Les sionismes avant 48
Jusqu’à 1914, 1, 6 millions de Juifs fuient les persécutions et quittent l’Europe orientale. 90 % vers les États-Unis et le Canada, 2 % vers la Palestine. Le Premier Congrès sioniste réunit par Herzl à Bâle en 1897 ouvre d’innombrables débats entre partisans d’une intégration aux États existants et tenants de la fondation politique d’un territoire où les Juifs seraient enfin en sécurité.

Soucieux de diriger l’émigration juive de Russie hors du Royaume Uni, le Premier ministre britannique, Arthur Balfour, philosémite biblique et son ministre des Colonies Chamberlain envisagent le nord-est du Sinaï (1902), voire l’Ouganda (1903). Puis en novembre 1917, les dirigeants britanniques et américains chrétiens adoptent la Déclaration Balfour : « le gouvernement envisage favorablement l’établissement d’un foyer national pour le peuple juif en Palestine ». La centralité de Jérusalem est imposée.

En juillet 1922, la SDN approuve le mandat britannique sur la Palestine. Au-delà des acquisitions de terres, seules les aspirations nationales du peuple juif sont reconnues. Les gouvernements étasuniens soutiennent les immigrations juives en Palestine, par fondamentalisme chrétien et pour limiter celles vers les USA.

Afin de faire face aux soulèvements arabes croissants contre l’immigration juive, les Britanniques organisent des milices juives (Haganah : Défense), mais tentent surtout de plafonner l’immigration. Les dirigeants sionistes (Ben Gourion et Benzion Netanyahou) se retournent alors vers les politiciens américains, qui cherchent moins à favoriser un « vote juif », qu’à obtenir celui des sympathisants chrétiens du sionisme. Truman demande à la Grande Bretagne en août 1945 de favoriser l’immigration de 100 000 rescapés du nazisme et en 1946 l’établissement d’un « État juif viable dans une partie convenable de la Palestine ». Londres transfère la question à l’ONU.

La commission de l’ONU recommande (juillet 47) le retrait britannique, l’indépendance de la Palestine et un plan de partage. Dès le vote (29 novembre 47) une guerre civile éclate et à l’approche du retrait britannique, Ben Gourion proclame l’État d’Israël (14 mai 48). Cinq armées arabes sont repoussées et le 1er décembre un Office des Nations Unies de secours et de travaux (UNRWA) est créé, financé pour moitié par les États-Unis.

En 1949, Israël signe des cessez-le-feu avec les États arabes voisins. Israël s’étend désormais sur 78 % de l’ancienne Palestine. C’est la Nakba (la Catastrophe) pour les Palestiniens, dont 700 à 900 000 fuient vers les pays proches.

L’installation 1948-1967
En juillet 1950 une « loi du retour » permet à tout Juif d’effectuer son alya en Israël, et la loi sur « les biens des absents » transfère à des institutions sionistes les propriétés des Arabes absents depuis le partage de l’ONU.
1956. Le canal de Suez que Nasser voulait nationaliser, est contrôlé par les forces britanniques et françaises, tandis que l’armée israélienne s’empare de Gaza et du Sinaï. Mais les USA et l’URSS imposent les retraits. Ben Gourion s’engage dans l’obtention de l’arme nucléaire avec l’aide française.
1967. Nasser bloque le port israélien d’Eilat, et avec la Syrie, la Jordanie et l’Égypte encercle Israël qui passe à l’offensive et s’empare (guerre des 6 jours) de Jérusalem-Est, de la Cisjordanie, de Gaza, du Sinaï égyptien et du Golan syrien. En 1969 les travaillistes se rallient à Golda Meir qui affirme qu’il « n’y a jamais eu de nation palestinienne ».
L’expansion coloniale 1973 (octobre), l’Égypte et la Syrie attaquent Israël (guerre du Kippour) mais un pont aérien (feda) étasunien d’assistance militaire permet d’établir un cessez-le-feu au bénéfice d’Israël et des désengagements progressifs. Les colons, (Bloc de la foi) bien que minoritaires, multiplient les implantations (Naplouse, autour d’Hébron…) et des « faits accomplis » que Rabin accepte.
En 1977 les conservateurs du Likoud arrivent au pouvoir. En mars 1978, le leader palestinien Arafat infiltre des fedayins en Israël auxquels Begin riposte au Liban. Le président Carter organise une rencontre Begin-Sadate, d’où les accords de Camp David qui restent sans effet. À la suite de nouveaux affrontements au Liban, Reagan obtient un cessez le feu (1982), le retrait israélien du Sinaï et le démantèlement d’une colonie en territoire égyptien.
Israël intervient alors contre l’OLP et Arafat au Liban ; ce dernier, assiégé à Beyrouth, est évacué par les États-Unis et la France vers Tunis où il s’installe avec son état-major.
De 1987 à 1993 des soulèvements palestiniens pas ou peu armés (Première Intifada, guerre des pierres) se multiplient, durement réprimés par Shamir, pendant que les colons, passent de 1985 à 1990 de 46 000 à 81 000, notamment du fait de l’immigration de 185 000 Juifs suite à l’éclatement de l’URSS.

Des « accords » d’Oslo à ceux d’Abraham et la progression électorale continue vers la droite.
1993. Le gouvernement Rabin, élu en juin, pousse à des accords entre Israël et l’OLP. À Oslo Arafat reconnaît Israël et Israël une Autorité palestinienne sur les territoires évacués. Les extrémistes juifs s’indignent et Rabin est assassiné le 4 novembre1994. Une vague d’attentats-suicides du Hamas en février-mars 1996 sert les critiques de Netanyahou contre les travaillistes. Le Likoud l’emporte aux élections en mai. Netanyahou, annonce de nouvelles colonies (1997), sabote la mise en œuvre des accords passés et de ceux obtenus par Clinton (Wye Plantation).

En septembre 2000, Sharon « visite » l’esplanade des Mosquées, provoquant la Deuxième Intifada, soulèvement palestinien armé et attentats suicides. Le leader travailliste Barak, malgré son profil de militaire intransigeant, est battu par Sharon en février 2001. Les colons en Cisjordanie (et Gaza) passent de 110 000 en 1993 à 190 000 en 2000. Nouvelles élections triomphales pour Sharon en 2003, tandis que Mahmoud Abbas, premier chef du gouvernement palestinien appelle à la démilitarisation de l’Intifada et à l’arrêt des violences. Sans effet, il démissionne ; les chefs du Hamas sont tués dans des attentats ciblés et les murs de séparation étendus, séparant les maintenant 235 000 colons.

Septembre 2005. Retrait unilatéral de 8 000 colons Israéliens de Gaza, dès lors bombardée en réponse aux périodiques tirs de roquettes. La division entre l’OLP d’Abbas et le Hamas se territorialise et les négociations ne peuvent aboutir : Israël reste intransigeant et l’OLP ne représente plus qu’une partie des Palestiniens. Netanyahou à nouveau vainqueur des élections en 2009 s’allie aux partis ultraorthodoxes et flatte les sionistes chrétiens américains liés au Parti Républicain, plutôt que la majorité juive, démocrate. Malgré sa visite, Benoît XVI en mai 2009 n’obtient pas l’exemption d’expropriation des possessions du Vatican en Terre-Sainte. À chaque élection (2015) la droite et l’extrême droite progressent ; les colons atteignent 540 000 dont 200 000 à Jérusalem-Est que Trump reconnaît comme capitale (2018). En juillet, Netanyahou fait adopter par la Knesset une « loi fondamentale » où Israël devient « État-nation du peuple juif ». Les élections à répétition ne permettent pas la formation d’un gouvernement, mais les colonies passent à 650 000 colons.

Septembre 2020. Israël signe des accords de reconnaissance et de paix dits d’Abraham avec les Émirats Arabes Unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc, la question palestinienne n’est pas abordée. En revanche, en mai 2021 des émeutes « de la dignité » ont lieu à Jérusalem-Est, des affrontements à Gaza et en Cisjordanie, et surtout intercommunautaires en Israël même où une majorité juive considère désormais la coexistence impossible. Aux élections de novembre 2022, le Likoud arrive en tête, et l’alliance des suprémacistes et des ultra-orthodoxes devient le troisième parti, obtenant les ministères de la Défense et de la Sécurité nationale. Mais c’est le projet de réforme de la Justice neutralisant la Cour Suprême et menaçant l’ensemble des juges qui provoque des manifestations énormes contre Netanyahou et son gouvernement dès janvier 2023.

L’hiver des massacres octobre 23/ printemps 24
7 octobre 2023.
 Opération terroriste du Hamas au sud d’Israël. 685 civils israéliens, 373 membres des forces de l’ordre et 71 ressortissants étrangers sont tués et plus de 250 otages enlevés. Les représailles / tentatives de libération des otages / destructions des villes commencent et, en mars 2024, les deux /tiers de la population de Gaza s’entassent au sud de l’enclave, dont la moitié est détruite, les morts se comptant par dizaines de milliers.