Un acte d’espérance pour l’évangélisation
Dans son Exhortation Apostolique La joie de l’Evangile, le pape François insiste sur la nécessaire dimension sociale de l’évangélisation.
Il écrit : « Les enseignements de l’Église sur les situations contingentes sont sujets à d’importants ou à de nouveaux développements et peuvent être l’objet de discussion, mais nous ne pouvons éviter d’être concrets pour que les grands principes sociaux ne restent pas de simples indications générales qui n’interpellent personne.
Il faut en tirer les conséquences pratiques afin qu’«ils puissent aussi avoir une incidence efficace sur les situations contemporaines complexes»… On ne peut plus affirmer que la religion doit se limiter à la sphère privée et qu’elle existe seulement pour préparer les âmes pour le ciel. »
Le second parcours d’initiation à la pensée sociale veut continuer à stimuler parmi les chrétiens, une appropriation responsable des questions soulevées par les situations complexes de notre société. Ceci, en vue de les éclairer par l’enseignement social de l’Eglise et leur permettre d’assumer leur vie sociale en cohérence avec leur foi au Christ.
Un acte d’espérance
Le second livret voulu par le Conseil « Famille et Société » de la Conférence des évêques de France et réalisé par le Service National qui lui est lié, avec le concours d’experts, relève d’un acte d’espérance au cœur d’une société complexe qui subit une profonde mutation. Il est insuffisant de parler de crise, comme s’il s’agissait d’un mauvais moment à passer dans l’incertitude et l’instabilité, avant de retrouver les eaux calmes d’un environnement social familier.
Nous vivons une mutation profonde qui est un appel pour les chrétiens et une Parole que Dieu nous adresse dans la situation actuelle. Il serait contre-productif, au regard des exigences de notre foi au Christ et de l’évangélisation, de nous réfugier dans une nostalgie stérile ou de nous contenter d’asséner les réponses d‘hier comme des vérités toutes faites, prêtes à l’emploi pour répondre aux questions d’aujourd’hui.
Dans le domaine social, comme en d’autres domaines de la vie des hommes, nous ne pouvons-nous contenter de répéter une doctrine sans nous confronter aux réalités concrètes. Le second livret de « Notre Bien commun » propose de poursuivre la démarche engagée avec le premier.
Il s’offre comme un outil destiné à aider les chrétiens, ainsi que les hommes et les femmes de bonne volonté, à habiter de façon responsable notre société en évolution, dans la fidélité inventive à la tradition sociale de l’Eglise.
« Le tout est supérieur à la partie » (pape François)
C’est l’un des quatre principes d’action évoqués par le pape François dans Evangelii gaudium (n° 234-237). Il vise l’articulation juste entre les dimensions locale et globale des situations et des questions. Le pape encourage à prêter attention à la dimension globale afin de ne pas tomber « dans une mesquinerie quotidienne ».
La globalité est offerte par la tradition sociale de l’Eglise. Cependant, cette approche ne peut jamais perdre de vue le local, c’est-à-dire la dimension particulière et concrète de chaque situation. La pensée sociale se forge précisément dans l’effort d’articulation du local des situations humaines envisagées avec le global de la référence à la tradition médiatisée de l’Evangile dans la Doctrine sociale de l’Eglise.
La démarche ici proposée veut aider à relire de façon critique l’expérience personnelle que nous avons de réalités humaines telles que l’entreprise, l’écologie, l’économie sociale et solidaire, le dialogue, la violence, la laïcité ou encore le dialogue interreligieux. Grâce à l’apport d’experts dans les domaines concernés, il devient possible de resituer notre expérience dans la perspective globale de l’enseignement social de l’Eglise.
Un dialogue pour l’action
Le but de la démarche proposée par le document « Notre Bien commun » n’est pas uniquement de se forger des opinions ou des convictions personnelles, mais d’ouvrir des perspectives pour l’action. Ici encore, la démarche s’inspire de la proposition du pape François dans son encyclique Laudato si’. Devant les dommages causés à notre « maison commune », il dit l’urgence qu’il y a d’agir. Cependant, l’encyclique ne se fait pas prescriptive.
Elle invite au dialogue pour l’action : « Bien que cette observation de la réalité nous montre déjà en soi la nécessité d’un changement de direction, et nous suggère certaines actions, essayons à présent de tracer les grandes lignes de dialogue à même de nous aider à sortir de la spirale d’autodestruction dans laquelle nous nous enfonçons.» (n° 163)
Voilà l’horizon sur lequel ouvre la démarche proposée dans ce document : devenir des invitants pour un dialogue entre chrétiens, mais aussi d’autres personnes de notre entourage. Confrontées aux mêmes situations que nous, elles peuvent trouver un intérêt réel à vivre la démarche suggérée. Proposer des rencontres et des partages autour des questions abordées est une façon de participer activement à l’annonce de l’Evangile.
Il se trouve ainsi contextualisé et permet de manifester son actualité et sa pertinence comme Parole de vie et de salut éclairant les réalités concrètes de l’existence personnelle et sociale. Il appartient à ceux et celles qui utilisent ce livret d’en faire, non seulement un recueil de belles pensées généreuses sur la société, mais un véritable outil pour l’évangélisation au sein d’une société en profonde mutation.