Dieu de fera pas de miracle, Il nous attend

Un an. J’écris tôt tandis que commence, insolente, une nouvelle magnifique journée d’automne. À Jérusalem, ma vie sera encore sans le moindre danger.

La guerre est totale, elle n’est pas partout. Elle est totale mais elle est asymétrique.

Les destructions infligées à Gaza sont épouvantables et ont fait plus de 40 000 morts. 2,3 millions de Gaziotes vont entrer dans l’hiver sans avoir de toit, vivant dans des décombres ruisselants ou sous des tentes plantées dans un sable gorgé d’eau. Sans nourriture, sans eau salubre, sans savon ni shampoing, sans vêtement, sans autre perspective que de nouveaux bombardements, de nouvelles épidémies, de nouveaux morts.

En Israël, les kibboutz à la frontière de Gaza, attaqués le 7 octobre, commencent à se reconstruire. Là, les vrais dégâts sont dans la stupeur intacte des familles et amis des 1 200 morts du 7 octobre, des otages morts et de ceux toujours captifs.

Le plus grand dommage visible occasionné par les roquettes en provenance du Liban, ce sont les milliers d’hectares incendiés. Le bilan humain, ce sont 48 morts et des dizaines de milliers d’Israéliens déplacés, vivant à l’hôtel depuis un an. Ils sont à bout et demandent à leur gouvernement une guerre avec le Hezbollah.

En Cisjordanie, la situation économique est catastrophique. Pour éviter que le territoire Palestinien ne se révolte, il fait l’objet d’un lourd quadrillage qui l’étrangle. La Cisjordanie ploie sous la botte de l’armée et les exactions des colons.

Mais la guerre finalement n’est ni dans un bilan de vies humaines, ni dans celui des destructions ou des répercussions économiques. La guerre est dans la fabrique de mensonges et de propagandes, de tous les côtés.

Pire, la guerre est dans les cœurs et dans les âmes. Dans l’appétit de victoire, dans les sentiments de revanche, de haine, dans les envies de tuer, d’anéantir, de détruire. La guerre est dans le « Gott mit uns », Dieu avec nous. Ce bilan-là est d’une noirceur insondable.

Il fait nuit en plein soleil. Dans le silence de cet enfer, j’ai appris à entendre les pulsations de cœurs qui refusent les logiques mortifères. Je les écoute, j’en rencontre. D’autres sortiront de leur torpeur. Dieu ne fera pas de miracle, il nous attend. J’ai hâte.