L’eau, un Bien Commun
En étudiant certaines prises de parole du Saint-Père sur les dernières années et les contributions du Saint-Siège au Forum Mondial de l’Eau (Dakar, mars 2022) et à la grande Conférence de l’ONU sur l’Eau (New York, mars 2023), l’on peut dégager deux points névralgiques.
Le 1er point est l’accès à l’eau potable. En 2015, Laudato si’ insistait sur le droit humain fondamental et universel d’y accéder, en enchâssant ce droit dans la vision intégrale caractérisant l’encyclique : tendance à traiter l’eau comme une simple marchandise ; dégradation de la qualité ; besoin d’investissements, d’efforts culturels et éducatifs ; liens avec les sujets de la pauvreté, du gaspillage et de l’hygiène. Environ 2 milliards de personnes n’ont pas un accès à l’eau potable adéquat. Elles consomment plus ou moins fréquemment de l’eau qui se trouve loin, ou non potable, ou très chère, ou insuffisante, ou accessible dans des conditions dangereuses. Alors, quand la réalisation universelle de ce droit recevra-t-elle la priorité et les moyens qu’elle mérite ?
Le 2e point concerne la vision de l’eau (pas uniquement l’eau potable) comme ‘un bien commun’. Un bien créé par Dieu, à destination universelle (ce qui inclut les futures générations), à partager entre tous et à gérer en commun (par opposition à un bien que l’on pourrait s’accaparer, ou qui serait géré par les plus puissants et selon leurs intérêts uniquement). Cela interpelle qui réfléchit à la gouvernance hydrique, notamment aux mécanismes participatifs et juridiques régissant l’accès à une source, une rivière, un lac transnational. Cheminer vers une telle vision de l’eau et s’efforcer de la gérer en commun est, indéniablement, une belle contribution à la paix.
L’eau irrigue le message du Pape pour la prochaine Journée de prière pour la création (1er septembre) inspiré par Amos « Que le droit jaillisse comme une source ; la justice, comme un torrent qui ne tarit jamais » et dans lequel se mêlent écologie et justice sociale. C’est le chemin ˗ ou canal ˗ à suivre.
Pour aller plus loin : les Orientations du Dicastère, Aqua fons vitae (2020)