Journée mondiale de prière contre la traite des êtres humains
« La traite des personnes est un crime contre l’humanité. Nous devons unir nos forces pour libérer les victimes et arrêter ce crime de plus en plus agressif (…) » ; dès le début de son pontificat, le pape François a exhorté les personnes de bonne volonté à combattre l’esclavage, à prendre en charge les victimes.
Depuis le 8 février 2015, fête de Joséphine Bakhita, esclave soudanaise, libérée, devenue religieuse, a lieu la Journée internationale de prière et d’action contre la traite des personnes.
« Une migration sans traite des êtres humains : Oui à la liberté ! Non à l’esclavage ! ». La journée mondiale du 8 février 2018 se focalise sur la traite des personnes en déplacement : migrants, réfugiés et déplacés. Dans le monde globalisé, crises humanitaires, catastrophes naturelles, conflits, violations des droits de l’homme provoquent d’importants flux migratoires, qui détruisent les structures communautaires et fragilisent les cellules familiales, exposant à tous les dangers les enfants et les plus vulnérables.
Une protection des migrantes insuffisante…
Le trafic des migrants et la traite des personnes sont des réalités différentes, mais interconnectées. Sans ressources, ni documents réguliers, liés souvent par une dette contractée pour le voyage, migrants et réfugiés cherchent des solutions de survie. Leur extrême précarité les rend vulnérables à toute forme d’exploitation.
Trop souvent, les politiques privilégient l’aspect sécuritaire, s’intéressant plus aux trafiquants qu’aux victimes. Les flux migratoires augmentent ; de nombreux pays développent des politiques de migration restrictives augmentant la vulnérabilité des personnes en déplacement et fournissant une protection inadéquate des migrants en général, des mineurs en particulier.
Les familles et les personnes vulnérables, les mineurs, sont la cible des trafiquants d’êtres humains. Promettant travail ou formation, ils vont en fait les exploiter : travail forcé, exploitation sexuelle, mendicité, crimes, trafic d’organes, mariage forcé ou servile.
Le cas des mineurs non accompagnés
Les mineurs non accompagnés ou isolés courent un risque accru, au long de leur voyage, dans des camps surpeuplés et en arrivant en Europe. Beaucoup disparaissent. Certains sont retenus en captivité pour être échangés contre rançon. Les réseaux les plus organisés disposent parfois « d’équipes » dans différents pays. Cela renforce la vulnérabilité des enfants : les liens positifs qu’ils peuvent tisser dans un pays, via les associations notamment, se délitent au fur et à mesure des mouvements.
« Protéger [nos] frères et sœurs [migrants] est un impératif moral à traduire en adoptant des instruments juridiques, internationaux et nationaux, clairs et pertinents […], en mettant en œuvre des programmes opportuns et humanisants dans la lutte contre les trafiquants de chair humaine qui font du profit sur les malheurs d’autrui » a dit le pape François, lors du forum international « Migrations et paix », le 21 février 2017.
En juin 2017, le Secours Catholique, ses partenaires et son réseau international ont présenté au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU des propositions pour lutter contre la traite des enfants : sensibiliser à ces phénomènes « cachés », protéger les enfants à risque, aider les victimes à se reconstruire, établir un statut de victime sans criminalisation des enfants, donner un représentant légal pour chaque enfant, permettre l’accès à des interprètes, développer des formations sur la traite des enfants pour professionnels et bénévoles, ouvrir les politiques d’immigration.
Un document conjoint élaboré
En décembre 2017, à l’occasion de l’Examen Périodique Universel de la France, Justice et Paix – membre du Collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains » coordonné par le Secours Catholique – a contribué à l’élaboration d’un document de positionnement sur la façon dont la France considère les droits de l’homme en matière de traite des êtres humains et sur les mineurs non accompagnés.
Le 11 janvier 2018, une journée de formation pour les Instituts religieux était organisée par Justice et Paix et le Service National Famille et Société de la Conférence des Évêques de France. Elle avait pour thème: « Acteurs en Église contre la traite ». Au programme, deux court-métrages « #Invisibles » et « #Devenir » réalisés par le Collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains » présentaient la traite des enfants en France.
Puis, une table ronde, suivie d’un débat riche, a réuni des associations engagées sur le terrain : le Foyer AFJ géré par les sœurs adoratrices accompagne des femmes victimes de la traite sexuelle ; les Champs de Booz, créé par deux congrégations « Notre Dame de Charité » et « Le Bon Pasteur » et soutenu par une vingtaine d’autres, vient en aide aux femmes seules, demandeuses d’asile, en cours de régularisation et d’insertion, le Réseau RENATE, formé par des religieuses engagées en Europe contre la traite humaine et l’exploitation.
Le 13 février, à 18h, à la Maison des Évêques de France, une soirée grand public organisée par Justice et Paix et « Combattre la traite des êtres humains. Comment ? », aborde, avec le rédacteur en chef de La Croix, cette question « L’indignation médiatique et la mobilisation citoyenne suffiront-elles à combattre la traite des êtres humains ?».