Légitimité

Selon le dictionnaire philosophique : « est légitime ce qui est conforme non seulement aux lois mais aussi à la morale, à la raison ».

Il n’y a pas de pouvoir sans légitimité et, en démocratie, c’est l’élection qui rend légitime. Mais si la légitimité se fonde par le droit, elle fait aussi appel à un principe moral supérieur : ce qui est juste.

Il ne suffit donc pas de poser le principe de la légitimité par le suffrage, il faut aussi s’interroger sur ce qui peut fonder l’adhésion, le respect envers la décision, envers le pouvoir. La légitimité formelle est celle du droit, elle correspond à l’aspect légal d’une organisation politique, mais elle doit composer avec la légitimité sociale qui relie les citoyens sur la base d’une identité collective forte et d’intérêts communs.

Légalité et légitimité sont les deux pôles de la vie politique, et la loi est réputée exprimer la volonté générale. Mais compte tenu de l’abstention croissante au moment des élections, les démocraties font appel aujourd’hui à d’autres formes de participation des citoyens. Cela va de l’affirmation du « pouvoir d’agir des personnes » à la capacité des citoyens à débattre, à élaborer un avis en appui aux prises de décisions ; cela passe aussi par des états généraux, des conférences de citoyens, des comités de quartier, des ateliers, des référendums locaux ou, par exemple, dans l’Église catholique par le processus synodal… Cette co-élaboration répond à une véritable demande, dans le contexte de défiance vis-à-vis de tous les responsables qui caractérise largement notre époque.

Aujourd’hui la légitimité s’impose par le droit, l’élection, la tradition, le statut, la connaissance, l’expertise ou encore la conviction. Cette pluralité de légitimités rend caduque l’idée d’une légitimité une et absolue. Il n’y a donc plus de reconnaissance automatique de la légitimité d’une décision et de ceux qui la prennent, s’il n’y a pas eu écoute, discussion, concertation, négociation et surtout respect de l’autre (ce qui ne signifie pas que celui-ci aura le dernier mot).

Même si l’on sait qu’en dernier ressort la décision doit être prise dans le but de l’intérêt général (lequel est toujours supérieur à la somme des intérêts particuliers), il faut apprendre à voir cohabiter différentes légitimités.