La priorité des priorités, c’est un cessez-le-feu
Propos recueillis par Dominique Quinio, Justice et Paix France
Oxfam (1) a des équipes à Gaza. Tout est urgence, mais, pour vous, quelle est l’urgence des urgences ?
Actuellement ce sont 30 personnes, des Gazaouis, qui y sont à l’œuvre, en partenariat avec d’autres ONG. La priorité des priorités, c’est le cessez-le-feu. Avant les derniers événements, 80 % de la population avait déjà besoin d’aide. Aujourd’hui, la situation est désastreuse sur tous les plans : médical, alimentaire, sanitaire (on compte une douche pour 2 000 personnes, une toilette pour 400 et le système de traitement des eaux ne fonctionne plus). Avec le collectif des ONG engagées sur le terrain, nous disons que se vit là l’une des pires catastrophes humanitaires : la population est en danger de mort.
Peut-on se fier aux chiffres donnés par le Hamas sur le nombre de victimes de l’offensive israélienne (25 000 morts) ?
Il est difficile d’avoir des informations. Mais ces chiffres, d’après nos estimations, semblent fiables et peut-être même sous-estimés, si on ne s’en tient pas aux victimes directes des bombardements, mais aux blessés, aux malades qui n’ont pu être soignés. Vraiment l’urgence, c’est le cessez-le-feu pour que l’aide qui attend d’être acheminée puisse entrer. On a peine à imaginer l’ampleur des besoins : toutes les infrastructures, médicales, scolaires ont été atteintes, de même que l’agriculture.
Au-delà de l’aide humanitaire indispensable, quelle analyse faites-vous de la situation ?
Nous sommes consternés et révoltés par les atteintes aux populations civiles et particulièrement aux enfants, à Gaza comme en Israël. C’est pourquoi, nous condamnons les attaques du 7 octobre dernier et appelons à la libération des otages.
Nous en sommes au temps de la réponse humanitaire. Mais quand des enfants ont vécu de tels traumatismes, on crée un traumatisme collectif durable. Il faut donc agir pour que les populations civiles, israéliennes comme palestiniennes, puissent vivre dans la paix. Les citoyens de tous les pays doivent faire pression sur les gouvernements pour qu’ils exigent un cessez-le-feu. Et ne pas oublier ce qui se passe dans cette région du monde ; cela fait longtemps que Gaza surgit dans l’actualité, il y a un risque de s’habituer, de se résigner. Il faut continuer de soutenir les populations de Gaza.