Pour gagner la paix : la non-violence active
« La paix est l’unique et vraie ligne du progrès humain, et non les tensions des nationalismes ambitieux, non les conquêtes violentes, non les répressions créatrices d‘un faux ordre civil », écrivait le pape Paul VI dans son message pour la première Journée mondiale de la paix.
Il précisait, citant son prédécesseur Jean XXIII : « Le mot paix ne signifie pas pacifisme… Il proclame les plus hautes et plus universelles valeurs de la vie : la vérité, la justice, la liberté, l’amour ». Le pape François ouvre ainsi son message pour la 50ème Journée de la paix : « L’actualité de ces paroles est frappante ».
Nous sommes aujourd’hui, dit-il, « aux prises avec une terrible guerre mondiale en morceaux » qui «provoque d’énormes souffrances ». « Mais la violence n’est pas le remède : elle ne peut que déchaîner les représailles et engendrer des spirales de conflits qui profitent à quelques ‘seigneurs de la guerre’. »
Pour sortir de cet engrenage destructeur, le pape appelle l’humanité à faire le choix de la « non-violence active », afin qu’elle devienne « le style caractéristique de nos décisions, de nos relations, de nos actions, de la politique sous toutes ses formes ». La non-violence n’est pas résignation, ni capitulation, devant le mal. Elle est une lutte pacifique : c’est le refus de céder au pouvoir illusoire de la force, et donc répondre au mal par le bien, et briser ainsi la chaine de l’injustice. Ses seules armes sont l’amour, la vérité et la justice.
Le pape fonde cet appel sur le message de Jésus, en particulier les Béatitudes (n.6), et, plus précisément encore, sur son attitude et son action : « Jésus a tracé la voie de la non-violence qu’il a parcourue jusqu’au bout, jusqu’à la croix… » La non-violence exige une force intérieure, un courage, le don de soi qui peut conduire au sacrifice de sa propre vie.
Comme exemples de non-violence active, le pape cite quelques grandes figures, telles Mère Teresa, Martin Luther King, Gandhi, Leymah Gbowee… En effet, « l’engagement en faveur des victimes de l’injustice et de la violence n’est pas un patrimoine exclusif de l’Église catholique, mais est propre à de nombreuses traditions religieuses… Seule la paix est Sainte, pas la guerre ! ».
Si l’on admet avec le pape que « le vrai champ de bataille sur lequel s’affrontent la violence et la paix est le cœur de l’homme », on comprend son insistance pour que la charité et la non-violence guident notre manière de nous traiter les uns les autres dans les relations interpersonnelles, dans les relations sociales et les relations internationales.
D’où l’appel à « parcourir le sentier de la non-violence, en premier lieu à l’intérieur de la famille ». C’est dans la famille que l’on apprend à surmonter frictions et conflits par le dialogue, le respect, la recherche du bien de l’autre, la miséricorde et le pardon. La famille est le socle sur lequel fonder une société de justice et de paix.
D’où l’appel ferme en faveur du désarmement et de l’abolition des armes nucléaires : « Une éthique de fraternité et de coexistence pacifique » ne peut se fonder sur la logique de la peur et la menace de la destruction réciproque. La non-violence, comme méthode politique, c’est tout mettre en oeuvre pour obtenir la résolution des différends par la négociation avant qu’ils ne dégénèrent en conflit armé. Un tel processus est fondé sur la primauté du droit, et il est urgent que l’on reconnaisse la force du droit au lieu du droit de la force. Peut-on encore soutenir l’idée de « guerre juste » ?
D’où encore, l’urgence pour tous – leaders politiques et religieux, responsables des institutions internationales, dirigeants des entreprises et des media – d’exercer leurs responsabilités avec « le style des artisans de paix », de choisir la solidarité pour écrire l’histoire. En choisissant la non-violence comme style de vie, nous devons montrer que « l’unité est vraiment plus puissante et plus féconde que le conflit ».
En annonçant, dans ce même message, la création du nouveau Dicastère pour le Service du Développement humain intégral, le pape François confirme l’engagement de l’Église catholique pour accompagner toute tentative de construction de la paix. L’avenir est dans les mains de ceux qui croient que l’amour est la force de transformer le monde, et qui y conforment leur vie. Il n’y a d’avenir qu’avec la paix !