec un cœur reconnaissant, nous répétons avec le psalmiste : « Le Seigneur a fait pour nous de grandes choses, nous sommes dans la joie ! » (Psaume 126, 3)

Je m’interroge sur le nom choisi, pourquoi Léon XIV, qu’est-ce qui a inspiré ce nom ? Cela rappelle Léon XIII et sa grande encyclique Rerum Novarum de 1891 sur les choses nouvelles de la fin du XIXe siècle, une encyclique fondamentale qui marque le début de ce que l’on appelle la doctrine sociale moderne et qui exprime les préoccupations du pape concernant les conditions de la classe ouvrière et ses droits.

Le nom adopté indique déjà un programme pour Léon XIV, quelles sont les choses nouvelles qui défient l’humanité aujourd’hui, et nous constatons qu’elles sont nombreuses, sérieuses et urgentes. Nous savons que durant son ministère épiscopal à Chiclayo, Mgr Prevost s’est préoccupé de la situation des migrants et de la traite des personnes, des situations qui se sont aggravées dans notre pays et sur la planète.

En 2016, lorsque nous avons organisé un atelier pour tout le nord du pays à Chiclayo afin de célébrer la première année de l’encyclique Laudato Si du pape François, sur le soin de la Terre en tant qu’impératif moral et spirituel pour chaque croyant, il s’est montré très accueillant et proche. L’atelier était intitulé : « Le soin de l’environnement : défis et engagements pour la société et l’Église ». Ce sujet était aussi une préoccupation pour lui. Beaucoup d’entre nous ont vu parmi les photos diffusées sa présence et son accompagnement dans les zones touchées par le cyclone Yaku qui a sévèrement touché de nombreuses régions du Pérou, parmi lesquelles Chiclayo.

C’est un évêque chaleureux, proche des humbles et de tous ceux qui l’ont approché, qui a les pieds sur terre, qui construit toujours des ponts et qui, pour nous, représente l’espoir que l’Amazonie, l’environnement et ses défenseurs auront une voix forte à Rome, afin que les progrès réalisés par François puissent être approfondis.

Maintenant, en tant que chef de l’Église catholique, il nous encourage à relever le défi de la protection des forêts tropicales de la planète. J’ai récemment entendu une interview du cardinal Pedro Barreto qui a déclaré que le pape Léon XIV lui avait confirmé qu’il continuerait à soutenir le travail de la CEAMA (Conférence épiscopale pour l’Amazonie). C’est extrêmement important pour celles et ceux d’entre nous qui travaillons dans le cadre de l’Initiative Interreligieuse pour la Forêt Tropicale, de savoir pouvoir compter sur le soutien du pape à cette grande mission de protection des forêts tropicales et des populations qui y vivent. Cela nous renforce et nous incite à poursuivre notre tâche.

*Laura Vargas Valcarel est l’ancienne secrétaire exécutive de la Commission d’action sociale des évêques péruviens (CEAS), elle est membre de la Commission présidentielle du Ministère de la justice et des droits de l’homme.